Catégorie C 16  :

Les deux groupes occupant des places privilégiées à savoir le groupe 2 B et le groupe 6 A, et ce parmi les seize groupes enregistrés, présentent des textes analogues à certains niveaux. Ce sont des ressemblances qui ont contribué à leur faire attribuer des rangs élevés dans le classement (précédemment cité et qui sera notre objet d’analyse dans une partie successive) en opposition à d’autres textes qui ne présentaient pas les mêmes éléments textuels favorables à une évaluation positive. Néanmoins, chacun de ces deux textes arbore également des caractéristiques particulières qui marquent son appartenance à la catégorie C tout en témoignant de sa spécificité.

Un regard panoramique sur les deux textes nous permet de constater l’attention et l’importance accordées à l’organisation de la présentation. Cela est notable à première vue. Nous ne pouvons occulter le soin dont font montre les deux groupes afin de préparer le lecteur potentiel à recevoir l’information véhiculée par leur texte.

En outre, nous constatons que le groupe 2B a recours à deux couleurs différentes pour écrire ou plus exactement une couleur est utilisée pour rédiger alors qu’une autre est utilisée pour marquer et la ponctuation et la lettre ou le mot qui enclenche une étape particulière du texte (que ce soit l’introduction, le développement ou la conclusion) et nous renvoyons alors aux phrases (1), (3) et (16) dudit texte. Ceci dénote l’importance que revêtent la ponctuation et l’utilisation de la majuscule pour ces étudiants qui respectent ces phénomènes microstructuraux. Ce respect leur vaut de présenter un texte clair et bien réparti dans le sens où une mauvaise manipulation de la ponctuation ou bien son oubli total aurait pu engendrer une confusion syntaxique au sein du texte influant ainsi sur son intelligibilité.

Le texte de leurs acolytes répond lui aussi à des critères similaires puisqu’il affiche une vision claire du texte facilitant ainsi sa lecture : les espaces entre les différentes parties sont bien mis en évidence afin de donner à première vue un aperçu positif au lecteur potentiel. Leur utilisation de la ponctuation et de la majuscule est moins rigoureuse et précise vers la fin du produit écrit mais il n’empêche qu’ils la respectent maintes fois dans le texte en plus de leur respect – et ceci est valable également pour le groupe 2 B – de l’alinéa au début de chaque paragraphe permettant une vision plus nette de la disposition globale du texte.

Ces remarques peuvent certes être considérées comme superflues, mais c’est certainement loin d’être le cas puisque l’intérêt porté à ce genre de détail acquiert toute son importance lorsque nous nous intéressons également d’aussi près aux productions fournies par les autres groupes. Ces derniers, sinon tous du moins la majorité, présentent des textes où des éléments phatiques tels que la majuscule et la ponctuation – jusque-là considérés comme des détails élémentaires de tout produit écrit – sont quasi absents voire inexistants, sinon utilisés d’une manière assez arbitraires.

En passant d’un regard panoramique vers un regard plus ciblé, nous décelons l’utilisation, par le groupe 2 B, de phrases simples, courtes, coordonnées par des articulateurs logiques. Ceux-ci sont pour la plupart utilisés à bon escient (en effet, de plus, en outre, certes…mais) et la lisibilité du texte est optimale. En effet, les co-scripteurs optent pour une « simplicité phrastique » puisqu’ils n’allongent pas leurs phrases outre mesure. Cela est peut-être dû à un sentiment d’insécurité vis-à-vis du prolongement des phrases qui les pousse à jouer la carte de la sécurité en segmentant leurs propos pour ne pas commettre d’erreurs syntaxiques. C’est un moyen d’éviter la sanction et il est – soit dit en passant – recommandé par certains enseignants notamment en prévention d’erreurs éventuelles qui pourraient advenir en raison de l’utilisation de phrases longues. Toutefois, nous pouvons également attribuer ce type de comportement à une résolution de leur part de suivre ce procédé plutôt qu’un autre dans le but de faire parvenir au lecteur l’information voulue sans pour autant allonger les phrases à outrance mais plutôt en inscrivant des termes éloquents qui traduisent, au sein de phrases concises, les idées qu’ils veulent transmettre. Nous pourrons avoir des réponses à nos interrogations en nous intéressant au corpus oral de ce groupe qui nous renseignera certainement sur les choix effectués par les scripteurs dans leur exécution de cette tâche.

Le groupe 6 A, quant à lui, présente des phrases de morphologie différente certes, mais qui ne sont pas pour autant ambigües ou syntaxiquement difformes. Ce que nous pouvons dire – à ce stade de l’analyse – c’est que les phrases du groupe 6 A sont plus longues que pour le groupe 2 B mais sans démesure c’est-à-dire que l’allongement des phrases ne vient pas alourdir celles-ci et les charger d’éléments textuels superflus. Au contraire, leurs phrases sont construites de telle façon à donner une rythmique particulière au texte peut-être dans l’intention d’aller vers un objectif précis. Ceci est un point que nous traiterons, plus en aval, dans notre analyse des textes dans leurs spécificités.

D’autre part, nous remarquons que les deux textes affichent plusieurs éléments textuels permettant de rendre compte des liens existant entre les différents constituants du texte qui s’allient pour former un tout cohésif et cohérent. Ces éléments conjugués les uns aux autres contribuent à l’établissement d’une progression au sein du produit écrit que nous voyons émerger d’un point précis, suivre un certain cheminement choisi par les scripteurs pour aboutir à un objectif déterminé. C’est le dispositif linguistique sélectionné et mis en place par les apprenants qui tend à procurer au texte une identité particulière.

Les groupes précités présentent des similitudes et ce sur plusieurs aspects. Nous remarquons, dans un premier temps, qu’ils ont tous les deux recours aux connecteurs dans leur texte respectif mais qu’ils ne les utilisent pas à outrance. Ce qui révèle un choix étudié des moyens d’articulation au sein du produit écrit et une volonté de la part des scripteurs de ne pas faire de leur texte un amas arbitraire et superflu d’articulateurs logiques.

Le texte du groupe 2 renferme plusieurs parenthésages :

-« On pense que la jeunesse tunisienne d’aujourd’hui est belle et bien différente de celle d’autrefois. C’est le contexte social qui en témoigne. En effet , d’énormes problèmes touchent les adolescents citons-en la délinquence. »

- « Entre les jeunes, la coopération gagne d’ampleur. Ainsi , l’esprit d’entre-aide entre les étudiants témoigne de la compréhension. En outre , les problèmes sociaux particulièrement le chômage favorise une prise de conscience de la jeunesse Tunisienne. »

-«  Ainsi , ce regard est pessimiste mais n’est pas pour autant aussi pessimiste qu’on pense dans la mesure où la jeunesse Tunisienne porte en elle l’avenir de le société. De plus , une évolution est notable au niveau culturel. »

Ce binôme réunit ces différentes propositions par des articulateurs logiques afin de montrer que tout au long du texte, une idée ou une phrase appelle l’autre et que chaque segment est étroitement lié à celui qui le précède et à celui qui lui succède. Les phrases ne se succèdent pas anarchiquement ou arbitrairement mais suivent une logique textuelle et sémantico-pragmatique particulière qui est prouvée par la manière dont les assemblages phrastiques se font et par le choix des connecteurs.

Le groupe 6 n’en utilise que deux dans tout le texte :

-« Les jeunes sont très importants […]. Ils sont à l’egard d’une double éducation : celle de la famille et celle de leur entourage. Cependant la société renferme des jeunes qui ont bien pris de bon sens…. »

-« Cette heriarchi, va engendrer un desaccord entre les jeunes eux-mêmes, et une hétérogenéité des comportements. En effet , la jeunesse tunisienne souffre d’une conception contradictoire à propos de l’occident. »

Ce dernier n’utilise qu’un concessif et un causatif pour ponctuer son discours à des moments précis mais il ne manque pas, au sein du texte, d’assurer les liaisons entre les phrases et de ce fait de permettre un enchaînement logique des idées en faisant appel à d’autres phénomènes d’articulation. Les phrases forment alors des chaînes garantissant la connexion de différents éléments textuels à travers l’utilisation de :

-l’anaphore démonstrative et ce dans des phrases telles que :

-« Certains sont cultivés, ils mènent une vie scolaire, d’autres, n’ont pas terminé leurs études, et sont allés chercher le travail, et une autre jeunesse qui a préferé l’oisiveté et la flanerie dans les rues. Cette heriarchie , va engendrer un desaccord entre les jeunes eux-mêmes et une hétérogeneité des comportements. »

- « tel est le cas des jeunes qui s’habillent selon la mode, qui fument et qui boivent sans conscience. Ces derniers nuisent à leurs santés, leur religion et leur existence. »

L’anaphore démonstrative aide les scripteurs à avancer dans le discours qu’ils présentent en facilitant l’enchaînement des différents segments phrastiques. Dans le premier extrait, le terme « hiérarchie » associé au pronom démonstratif « cette » englobe l’ensemble de l’idée exprimée dans la phrase précédente en amenant par la suite un nouveau prédicat au texte. Dans le second extrait, « ces derniers » reprend également l’ensemble de la phrase qui précède constituée de trois segments sous forme de propositions subordonnées relatives associées au groupe nominal « des jeunes ». Les scripteurs cherchent – ainsi – à éviter une répétition lourde d’une phrase à une autre tout en travaillant à réaliser une jonction entre elles qui leur permet de faire progresser le texte vers l’optique escompté en ayant recours, en l’occurrence à ce phénomène de co-référence grâce auquel les scripteurs établissent un renvoi vers l’idée pré-inscrite tout en y adjoignant une nouvelle information dont l’objectif est de faire évoluer le discours écrit.

Le groupe 2 B en a également usité mais en plus grand nombre et nous en citons quelques exemples tels que :

-« De même que le conflit entre les générations. Ceci provoque la marginalisation des jeunes. »

-« Certes la jeunesse tunisienne mène une vie plus ou moins non chalante mais la réalité des problèmes sociaux la pousse à prendre l’avenir de la société en main. Cela dit est-elle capable de contribuer à l’amélioration de la société Tunisienne ? »

-« Ainsi, ce regard pessimiste n’est pas pour autant aussi pessimiste qu’on pense… » .

Dans le dernier exemple précité, l’anaphore démonstrative reprend toute la thèse présentée et fait ainsi référence au regard négatif que les scripteurs affichent vis-à-vis des jeunes dans leur première partie du texte.

Ce sont des moyens de « liage » qui consolident les relations entre les différents éléments du texte et font en sorte qu’ils donnent au produit écrit une suite aussi bien syntaxique, linéaire que conceptuelle et participent, alors, à la progression thématique du texte.

L’anaphore pronominale vient s’ajouter à ce phénomène de liage tel un outil textuel aidant à préserver les liaisons interphrastiques et les relations d’interdépendance qui existent entre elles. En effet, le recours à l’utilisation des pronoms dans les deux textes garantit la connexité des phrases et la cohésion du texte. Prenons quelques exemples choisis parmi d’autres au sein des deux textes décrits :

-Groupe 2 B :

-« Quant aux étudiants, ils sont confrontés à des problèmes d’ordre économique, ce qui les amène à vouloir se libérer des conditions la accablantes. Leur frustration est extériorisée d’une manière négative. »

-« Leur frustration est extériorisée d’une manière négative. Ce qui le prouve c’est basesse du niveau intellectuel. »

-Groupe 6 A :

-«  Les jeunes sont très importants dans chaque société. Ils forment son présent et son futur. Ils sont à l’egard d’une double éducation. »

-« Certains se rattachent à leurs nations : Ils respectent les mœurs, les coutûmes et les traditions et s’efforcent à les perpétrer en les développant. »

Toutes ces utilisations anaphoriques de la part des scripteurs leur font éviter d’avoir recours à des répétitions rebattues. Ils préfèrent user de substitutions diverses (pronoms, adjectif démonstratif + substantif) afin d’assurer la continuité textuelle tout en évitant de faire appel aux mêmes tournures qu’elles soient au niveau de la phrase entière ou d’une partie de la phrase.

Notes
16.

Catégorie C : nous considérons comme appartenant à cette catégorie le groupe d’étudiants dont la production collaborative fait partie de celles évaluées comme les plus satisfaisantes.