2-2-2-1- La rature :

Les ratures que nous retrouvons quelquefois sur certaines copies d’étudiants (dans le plan, le brouillon ou le texte définitif) sont révélatrices des retours que les scripteurs peuvent effectuer sur leurs productions. Ces ratures peuvent ne concerner qu’une lettre, qu’un mot comme elles peuvent concerner tout un ensemble de mots. Tout dépend, à ce moment-là des rectifications que les scripteurs envisagent de faire. Ces ratures sont pour nous, observateurs que nous sommes de ces productions, une source d’informations assez importante. En nous y intéressant, nous essayons de comprendre le cheminement intellectuel suivi par chaque binôme dans cet exercice de rédaction et les choix qu’il effectue. Raturer est pour le scripteur un moyen de se débarrasser d’un terme ou d’une idée gênante, mal énoncée ou mal située dans le texte pour la remplacer alors qu’elle devient pour nous un moyen de savoir, de connaître les différentes étapes par lesquelles est passé le texte et les diverses transformations qu’il a subi pour aboutir enfin au résultat final. Aussi insignifiantes qu’elles puissent paraître pour les scripteurs, les ratures ne manquent pourtant pas d’intérêt pour nous. Au contraire, c’est grâce à elles que souvent certaines zones d’ombre, concernant les choix des étudiants, s’éclaircissent.

Parmi les procédés de modification que nous avons précédemment présentés, la modification par suppression et la modification par remplacement sont les deux procédés qui déclenchent le plus souvent le raturage. Les raisons de ces biffures sont parfois justifiées par les étudiants et nous en saurons davantage dans la partie consacrée au corpus oral, mais certains étudiants peuvent également les passer sous silence et libre cours alors à nos spéculations les plus hasardeuses. C’est d’ailleurs ce que nous faisons lors de nos observations du corpus écrit et ce avant toute analyse et comparaison avec le corpus oral. Nous avons choisi de montrer les extraits suivants afin de les utiliser comme illustrations de nos propos tenus auparavant.

Nous considérons que la rature est une activité métalinguistique et nous souscrivons ainsi aux propos de Catherine Fuchs qui la juge pareillement. En effet, raturer c’est agir sur le discours en le supprimant ou en le modifiant. Les scripteurs, en évaluant le discours écrit que ce soit positivement ou négativement sont en train de réfléchir sur ce discours et sur la meilleure manière de le transmettre et de transmettre leurs idées au lecteur potentiel. Leur réflexion sur un discours déjà produit et les transformations qui y découlent relèvent – de ce fait – de l’activité métalinguistique.