3.1 Valorisation de la diversité et respect de la singularité

Deux questions (questions 3 et 4) se référant au premier fondement de l’inclusion : “Valoriser la diversité humaine en affirmant le droit de chaque enfant à être reconnu et respecté dans sa singularité”, ont été posées.

A la question 3 (Comment définissez-vous personnellement la “déficience” ou le “besoin éducatif spécialisé”?) les groupes 1, 2, 3 et 4 ont répondu comme l’illustrent les tableaux ci-dessous.

Seuls 3 des 14 professeurs interrogés ne semblent pas valider le contenu de ce thème, ce qui revient à dire, que 11 des professeurs interrogés sur les notions de déficience ou de “besoin éducatif spécifique”, placent la diversité au centre de leurs définitions.

Bien que les réponses du groupe 1 valident le thème dans une proportion plus grande que celles du groupe 2, cette différence ne nous apparaît pas significative.

L’intérêt est ici de savoir si les professeurs considèrent la personne à BES comme quelqu’un de différent ou s’ils l’appréhendent comme une personne ayant besoin d’aide, ayant des difficultés, étant donc par définition en désavantage par rapport aux personnes dites “normales”.

La totalité des réponses du groupe 3 valorisent, par les définitions données, la diversité. Les réponses ne valorisent pas seulement la diversité mais soulignent également l’importance de l’engagement de la société et de l’école à s’adapter aux différences. Nous percevons cela clairement, par exemple, dans la réponse de Sec3, lorsque celle-ci affirme: “Tous les enfants sont spéciaux et toutes les écoles devraient être spéciales” ²⁷³ .

Le groupe 3 se différencie des autres, car la totalité des réponses données invalident le thème. Nous avons ici 3 personnes issues du monde médical qui ne semblent pas partager la vision du cercle pédagogique. Nous percevons que leurs définitions ne contiennent pas les mots “différent” ou “diversité”, mais définissent la personne à BES comme quelqu’un ayant besoin d’aide et ayant des fonctions et capacités réduites.

La réponse de Ex2: “ Pour moi, les BES sont des besoins d’ordre physique, émotionnel et intellectuel, associés ou non, qui interfèrent dans le développement et l’adaptation de l’être humain à son environnement.” ²⁷⁴ . L’interviewé pense qu’il collabore, par sa présence, à “l’ajustement” ou à l’adaptation de cette personne à l’environnement. L’inverse n’est pas évoqué.

Malgré les réponses données par ce dernier groupe, nous pouvons conclure que la grande majorité des définitions données par les interviewés (17 sur 23) valorise la différence. Ces derniers portent un regard plus valorisant sur les enfants à BES, un regard en accord avec le mouvement inclusif.

Les groupes 1, 2 et 3 ont répondu à la question 4 (Pensez-vous que “l’école populaire”prend en considération la diversité des élèves? Pourquoi? De quelle manière?)

Les deux groupes d’enseignants ont, par la majorité de leurs réponses (10 sur 13), validé le thème. Pour eux, l’école populaire prend en considération la diversité des élèves car, comme l’affirme PC1: “ Les problèmes et besoins des élèves sont une priorité” ²⁷⁵ L’enseignante PEC1 déclare : “Il existe un travail de valorisation du sujet. Il n’est pas seulement question de savoir scolaire, pédagogique. Nous prenons en compte plusieurs choses. Par exemple, ils s’organisent par rapport à leur hygiène personnelle. Par rapport au fait de manger tout seuls. D’aller et rentrer seuls de l’école. L’autonomie (...) Nous prenons en considération ce qu’il a acquis au fur et à mesure.”

Certaines réponses, comme celles de l’enseignante PS2 montrent qu’il existe, de fait, une diversification pédagogique qui cherche à proportionner l’accès au savoir pour tous:

‘« Je pense qu’elle est prise en considération ; le matin, par exemple, je travaille avec un groupe de 12 enfants. Mais chaque enfant possède une déficience différente à celles autres. Cela constitue des difficultés d’apprentissage. Et chaque déficience est différente d’une autre. Mais nous organisons des activités diversifiées, des ateliers d’apprentissage et d’autres activités, en plus de les diriger vers le CAPP, où il y a des orthophonistes, des psychologues(...) Par exemple, je mets un enfant qui sait déjà lire et écrire avec un qui ne sait pas. Il va écrire une phrase, un texte, et l’autre va seulement dessiner, faire des tentatives, mais tout compte. »’

Nous pouvons noter dans cette déclaration de PS2, que, tout en étant enseignante de classes régulières, cette dernière considère la diversité des modes d’apprentissage de ses élèves et prend en compte tout progrés effectif et non pas uniquement les progrès des “meilleurs élèves”.

Les différents discours laissent entrevoir l’effectivité de l’engagement des enseignants aux côtés d’une pédagogie diversifiée et valorisante pour tous ses élèves. Regardons les réponses du groupe ci-dessous:

A l’exception d’un interviewé, tous ont affirmé que l’école populaire prend en considération la diversité des élèves. Sec2 déclare : “L’école populaire que nous construisons dans notre ville a cette finalité. Nous savons que chaque élève apprend d’une manière différente, dans des laps de temps différents. Lorsque nous organisons l’école à partir des principes des cycles de formation, nous avons en perspective le développement humain (...) Lorsque nous organisons les travaux à partir des besoins des différents sujets, nous proportionnons, par les travaux collectifs, par les travaux individuels, une organisation des activités diversifiées dans la salle de classe pour les différents niveaux d’apprentissage. Le rassemblement des élèves en groupes, dans des groupes avec lesquels ils ont le plus d’affinité, les ateliers pédagogiques avec des travaux qui se basent sur les différents besoins, (...) Lorsqu’on se donne pour défi de construire l’inclusion dans l’école populaire, il y a des principes qui organisent cette pratique”.

Toutes les réponses du groupe 3 vont dans le même sens et indiquent que l’école populaire s’accorde avec les principes de l’école inclusive pour ce qui est de la diversification pédagogique.

Les réponses aux deux questions se référant au premier fondement confirment le fait que les écoles étudiées valorisent la diversité et respectent la singularité de chaque élève.