Conclusion partielle :

Dans les quatre discours argumentatifs que nous avons présentés, d’une manière plus ou moins succincte, nous voulions surtout montrer des approches argumentatives différentes d’un même sujet. Bien qu’ils partagent les mêmes connaissances dans le domaine de l’argumentation - et nous notons cela dans leur application de certaines techniques inhérentes au texte argumentatif - ces binômes ne présentent pas des textes de la même qualité. Nous décelons la spécificité de chaque binôme à travers la façon avec laquelle il présente son produit argumentatif. Chacun fait montre, en effet, d’une approche particulière de son texte bien qu’ils partagent bon nombre de similitudes argumentatives. De plus, bien que nous retrouvions parfois le même schéma argumentatif dans la plupart des textes des étudiants, chaque binôme envisage son discours d’une façon qui lui est propre. Chaque texte suit, de ce fait, une progression préétablie par ses scripteurs et converge vers une finalité qu’ils auraient entrevue dès le début de leur rédaction et ils se seraient appliqués à réunir tous les éléments textuels nécessaires à sa réalisation.

Nous sommes, en outre, en présence de textes assez disproportionnés. Certains étudiants se contentent de recourir à des phrases simples alors que d’autres utilisent des phrases complexes, plus ou moins longues, sans pour autant en maîtriser la construction.

De surcroît, nous remarquons que concernant le recours aux connecteurs, les scripteurs affichent des comportements divers. Nous assistons, alors, soit à un emploi excessif de ces articulateurs logiques, soit à une absence de variation dans leur utilisation. Ces deux attitudes ne peuvent qu’influer négativement sur les produits écrits et surtout sur la logique argumentative que ces textes doivent adopter, particulièrement si ces connecteurs sont utilisés d’une manière erronée.

Sur un autre plan, Mohamed Miled (1998b) estime que « ni la capacité à analyser une phrase, à connaître les termes d’un champ lexical ou à énoncer une règle, ni non plus la capacité à manipuler des structures morpho-syntaxiques ou lexicales cloisonnées ne peuvent, à elles seules, garantir la production d’un texte cohérent ». Il est vrai qu’il est important d’attacher une attention particulière à la créativité que manifestent certains scripteurs à travers leurs textes et les idées qu’ils y énoncent. L’écrit est surtout un moment où on laisse libre cours à son imagination et un moyen de se démarquer par le choix des idées à y faire intervenir. Les différents binômes enregistrés ont présenté des idées assez pertinentes bien que pas toujours suffisamment développées et explicitées. Il est indéniable, d’un autre côté, que la qualité d’un texte qui regorge d’idées intéressantes est susceptible d’être altérée s’il présente en même temps des dysfonctionnements au niveau morpho-syntaxique, stylistique ou autres. Le regard évaluateur d’un lecteur potentiel porté sur ledit texte sera ipso facto influencé par ces déficiences et tout le côté créatif attribué au produit écrit se résorbera avec la profusion des insuffisances qu’il peut véhiculer. C’est ce que nous remarquons à travers le texte produit par le groupe 4 A.

Les étudiants sont conscients de l’importance du travail scriptural que nous leur demandons d’effectuer. A travers leur production écrite, qui se présente notamment ici sous la forme d’un texte argumentatif, ils sont amenés à manifester plusieurs de leurs compétences scripturales. C’est pourquoi, ils tentent de faire de leur mieux afin de répondre aux exigences du travail qui leur incombe. Pour ce faire, les différents binômes adoptent plusieurs stratégies argumentatives, essayent de bien structurer leur texte et de choisir les connecteurs leur permettant de souligner l’organisation qu’ils envisagent à leur produit écrit.

Les étudiants s’exposent, parfois, à des difficultés scripturales ou organisationnelles à un certain niveau de production qui les font changer de stratégie et prendre des décisions peut-être différentes de celles prises au début de la production. Leurs choix sont susceptibles d’être modifiés au fur et à mesure qu’ils progressent dans la rédaction et ce en vue des problèmes qu’ils peuvent rencontrer. Ils essayent, alors, de les contrer en ne perdant pas de vue leur objectif initial. Ils sont continuellement en train d’affiner leur stratégie, de remanier leur texte, de choisir les termes ad hoc. Tant que le point final n’est pas inscrit, le texte dans sa globalité est susceptible d’être modifié.

Nonobstant cette application dont font montre ces scripteurs, il est à noter que les compétences de ces derniers demeurent assez différentes. Ces disparités rédactionnelles influencent le rendement des étudiants. Présenter une pléthore d’arguments aussi intéressants soient-ils ne préfigure en rien de la qualité générale du produit écrit vu qu’il existe d’autres paramètres qui doivent être pris en compte lors de l’évaluation d’un texte, et ce bien que la créativité du scripteur soit très importante à prendre en considération. En effet, nous jugeons de la qualité d’un texte argumentatif à partir de sa pertinence, de la cohésion/cohérence de ses arguments, de la progression que suivent les idées qui y sont présentées en fonction d’une finalité spécifique, de la structuration générale du produit écrit, mais également de la langue utilisée qui va influer négativement ou positivement sur l’évaluation dudit texte.

Pour réussir une production écrite, force est de constater qu’il est indispensable que de nombreux paramètres soient réunis.