Chapitre 1. Regard philosophique

Dans ce chapitre, nous essayons d’analyser la pensée freirienne à partir d’une approche philosophique, montrant comment son éthique, fondée sur l’inter-relation, sur le dialogue, sur la praxis et sur la libération, valorise la diversité et la singularité humaines.

1.1. L’éthique de l’autre chez Paulo Freire

Avant d’entrer précisément dans l’éthique freirienne, tentons de comprendre les notions d’éthique et de morale qui souvent se confondent. Sémantiquement, éthique et morale possèdent une seule origine, néanmoins le mot morale vient du latin mores qui signifie “moeurs”, alors que celui d’éthique procède du grec ethos en signifiant également “moeurs”. Selon la discipline, on utilise plutôt l’un ou plutôt l’autre : la psychologie, la physique et la médecine font appel au terme “éthique”; le droit, la sociologie et la politique utilisent davantage le terme “morale” 137

Cependant, ce terme s'est imprégné d'une connotation de jugement de valeurs fondé sur la culture judéo-chrétienne. Parler de morale semble se rapporter à des valeurs surannées, sans écho dans l'actualité d'une société “techno-centrée” et consommatrice. Le terme “éthique” a été mis en exergue et utilisé dans le sens de morale de la morale, notamment dans ses applications pragmatiques.

Dans une analyse de la formation de l'identité moderne, le philosophe Charles Taylor nous montre ce qui est implicite aux valeurs morales dans la vie contemporaine. Il distingue trois secteurs de tension dans la culture morale moderne : les sources, la moralité et l'instrumentalisme.

Selon Taylor, le lien originel de recherche de justice et de bien-être universels est celui de la tradition judéo-chrétienne. Partant, l'engagement moderne d'une définition non théiste exige quelque chose qui assume la fonction de la grâce ou en tienne lieu. L'une des réponses est héritière des Lumières 138  : la raison ; l'idée de ce que l'atteinte de la plénitude de la raison, en nous éloignant des superstitions et des liens religieux, sera, en conséquence, un bénéfice pour l'humanité. Une autre émerge de la pensée de Rousseau : l'être humain « naturel » possède une sympathie de type animal ; il se trouble face à la souffrance et se sent poussé à “aider”. Quelle que soit la réponse, le fait est qu'il n'y a pas d'harmonie quant aux sources de la morale, soit encore qu'il existe incertitude et divergence quant à ce qui constitue la morale.

Partant de cette première constatation, Taylor soulève une autre question : ces idéaux de morale sont-ils ou non compatibles avec leur réalisation ? La moralité a-t-elle un coût trop élevé pour sa complétude ? Des idéaux élevés exigent des racines fortes et ne peuvent uniquement se sustenter d'un sentiment d'obligation non accomplie, de culpabilité ou d'autosatisfaction.

‘« La moralité en tant que bienfaisance obligatoire provoque l'auto condamnation de ceux qui ne s'y rendent pas et une dépréciation des élans d'auto réalisation, compris parmi les nombreux obstacles que construit l'égoïsme et contraires à la satisfaction des idéaux […] En effet, la contestation de Nietzsche se fonde sur un profond insight : si la moralité ne prend force que par la négativité, et qu'il ne puisse ainsi exister une bienfaisance renforcée par une affirmation de son destinataire en tant qu'être de valeur, la pitié est donc destructive pour celui qui la ressent et dégradante pour celui qui la reçoit et l'éthique de la bienfaisance ne peut réellement pas être défendue. » 139

Partant, toute moralité fondée sur un rapport à l'autre en tant qu'être ‘de moindre valeur’ est, éthiquement parlant, condamnable.

Il existe encore, pour Taylor, un conflit entre un instrumentalisme, où l'homme devient un simple instrument à finalité individuelle ou collective, et une protestation moderniste défendant une pleine réalisation du sujet. L'auteur souligne le danger d'une société instrumentaliste, dans laquelle un style de vie mercantile, capitaliste et bureaucratique ôte à la vie sa richesse et son sens, ne laissant plus lieu à l'héroïsme, aux propos nobles, à toutes les choses pour lesquelles le sacrifice de soi vaille la peine. En induisant une posture où rien ne reste plus que l'aspiration à un « déplorable confort », la société instrumentaliste fragmente les individus en occultant les significations profondes de la vie dont elle fait l'éloge. 140

Le pluralisme superficiel de la moralité contemporaine est également souligné par Alasdayr MacIntyre dans sa recherche d'idéaux moraux impersonnels et justifiables par le raisonnement. Pour ce philosophe, la moralité contemporaine n'est pas un dialogue organisé entre des points de vue qui se recoupent, mais un mélange non harmonieux de fragments mal assemblés et fondés sur l'émotivisme. 141

La philosophie de Paulo Freire apporte de grandes contributions aux conflits de la moralité moderne en partant de l'homme concret, dans les situations réelles de la vie dans laquelle celui-ci construit son humanité. Défenseur d'un humanisme critique, Freire appelle à «un humanisme qui ne se nourrisse pas des visions d'un homme idéal, en dehors du monde ; d'un profil d'homme construit par l'imagination, pour mieux intentionné que soit celui qui l'imagine. Un humanisme qui, n'ayant pas une vision critique de l'homme concret, lui prétend un devenir, à lui qui, tragiquement, est presque une forme de non-être. Un humanisme qui, refusant tout autant le désespoir que l'optimisme ingénu, et justement pour cela, est nourri d'espoir critique. Et cet espoir critique repose sur une croyance également critique : la croyance de ce que les hommes peuvent faire et refaire les choses, qu'ils peuvent transformer le monde. Croyance de ce que, en faisant et refaisant les choses et en transformant le monde, les hommes peuvent surmonter la situation dans laquelle ils sont un quasiment rien et devenir un étant en quête d'être davantage. » 142

Pour Freire, la recherche du « plus-être» s'oppose à la déshumanisation ou réification de l'homme et, par conséquent, à toute “instrumentalisation” du sujet. Influencé par les idées du personnalisme, il met la personne en valeur, notamment ceux qui vivent une forme quelconque d'oppression, ceux qui vivent l'expérience de la négation de leur être au quotidien.

Freire réaffirme l'impératif kantien dans sa lutte pour la mise en valeur de la personne qui, dans une situation d'oppression, se voit réduite à la condition de « moitié », de « non-être ». Selon Kant : «les personnes sont des fins objectifs et ont une valeur absolue. Tout être humain, considéré comme personne raisonnable et fin en soi appartient, en qualité de membre, au règne des fins comme législateur et sujet. » 143

Les personnes affectées de handicap souffrent historiquement des préjugés de la société et se sentent dévalorisées face aux dits ‘normaux’. Charles Gardou et Alain Kerlan expliquent qu'il existe une tendance naturelle à regarder l'autre à partir de son propre aspect et/ ou de ses déterminations socioculturelles. Une telle posture va toutefois à l'encontre du principe kantien cité ci-dessus. Ainsi que le soulignent les auteurs « la morale comme l’entend Kant, refuse que la relation à l’autre, quel qu’il soit, soit fondée dans le seul sentiment que m‘inspire son état empirique et l’image qu’il me donne ; la compassion et la pitié me font toujours courir le risque d’une réduction insidieuse de l‘autre à l’état de moyen, ne serait ce qu’en ramenant mes actions vers lui à des moyens de soulager le sentiment que j’éprouve à son égard.» 144

Or, Freire ne cesse de dénoncer la “chosification” de l'être humain.. Travaillant avec des personnes analphabètes, il perçoit comme elles se sentent opprimées et dévalorisées face à ceux considérés comme ‘cultes’. Freire appelle au dépassement nécessaire de la violence que représente toute situation dans laquelle il n'y a pas de reconnaissance de l'autre en tant que personne à part entière. Il s'oppose aux attitudes assistantialistes, à l'hypocrisie, au regard empreint de pitié qui infériorise l'autre et lui nie le droit à la dignité :

‘« Les opprimés, tels des objets ou des presque « choses », n'ont aucune finalité. Les leurs, ce sont les finalités que leur prescrivent leurs oppresseurs […] Les oppresseurs faussement généreux ont besoin, afin que leur ‘générosité’ conserve l'opportunité de se réaliser, de la permanence de l'injustice […] La véritable générosité se trouve dans la lutte pour faire disparaître les raisons qui alimentent le faux amour, la fausse charité qui occasionne la main tendue du ‘démissionnaire de la vie’, peureux et vacillant, écrasé et vaincu» 145

L'éthique freirienne, attachée à faire valoir la singularité de l'individu, rejoint la pensée de Emmanuel Levinas qui rompt avec l'éthique du “même” pour inaugurer une éthique de l'altérité, la seule à ses yeux capable d'aboutir à l'humanisme.

Partant de l'expérience de la rencontre humaine, Levinas affirme la singularité irréductible de chaque être, avec sa valeur propre qui anticipe son universalisation culturelle. L'éthique s'établit ainsi dans la relation interpersonnelle qui renvoie au sens profond de l'être humain, précédant, pour sa part, l'ontologie.

Sa philosophie propose des ruptures qui vont de pair avec la pensée freirienne. Il critique la perte de l'“autre”, réduit au “même” lorsque dépouillé de son altérité ; il substitue une subjectivité qui transcende le sujet par une autre, liée au caractère concret de la relation interpersonnelle ; il a recourt à la phénoménologie, en établissant le sens profond de l'humain sur cette relation. Pour tous deux, le “personnel concret” est plus important que le “général abstrait”. 146

Freire, pour sa part, critique la suprématie du “même” en tant qu'assimilation de l'opprimé devant l'oppresseur. Il cherche à restituer à l'opprimé le droit d'être et d'exister à part entière, sans connotation de la part de l'oppresseur. Les standards imposés comme étant “normaux” et communs à tous constituent l'une des formes de domination culturelle. En imposant sa norme comme référence, le groupe dominant fait en sorte que tous ceux qui ne s'y identifient pas soient, d'une forme ou d'une autre, dénigrés et exclus. Le “plus-être” de Freire consiste en l'ouverture d'un espace où chacun puisse exister dans son entièreté et sa singularité, mettant en valeur la diversité.

‘« Le “plus-être” est la vocation ontologique de l'homme et tout ce qui fait obstacle à sa réalisation consiste en une déshumanisation. Pour Freire, « personne ne peut exister, authentiquement, en niant aux autres d'être. C'est une exigence fondamentale. Le “plus-être” que recherche l'individualisme conduit au “plus-avoir” égoïste, une forme de “moins-être”, de déshumanisation ». 147

Levinas invite à un déplacement du “je” vers le “tu”, du “même” vers l'“autre”, sans jamais revenir au “même”. Il déplace l'axe philosophique traditionnel de l'ontologie vers l'éthique. La question n'est plus l'“être” mais la responsabilité pour, et par l'“autre”. Selon lui, l'être humain est empreint d'un sceau d'infinitude et d'ouverture qui marquent la subjectivité du “moi” dans la relation, occasionnant une sorte de schizophrénie ou de traumatisme au sein de l'identité : « Le plus dans le moins lève le voile sur l'identité, maintenant empreinte d'altérité ouverte vers l'infini » 148

La relation entre le “moi” et l'infini définit une ouverture, une transcendance qui dépasse le schéma traditionnel de la relation je/ tu. L'identité inspirée par l'altérité ne se nie, ni ne s'affaiblit dans la pensée de celui qui la pense. Ainsi que le souligne Pergentino, tandis que dans l'identification le “je” est le pôle de référence autour duquel tout se décline, dans l'acceptation de Levinas la référence à l'“autre” se fonde sur l'altérité et le “je” l'accueille. La conscience ne comprend pas l'infini mais cependant l'affirme en l'accueillant. 149

L'éthique de Lévinas prend pour thème le visage en tant qu'apparition de l'autre et inaugure l'humanisme d'un “autre homme”. Ce qui importe n'est pas seulement d'être, mais d'être pour l'autre, d'être pour l'infini. Cette pensée va à l'encontre de l'idée de domination du “même”, de l'“être” et de l'identité, en proposant la bonté pour accueillir l'altérité. « Le mal c'est d'être [...] L'éthique qui se fonde sur l'être, même dans la civilité, prolonge ce jeu, perpétue, sous diverses formes, l'empire de l'égoïsme, aux dépens de l'autre. »  150  

Nous pouvons peut-être tracer un parallèle entre l' « infini » de Levinas et le « plus-être » de Paulo Freire. Bien que la recherche du « plus-être » puisse paraître, au premier abord, une réaffirmation de l' « être », la pensée freirienne, ancrée dans la relation dialogique, souligne l'importance fondamentale de l'altérité. Il s'agit d'un mouvement en direction de l'autre, d'une humanisation fondée sur le respect de l'autre et de sa différence, et de l'exaltation du pouvoir de création qui naît de la véritable relation humaine.

Toutefois, Freire se distingue de Levinas de par son emphase sur l'engagement vers la transformation sociale. Pour lui, ni le « je » ni le « tu » ne sont suffisants, mais bien toute la société.

En partant de l'homme concret, contextualisé dans son univers, Freire défend le dépassement du conflit oppresseur-opprimé dans la relation sujet-sujet et sujet-monde. Il semble ici rejoindre l'éthique de Paul Ricoeur, ancrée sur trois dimensions : “je”, “tu”, “il”.

Selon Ricoeur, avant même la relation d'un sujet à un autre, il existe la relation de ce sujet à lui-même. L'estime de soi est la source première d'une relation de respect. Pour celui-ci, le respect de soi et le respect de l'autre sont liés dans une relation dialectique. Comme le montrent Gardou et Kerlan, Ricoeur réaffirme la pensée kantienne. La morale de Kant montre que chacun rencontre, à sa manière, l'universalité de la loi qui réside en lui-même, permettant ainsi de se tester soi-même et de considérer l'autre digne et respectable. 151

Au centre de cette éthique, on rencontre la sollicitude dans le rapport à l'autre. Une relation mutuelle de respect s'établit lorsque le “je” part à la rencontre du “tu” avec la même intention positive qui prend son origine dans l'estime envers soi-même. Sans nier la possibilité d'une relation négative à même de s'établir, Ricoeur affirme la primauté de la relation positive. La relation négative peut ainsi être vue comme une « dérive » exclue de la dimension éthique.

Nous abordons véritablement l'éthique lorsque, à l'affirmation de la liberté pour soi-même, s'ajoute la volonté d'existence de la liberté de l'autre […] Dans cette optique, au plan de la relation à l'autre au pôle tu de l'éthique, l'autre n'est pas celui qui menace ma liberté en opposant ses volontés et ses intérêts aux miens, mais celui qui, comme moi, dit je, qui m'interpelle en tant que je et que j'interpelle comme un autre moi» 152

La pensée ricoeurienne ici exprimée coïncide avec la vision freirienne des potentialités positives de l'être dans le plein exercice de son humanité. Ce n'est que par la relation de respect mutuel que l'homme s'humanise, et non par la domination : « Je ne suis pas si toi-même n'es pas, et surtout, je ne suis pas si je t'empêche d'être. »  153

Tout comme Ricoeur, Freire part de la prééminence de la relation positive entre un sujet et l'autre, soit un homme « humanisé », comme étant la seule capable de réaliser sa vocation ontologique et historique d'être davantage, ou de “plus-être”. Néanmoins, cela sous-entend les prémices énoncées par Ricoeur : la relation d'estime de soi et de respect de l'autre.

« Dès le commencement même de la lutte pour l'humanisation, pour le dépassement de la contradiction oppresseur-opprimé, il faut qu'ils se convainquent de ce que cette lutte exige d'eux-mêmes. À partir de l'instant où ils l'acceptent, leur responsabilité est totale […] C'est en tant qu'hommes que les opprimés doivent lutter et non en tant que « choses » […] Ils ne peuvent s'engager dans ce combat en tant que « presque choses », pour ensuite devenir des hommes. Cette exigence est fondamentale. Le passage de cet état, dans lequel ils se détruisent, à celui d'hommes, dans lequel ils se reconstruisent, ne se fait pas a posteriori. » 154

Ricoeur appuie son système d'éthique sur un troisième pôle : les institutions. Selon lui, le “bien-vivre” ne se limite pas aux relations interpersonnelles, il s'étend à la vie des institutions. La justice présente des dimensions éthiques qui ne proviennent pas de la sollicitude, mais d'une exigence d'égalité. Cette dernière est à la vie des institutions ce que la sollicitude est aux relations interpersonnelles. 155

Pour le personnalisme, les institutions prolongent l'action humaine. Elles sont un instrument de l'humanisation. Ces idées inspirent la pensée de Freire : la relation inter-humaine, selon lui, se produit dans un monde, dans un contexte déterminé, qui non seulement ne peut être ignoré mais doit, qui plus est, être intrinsèque aux réflexions et aux actions humaines.

Lui, au moyen d'une pédagogie critique, cherche à permettre que chaque sujet se situe dans le monde de manière critique afin de pouvoir y être acteur. Par conséquent, dans le cadre de l'action éducative, l'homme ne peut être considéré de façon abstraite mais, au contraire, sous un prisme contextuel, c'est-à-dire en prenant en considération sa toile de fond culturelle et historique. Au moyen de la praxis, qu'il définit comme étant l'action transformatrice des hommes sur le monde, il embrasse, en somme, les trois pôles de l'éthique selon Ricoeur.

Nous confirmons donc ici les analyses de Gardou et Kerlan en affirmant que si la pensée éthique sur la personne à besoins spécifiques veut franchir le pas de l'intention vers l'action, elle doit, ainsi que le défendent Ricoeur et Freire, rester attentive à cette rencontre patiente et exigeante du je, tu, il 156 Cependant, cette rencontre repose sur le dialogue, pilier essentiel de l'éthique freirienne.

Notes
137.

LOUBAT, (J-R), La promotion de la personne: un engagement éthique pour les établissements médico-sociaux. In La nouvelle revue de l’AIS. Adaptation et intégration scolaires – Éthique, éducation et handicap. N°19. Suresnes : Cnefei. 2002. pp. 53-62

138.

LUMIÈRES, Mouvement de renouveau intellectuel et culturel des Lumières, qui a touché tous les domaines, est connu, en anglais, sous le nom d’Enlightenment, en allemand sous le nom d’ Aufklärung , Illuminismo en italien, ou Ilustración en espagnol. Les Lumières vont de 1715, date de la mort de Louis XIV, à 1789, date de la Révolution française. La figure idéale des Lumières est le philosophe, homme de lettre avec une fonction sociale qui exerce sa raison dans tous les domaines pour guider les consciences, prôner une échelle de valeurs et militer dans les problèmes d’actualité. Sont des représentants des Lumières : Emmanuel Kant, Jean-Jacques Rousseau, Nicolas de Condorcet, John Locke et David Hume. « Les Lumières (philosophie) », disponible sur <http://fr.wikipedia.org/wiki/Lumieres_(philosophie)>

139.

TAYLOR, (Ch). As fontes do self. A construção da identidade moderna. São Paulo : Ed. Loyola, 1997. p.658

140.

Ibid. p. 650

141.

Emotivisme est une école de pensée ou tous les jugements de valeur et plus précisement tous les jugements moraux ne sont que des expressions de préférence, des attitudes et des sentiments, dans la mesure ou ils sont de nature morale ou de valeur, ils ne sont ni vrais ni faux. Alors aucun accord entre des jugements moraux sont assurés par des méthodes rationnelles, puisqu’il n’existe aucune. Cf. OLIVEIRA (M.A.), Correntes fundamentais da ética contemporânea. Petrópolis: Vozes, 2000. p. 35

142.

FREIRE, (P.), Extensão ou comunicação ? São Paulo : Paz e Terra. 1971. pp. 73-74

143.

GARDOU, (CH.) ; KERLAN, (A.), « L’Éthique à l’épreuve du handicap » in La nouvelle revue de l’AIS. Adaptation et intégration scolaires n°19. Suresnes : Éditions du Cnefei, 2002. pp. 7-22

144.

Ibid.

145.

FREIRE, (P.), Pedagogia do oprimido. Rio de Janeiro : Paz e Terra, 1970. pp. 47,31.

146.

PERGENTINO, (S. P.), « Ética da Alteridade » in OLIVEIRA, (M.A.) (org.). Correntes fundamentais da ética contemporânea. Petrópolis : Vozes. 2000. pp. 79-97

147.

FREIRE, (P.), 1970. Op.cit. p.75

148.

PERGENTINO, (S.P.), « Ética da Alteridade » in OLIVEIRA, (M.A.)(org.).Correntes fundamentais da ética contemporânea. Petrópolis : Vozes. 2000. pp. 79-97

149.

Ibid.

150.

Ibid.

151.

GARDOU, (Ch.); KERLAN, (A.). Op.cit.

152.

Ibid.

153.

FREIRE, (P.), Pedagogia da esperança. Rio de Janeiro : Paz e Terra, 1992. p. 100

154.

FREIRE, (P.), Pedagogia do oprimido. Rio de Janeiro : Paz e Terra, 1970. p. 55

155.

MONGIN, (O.), As fronteiras da filosofia. Lisboa : Instituto Piaget, 1996. pp. 169-170

156.

GARDOU, (CH.); KERLAN, (A.), Op.cit.