1-1- Orientations théoriques :

1-1-1- La linguistique textuelle :

Pour l’analyse que nous envisageons de mener, nous avons été inspirée par les modèles respectifs de Jean-Michel Adam 13 et de Michel Charolles. En effet, la linguistique textuelle joue un rôle primordial dans notre façon d’appréhender le texte. Cette linguistique se définit par l’intérêt qu’elle porte au texte comme étant un tout sémantique, une intégralité se composant, certes, de plusieurs parties et sous-parties mais qui s’unissent entre elles pour véhiculer un seul et même sens et atteindre un seul et même objectif. L’intérêt est alors porté vers l’union de ces différentes parties et les relations qu’elles peuvent entretenir entre elles plutôt que vers un élément textuel unique et indépendant.

L’unité du produit écrit est, alors, placée au devant de ses différents éléments qui le constituent. L’analyse textuelle ne se cantonne plus à l’étude de la phrase en tant que telle et en tant que structure autonome, mais transcende tout cela pour une étude de la phrase comme étant un élément textuel entretenant des relations d’interdépendances avec d’autres éléments du texte et faisant - ainsi - prévaloir l’ensemble du texte sur les structures autonomes qui le composent. Le texte ne se présente pas comme une suite linéaire et arbitraire de phrases mais comme un tout significatif, cohésif et cohérent dont le plus petit constituant véhicule du sens et remplit une fonction, faisant avancer le produit écrit vers une finalité précise. C’est une linéarité progressive dont les éléments se définissent par rapport aux liens qu’ils entretiennent entre eux afin de faire progresser le texte vers l’objectif escompté et de former, alors, un ensemble textuel uniforme.  « …un texte. C’est manifestement une totalité où chaque élément entretient avec les autres des relations d’interdépendances…chaque segment textuel compris contribuant à l’intelligibilité de celui qui suit… » (H. Weinrich 1974 : 174) 14 .

Le modèle de J-M. Adam, que nous envisageons d’utiliser comme moyen d’analyse de nos documents, se distingue de celui de M. Charolles et des quatre plans d’organisation textuelle que ce dernier préconise. Adam insuffle un vent de renouveau à la théorie de Charolles en faisant basculer ses plans d’organisation textuelle de quatre à six.

Dans la recherche que nous avons effectuée dans le cadre de notre DEA où nous avons axé notre étude sur la capacité de rédaction des étudiants en première année d’enseignement supérieur, nous avons également eu recours à ce même cadre théorique et nous avons alors constaté que tous les plans présentés par Adam ne pouvaient être applicables à notre corpus. Dans l’étude que nous effectuons dans le présent corpus, nous nous sommes également rendue compte de l’inadaptabilité de ces mêmes plans aux textes analysés.

Ainsi, nous éliminons de notre plan d’analyse la notion de période en raison de son inadéquation à nos textes et qui est définie par Albalat, cité par Adam dans son livre (1990), comme suit : «c’est la proportion des membres de phrases entre eux qui fait l'équilibre et l'harmonie d'une période. Il faut que les incidentes ou les propositions principales soient entre elles à peu prés d'une longueur égale et que la phrase finisse en sonorité étendue». Ces critères, dont il est fait mention, ne correspondent pas à notre corpus qui présente souvent des anomalies ou des particularités textuelles telles qu’elles influent sur l’organisation syntaxique des produits et qu’elles empêchent – de ce fait – tout « équilibre ou harmonie » au sein d’un texte, du moins tel que cela a été présenté par Albalat.

Notes
13.

Adam, J.M (1990) : Eléments de linguistique textuelle: théorie et pratique de l’analyse textuelle, Mardaga

14.

dans Adam, J.M (1990) : Eléments de linguistique textuelle: théorie et pratique de l’analyse textuelle, Mardaga