2-4-Conclusion :

A travers l’analyse effectuée des textes écrits, nous aboutissons à certaines conclusions qui sont loin d’être définitives vu que nous n’avons pas encore abordé l’analyse du corpus oral, mais qui peuvent cependant présenter déjà quelques réponses à nos diverses interrogations.

Dans la production de textes écrits, plusieurs éléments entrent en ligne de compte. Ce n’est pas un élément qui prévaut sur l’autre. Ce sont plusieurs éléments qui conjugués les uns aux autres forment un tout textuel. C’est cette corrélation entre eux qui fait l’unité d’un texte : aux compétences linguistiques (maîtrise des règles grammaticales entre autres choses) s’ajoutent les compétences discursives (choix des propos) et procédurales (méthodologie à suivre dans l’organisation du produit écrit). Ces différents composants sont interdépendants et l’absence de l’un d’eux peut porter atteinte à l’harmonisation générale du texte.

Ce que nous pouvons constater, d’ores et déjà, c’est que les phénomènes textuels sont plus faciles à intérioriser que tout ce qui est morphologique. En effet, nous identifions chez la majorité des étudiants une intériorisation au niveau macrostructurel qui s’oppose à une existence de problèmes et de déficits au niveau microstructurel. C’est ce que nous notons grâce à l’observation et à la description des textes des étudiants. La majorité de ces textes sont configurés de telle sorte qu’ils s’orientent vers un macro-acte spécifique. L’intention discursive des scripteurs est généralement identifiée dès le début du texte. Cependant, ce qui semble constituer une difficulté par rapport aux scripteurs c’est ce qui compose le texte intérieurement. Tout ce qui relève de l’orientation du texte et de son organisation générale paraît automatisé. Ce qui corrobore nos propos c’est la façon avec laquelle sont présentés les plans. Ceux-ci suivent une hiérarchie conceptuelle spécifique à chaque binôme, mais témoignent tous d’une disposition finalisée des idées et des arguments.

D’autre part, le travail des étudiants se limite, par moments, à la reprise d’un plan standard et à la reproduction d’un schéma argumentatif qu’ils ont intériorisé au fil des années. Ces remarques seront confirmées ou infirmées après notre étude des verbalisations des étudiants.

« Les enseignants utilisent un langage abscon pour la plupart des étudiants tout en restant indifférents aux difficultés rencontrées plus particulièrement par les étudiants de classes défavorisées. Les étudiants, de leur côté, pour se conformer au modèle dominant, montrent une aisance apparente qui dissimule un manque de compréhension. » (Françoise Fave-Bonnet & Nicole Clerc dans Entrer, étudier, réussir à l’université). Ce genre de situation est vraisemblablement de plus de plus fréquent au sein du milieu scolaire où les classes se caractérisent par une hétérogénéité manifeste et accrue entre les étudiants. Ces disparités se présentent tel un handicap à la réussite scolaire car hormis le fait qu’elles soient sociales, elles se reflètent aussi dans les différences que nous notons au niveau du rapport que chaque étudiant entretient avec la langue française, son investissement personnel vis-à-vis de la discipline étudiée et les représentations qu’il se fait d’elle. Tous ces facteurs sont prédicteurs du rendement de l’apprenant. Nous ne pouvons pas nier que la situation décrite en amont est loin d’être rare. Les étudiants en difficulté ne le montrent généralement pas. Ils tentent d’occulter leurs incapacités et trompent souvent l’enseignant en prétendant tout assimiler. Le rôle de l’enseignant est alors de repérer ce genre de comportements (à travers les copies d’examens ou la façon dont l’apprenant manipule l’outil linguistique en classe) en essayant également d’organiser avec ses étudiants des stratégies d’apprentissage qui auront pour objectif de les aider à s’approprier le savoir dispensé et à pouvoir utiliser ledit savoir par la suite à bon escient.

Certes les apprenants partagent un savoir commun mais ils affichent des comportements scripturaux différents. Certains rencontrent des difficultés face à l’écrit (qu’elles soient d’ordre syntaxique, morphologique ou même organisationnel) alors que d’autres font montre d’une certaine aisance (absence d’erreurs d’orthographe, utilisation correcte et cohérente des articulateurs logiques, une bonne organisation textuelle). Chaque scripteur appréhende l’acte d’écriture d’une manière qui lui est propre.

Les étudiants sont des individus différents, appartenant à des environnements différents, présentant des compétences et des performances différentes, faisant face à des problèmes linguistiques qui sont liés à leurs déficiences personnelles, mais se trouvant, néanmoins, confrontés aux mêmes enseignements, se retrouvant par là même victimes d’un système scolaire qui prend rarement en compte les particularités individuelles de ces apprenants en mettant sur le même pied d’égalité des capacités inégales.

Dès lors, il est important de signaler la place que prend l’élément socio-culturel dans la prise en compte des différences interindividuelles. En effet, l’environnement dans lequel évolue l’apprenant influe sur son comportement au sein de la société et agit négativement ou positivement sur son rapport à la langue.