2-3-Rapport quantité/qualité :

L’évaluation positive ou négative des textes est basée sur des critères aussi bien syntaxiques, sémantiques que pragmatiques. Le critère de la longueur n’est pas vraiment pris en compte dans l’évaluation du produit. Les textes que nous présentent les étudiants observés sont hétéroclites. Chaque texte véhicule un mode de faire spécifique à ses scripteurs qui organisent le texte suivant une pensée particulière et un objectif qu’ils tentent d’atteindre en fin de production. Ils ont chacun une façon d’aborder le texte et de le configurer. Nous ne jugeons pas de la qualité d’un produit à travers le nombre de phrases écrites ou la longueur des paragraphes et donc du texte lui-même. Nous accordons certainement et inéluctablement plus d’importance à la manière dont ces phrases sont écrites et dont ces paragraphes sont structurés. Nous attachons sûrement de l’importance à la forme du produit mais non pas à sa longueur. En effet, la forme est aussi importante que le contenu du texte. Ces deux « facettes » du texte s’associent pour donner naissance à un produit bien élaboré et ce tous azimuts comme elles peuvent se léser mutuellement en s’influençant l’une l’autre négativement. C’est le savoir-faire du scripteur qui engendre ou, au contraire, évite ce genre de problèmes.

C’est donc la qualité du produit qui l’emporte sur sa quantité. Les étudiants sont amenés à rédiger un essai et certains binômes présentent des écrits plus longs que d’autres mais parfois pas plus riches du point argumentatif, ou mieux organisés. C’est pourquoi, nous orientons notre regard vers des points de comparaison et d’évaluation qui sont susceptibles de nous renseigner sur la valeur exacte de chaque texte : éviter la répétition, avoir du vocabulaire et l’utiliser à bon escient dans le texte, faire le moins d’erreurs possibles permettent entre autres de statuer sur la « bonne » qualité d’un texte. Ce sont des objets d’analyse auxquels nous avons essayé de nous intéresser précédemment et auxquels nous nous intéresserons, ainsi qu’à tant d’autres, tout au long de notre analyse.

C’est la mobilisation des connaissances des étudiants et ce à tous les niveaux textuels qui sous-tendent la réalisation d’un produit de « bonne » qualité.

Ce qui est primordial à noter c’est que notre évaluation des textes aussi étudiée soit-elle, ne peut pourtant pas être considérée comme définitive car elle demeure personnelle. C’est pourquoi, nous avons eu recours, afin de pouvoir classer 22 les différents groupes observés, à l’aide d’autres évaluateurs. Ces derniers sont des étudiants en maîtrise de FLE (français langue étrangère) de l’Université Lumière Lyon II qui ont bien voulu se prêter à cet exercice que nous leur avons proposé. Notre objectif était de réunir un nombre d’évaluateurs encore plus élevé, mais le fait est que nous avons essuyé plusieurs refus qui nous obligent à nous contenter de ceux qui sont en notre possession. Nous nous sommes retrouvés, donc, avec cinq évaluations auxquelles nous ajoutons la nôtre qui est citée dans le tableau en tant que la sixième évaluation. Toutefois, nous tenons à signaler que les évaluateurs – comme nous les avons surnommés – se partagent en cinq groupes mais que chaque groupe est formé de deux ou trois étudiants. Ce qui augmente nettement le nombre d’évaluations réalisées en réalité. Ces étudiants en FLE se concertent entre eux pour évaluer les textes et leur attribuer des notes et ce en se basant sur des critères bien particuliers à savoir : le niveau de langue auquel les scripteurs ont recours et leur maîtrise des différents outils linguistiques, la façon dont ils organisent leur texte, le choix des idées qu’ils mobilisent et leur capacité à assurer la progression thématique au sein du produit en présentant une argumentation cohérente et finalisée.

Ainsi, ces étudiants / évaluateurs, à qui nous avons présenté les textes définitifs des différents groupes en leur demandant de les ordonner du meilleur texte au moins bon, nous ont alors permis d’établir un classement de ces différents produits écrits et de là pouvoir estimer les compétences scripturales des étudiants concernés. Ceci est présenté dans le tableau et le graphique suivants que nous avons utilisés afin d’illustrer nos propos antérieurs.

Notes
22.

C’est ce classement-ci auquel nous faisons référence au début de cette recherche et qui nous a permis de dégager les groupes 2 B et 6 A comme appartenant à la catégorie A précédemment définie et les groupes 4 A et 4 B comme appartenant à la catégorie B.