1-5-Analyse macrostructurelle des textes sélectionnés :

Notre objectif de recherche est d’articuler deux niveaux d’analyse, le niveau microstructurel et le niveau macrostructurel. De ce fait, notre étude ne se cantonnera pas à une grammaire de phrase prenant cette unité comme se suffisant à elle-même, mais portera le regard sur une grammaire de texte qui s’intéressera au texte dans sa globalité comme un ensemble de phrases interdépendantes qui interagissent les unes sur les autres et agissent les unes avec les autres sur le discours et donc sur sa finalité.

Nous ne pouvons, en effet, restreindre l’analyse linguistique que nous allons adopter dans notre travail à une étude phrastique. Notre regard doit englober le texte dans sa totalité. Nous ne nous intéresserons donc pas seulement à l’unité minimale qu’est la phrase mais nous nous étendrons à observer l’unité maximale qu’est le texte. Le sens est alors perçu comme la résultante des connexions existantes entre les différentes phrases et leur degré de cohésion ainsi que la cohérence qui s’en dégage. La phrase est considérée comme une étape première de l’analyse mais certainement pas une étape exclusive ou exhaustive. L’unité s’efface pour laisser place à un ensemble d’unités qui entretiennent des relations d’interdépendance entre elles et ce sont ces alliances qui créent le sens.

Ce n’est pas la phrase qui fait sens mais l’ensemble à laquelle elle appartient. C’est un tout composé de plusieurs phrases entretenant des relations d’interdépendance entre elles et visant à accomplir un macro-acte bien défini qui produit du sens.

Les différentes opérations rédactionnelles se construisent autour d’une finalité précise, laquelle détermine le déroulement et l’orientation de ces mêmes opérations.

Ce qui est notable à travers l’observation des différents textes élaborés par les étudiants c’est l’hétérogénéité des démarches suivies dans la construction formelle des textes et l’agencement des paragraphes. Chaque binôme adopte une approche textuelle distinctive, mais ce qui réunit tous ces binômes c’est une seule et même intention à savoir réussir – à travers un cheminement spécifique – à aboutir à la réalisation d’un but précis : convaincre un lecteur potentiel du point de vue présenté et, pourquoi pas, le faire adhérer à cette opinion.

Tout le texte se construit en vue d’une optique pragmatique déterminée. Il se présente comme une situation de communication entre un émetteur représenté par les co-scripteurs et un récepteur qu’est le lecteur potentiel. Cette condition duale attribuée au texte est tributaire de son aspect argumentatif. Les scripteurs ont pour « mission » de traiter un sujet défini : «  Que pensez-vous des jeunes dans la société tunisienne d’aujourd’hui ? ». Ils sont amenés à présenter leur point de vue en argumentant selon la finalité à laquelle ils veulent aboutir. Cela implique, donc, l’existence d’un récepteur vers lequel ils orientent leur texte et font en sorte de choisir les arguments les plus persuasifs afin de le convaincre autant que faire se peut. Le texte n’est plus, de ce fait, considéré comme un simple assemblage de propositions dans un but uniquement esthétique et formel, mais tend à fonctionner comme un discours émis par une personne vers une seconde personne dans un but précis. Le texte est envisagé tel un élément fonctionnel. La dimension pragmatique du texte se définit, alors, dans la réalisation de plusieurs actes de discours énoncés tout au long du texte dont la finalité est d’agir sur l’autre qu’est le lecteur.

Ces trois niveaux textuels (microstrurel, superstructurel et macrostructurel) se rejoignent pour contribuer à la construction d’un texte cohésif dont les éléments constitutifs sont organisés de manière à servir la progression thématique du produit écrit.