III- La cérémonie de mise à l’eau : une manifestation de l’identité collective

La cérémonie de mise à l’eau de deux canoës traditionnels en cèdre était l’occasion pour le Conseil tribal de mettre à l’honneur la communauté, ses membres, ses représentants et institutions. Elle permettait aussi de montrer aux autres tribus et à certains représentants blancs, professeurs, journalistes présents, leur engagement et leur attachement à leur culture et leur communauté.

Plus qu’un simple événement culturel, cette fête était une expression de ce droit collectif, reconnu par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et le Pacte relatif aux droits économiques, sociaux et culturels , en vertu duquel « tous les peuples, sans distinction aucune, y compris les peuples autochtones déterminer librement leur statut politique et assurer leur développement économique, social et culturel, en disposant librement de leurs richesses et ressources naturelles » (Arenales Forno, 2002 : 51).

Je vais m’attacher dans ce dernier point à ce droit collectif en décrivant les différents moments de ce rituel de mise à l’eau. Car comme nous dit Marie léger, ce droit « ne s’accorde pas, il s’exerce » (2002 : 71). Il y a tout d’abord le grand repas qui rappelle les devoirs et les obligations de l’hôte. Ensuite, arrive la bénédiction des canoës et des sculpteurs, une façon pour la tribu de leur reconnaître officiellement un talent, des qualités et une position au sein de la communauté. Enfin, le moment tant attendu de la mise à l’eau où le canoë retrouve sa fonction de moyen de transport et devient un symbole de l’histoire culturelle de la Côte et de la revitalisation de la culture contemporaine. Plus qu’un mode de transport obsolète, le canoë est une ressource fonctionnellement traditionnelle et structurellement innovative. Il permet de reconnecter les hommes avec leurs ancêtres, leur héritage culturel et leur territoire. Il est aussi un outil de partage et d’échange de savoirs. Il permet de tisser des liens sociaux tribaux et intertribaux et de se penser comme une nation autochtone.