5-Relation oral/écrit

Certains scripteurs reproduisent à l’écrit des mécanismes ou procédés faisant partie de l’oral (ellipse de certains termes ou articles, omission d’une partie de la négation…). Le même registre de langue est parfois même utilisé à l’écrit et à l’oral. Les étudiants auraient donc du mal à différencier les deux codes langagiers et ce qu’ils impliquent comme moyens d’expressions.

« …la compétence scripturale ne saurait être acquise s’il n’y a pas prise de conscience de la différence entre l’oral et l’écrit. En effet, considérer ces deux ordres de communication comme étant différents pourrait être une compétence. ». Nous souscrivons aux propos de Jean-Pascal Simon dans la mesure où certains étudiants ne semblent effectivement pas prendre conscience de la différence existant entre les deux codes langagiers à savoir l’oral et l’écrit et les spécificités de chacun. En ne prenant pas en considération l’opposition entre oral et écrit, ils sont amenés à présenter une production scripturale insatisfaisante en ayant recours à des tournures phrastiques et à un lexique qui s’identifieraient plus à un parlé spontané qu’à un écrit normé. Il faudrait une conscientisation des actes de la part des apprenants et ce pour une meilleure amélioration de leurs performances scripturales car pour la plupart d’entre eux, nous assistons souvent à des actions automatisées qui sont loin d’être réfléchies.

Rares sont les étudiants qui prennent en compte les différences existant entre l’oral et l’écrit et qui font en sorte de ne pas les confondre : ex :

E-161-pourquoi tout ce qui touche aux ? tout ce qui touche les études commerciales et pourquoi tout ce qui touche ? ça c’est du langage parlé après on peut pas le le on va être obligé de supprimer pour l’écrit

Et c’est encore notable à travers l’exemple suivant :

E-302-poussées pourquoi poussées j’aime pas ce terme en tout cas pas à l’écrit non l’important c’est qu’en ayant des objectifs on peut surmonter moi je ne pense pas qu’il s’agit des études poussées enfin en tout cas le terme poussées n’est pas approprié à l’écrit hein

A travers ces deux exemples, nous constatons qu’il y a, parfois chez certains scripteurs, une prise en compte de l’importance de différencier entre oral et écrit. Dans le premier exemple cité supra, l’un des étudiants annonce qu’il faut se débarrasser d’un terme auquel son camarade a eu recours parce que comme il le dit : « on va être obligé de supprimer pour l’écrit ». Cette réaction montre assez bien la conscience qu’ont certains étudiants de la nécessité d’éviter un amalgame entre le français parlé et le français écrit. Toutefois, cette distinction n’existe pas chez tous les étudiants qui auraient tendance à mêler les deux codes sans pour autant s’en rendre compte.

Ces deux situations d’énonciation se côtoient tout au long de la rédaction conversationnelle « imposée » aux étudiants. En effet, la verbalisation des scripteurs de leurs différents actes scripturaux les incite à allier sans cesse l’oral et l’écrit. Cette situation pourrait être responsable des écarts souvent produits au niveau de l’écrit : la présence des abréviations, l’utilisation d’un français familier (le mot « fric » par exemple) ou le recours à quelques tournures phrastiques spécifiques au code de l’oral.

Dans le cadre de notre recherche, nous avons choisi d’associer ces deux modalités linguistiques, que sont l’oral et l’écrit, à notre travail heuristique. L’oral se présente tel un système autonome, mais il est également au service de l’écrit. C’est ainsi que nous abordons la partie suivante de notre recherche, en associant les verbalisations orales des étudiants à leur production écrite afin de pouvoir observer la manière dont ils gèrent le passage de l’argumentation orale à celle écrite.