2-1- L’hétérogénéité des compétences :

Les compétences linguistiques divergent d’un étudiant à un autre. En choisissant d’analyser le travail de plusieurs cohortes, nous nous sommes retrouvées effectivement face à plusieurs individus qui entretiennent des rapports différents avec la langue française bien que faisant partie de la même institution, ayant suivi le même cursus et ayant reçu les mêmes enseignements. Cette hétérogénéité est analysable en terme de performances des uns et des autres lors de la tâche de rédaction qui leur est proposé. Ainsi, les apprenants se retrouvent confrontés au même problème à résoudre et ils doivent mettre à profit leurs compétences et les enseignements qui leur ont été prodigués en déployant leur savoir-faire.

Il est vrai que n’avons cessé de remarquer l’hétérogénéité des apprenants mais cette hétérogénéité ne réside pas uniquement au niveau social. Elle s’étend également, ou faudrait-il peut-être dire conséquemment, au niveau scolaire puisque notre appartenance à tel ou tel environnement familial ou social influe inéluctablement sur notre manière d’appréhender le monde, d’agir sur lui et par là même « d’apprivoiser » la langue, de s’en servir comme moyen de communication en ayant recours à ses propres compétences qui donneront naissance – par la suite – à des performances tout aussi personnelles.

Des variations interindividuelles sont à noter et ce au niveau des compétences linguistiques déployées, des habiletés langagières dont ils font preuve mais également au niveau des difficultés qu’ils rencontrent lors de la réalisation de la tâche. L’évaluation des compétences au sein du milieu scolaire passe avant tout par une évaluation des capacités scripturales de l’apprenant. La rédaction est alors considérée comme l’outil majeur susceptible de rendre compte des habiletés qui varient d’un individu à un autre.

Les différences de stratégies entre les différents binômes existent, mais elles peuvent même s’observer au sein d’un même binôme ; ce qui entraîne des discussions entre les deux étudiants et des négociations multiples qui confrontent les deux propositions.

Par ailleurs, le niveau phonologique a des répercussions sur l’écrit. C’est une source potentielle d’erreurs. En effet, la prononciation correcte ou pas d’un terme par un étudiant influe positivement ou négativement sur sa graphie. Ainsi,bien que les étudiants tiennent à utiliser un certain vocabulaire dans leur texte, certains d’entre eux montrent que leur connaissance de certains mots se limite à une connaissance auditive et non pas graphique puisqu’ils peinent à transcrire le ou les terme(s) choisi(s) d’une façon correcte au moment de leur passage à la mise en texte. Nous allons faire part de quelques exemples tirés de textes de différents groupes :

G 4 A : dymographique, matriel, machevalique, fonctionneurs, dispotisme, excominier

G 4 B : matriel

G 2 A : précidentes, dilinquence, précidemment

G 3 A : détirminé, reflitent,decherure

G 6 A : heriarchi, perincipes

Ces termes extraits de divers textes montrent bien que les erreurs se situent au niveau de l’utilisation des voyelles. La prononciation erronée de celles-ci entraîne les scripteurs à inscrire les mots d’une façon incorrecte au sein du texte final. L’oral influence, ainsi, fortement l’écrit. Les erreurs phonologiques qui peuvent passer inaperçues au cours des interactions verbales deviennent flagrantes au sein de l’écrit où les termes sont transcris avec une graphie telle, qu’ils sont la reproduction exacte de la prononciation effectuée par les interlocuteurs.