Pour devenir un sculpteur de canoë, il fallait tout d’abord avoir reçu de l’esprit yeyi-ha’dad, au cours d’une vision, le Su’win, le pouvoir de communiquer avec les arbres. Puis, il fallait entrer en contact avec un esprit auxiliaire qui prenait souvent, dans les rêves, l’aspect du pic vert. Cet oiseau guidait le sculpteur dans son travail et lui assurait le succès. Ce dernier devait aussi respecter un ensemble de rituels, de règles et de gestes. Il devait jeûner, se baigner, ne pas se peigner les cheveux, faire preuve d’abstinence et être pur afin de s’assurer un maximum d’énergie et ne pas contrarier le yeyi-ha’dad et son esprit auxiliaire dont dépendait le bon déroulement de la construction du canoë (Leslie, 1991 : 24-25).
Quelque soit sa forme ou sa fonction, l’arbre est toujours associé à l’esprit yeyi-ha’dad. Par conséquent, comme le rappellent constamment les aînés lors des voyages annuels, il ne faut pas avoir des mots déplacés quand on est dans le canoë. Les sentiments et les pensées doivent être purs. Car de mauvaises pensées pourraient contrarier l’esprit de l’embarcation et la faire chavirer. Il faut également enlever ses chaussures et se laver les pieds 314 avant de prendre place à bord ou mettre pied à terre. Car les esprits du canoë et de la terre sont sacrés et ils ne doivent pas être mélangés (Zahir, 2000 : 28).
L’eau permet de se purifier mentalement, physiquement et spirituellement. Elle a le pouvoir de donner et de prendre la vie et il faut la respecter et l’honorer.