Les eaux souterraines disputées entre Israël et les Palestiniens

Un enjeu majeur : les aquifères de Cisjordanie et de Gaza

La Cisjordanie occupée (Judée au sud, Samarie au nord) est une région de collines (l'altitude peut atteindre 1 000 m). C'est une région arrosée : de 500 mm jusqu'à 700 mm. La structure géologique est constituée d'une couche de calcaire épaisse de 600 m. surmontant des roches imperméables. L'aquifère se situe dans les couches calcaires. Son aire de recharge est, pour l'essentiel, en territoire palestinien le long des pentes supérieures et des crêtes de la chaîne à plus de 500 m. d'altitude. La nappe phréatique est à une profondeur de 200 à 400 m. En raison de sa structure anticlinale, la nappe est drainée dans plusieurs directions. On distingue trois zones dans cet aquifère : (carte 18)

L'aquifère occidental s'écoule en Israël, sa capacité est de 350 millions de m3/an. On estime qu'il est alimenté à 70% par des pluies qui tombent en Cisjordanie occupée. Ce sont les premiers colons juifs qui ont commencé à l'exploiter de façon intensive à partir de 1930 pour irriguer les orangeraies en creusant des puits ou en captant des sources dans la partie aval. Aujourd'hui, l'aquifère (Yarkon-Tanimin) est drainé par des centaines de puits situés en deçà de la «ligne verte» c'est à dire à l'intérieur des frontières d'Israël qui exploite ainsi la quasi totalité de la ressource : 330 millions de m3, 20 seulement revenant aux Palestiniens.

L'aquifère nord-oriental qui part des environs de Naplouse s'écoule vers la vallée de Jezreel. Son débit normal est estimé à 130 millions de m3. Il est alimenté en totalité par les précipitations tombant en territoire occupé. Certains puits et sources sont depuis toujours utilisés par les Palestiniens habitant les villages de la région. Les premiers colons juifs se sont aussi servis de cette eau avant la création d'Israël en 1948. Actuellement, les Israéliens exploitent une grande partie de l'aquifère (110 millions de m3/an).

L'aquifère oriental a un débit potentiel de 200 millions de m3/an dont près de la moitié en eau saumâtre. Il est en totalité alimenté par les pluies de Cisjordanie et s'écoule vers le Jourdain. Son eau est utilisée depuis toujours par les agriculteurs palestiniens. Plus récemment, dans les Territoires occupés, les Israéliens ont creusé des puits de grande profondeur ce qui, parfois, a eu pour conséquence de réduire le débit des puits ou des sources traditionnellement utilisés par les Palestiniens. Les Israéliens pompent 40 millions de m3/an dans cet aquifère, les Palestiniens 80, le reste est inutilisé car bien souvent les eaux sont trop salées.

18 - L’aquifère cisjordanien
18 - L’aquifère cisjordanien

L'aquifère côtier n'a pas l'ampleur de celui de la Cisjordanie. La plaine côtière est formée de sables et de grès qui surmontent des marnes et des craies imperméables. Du Mont Carmel à Gaza gît une nappe phréatique (300 millions de m3), exploitée par 1600 puits, à une profondeur de 20 à 50 mètres. La partie de la nappe qui s'étend sur le territoire de Gaza a une capacité de 60 millions de m3 mais elle est surexploitée depuis des années à hauteur de 120 à 130 millions de m3 dont la moitié est destinée aux colonies agricoles israéliennes.