I/ Les collectifs Alerte et CPE , interfaces des pouvoirs publics 

Comment les collectifs Alerte et CPE sont-ils devenus aux yeux des gouvernements d’Alain Juppé et de Lionel Jospin et du Parlement, des acteurs incontournables du processus de construction de la loi ? Pour comprendre et justifier le statut de partenaires pertinents et légitimes que les pouvoirs publics confèrent à ces groupes de cause, nous nous sommes d’abord interrogé sur le positionnement traditionnel des collectifs et des groupes qui incarnent la défense de la cause des plus démunis (A) dans la mesure où ces acteurs sociaux exercent la double fonction de groupes de cause et de groupes de pression. Les actes de pression des groupes de cause ont été facilités par la décision des gouvernements d’instituer durant le processus d’élaboration de la loi des « interlocuteurs » ministériels, c’est-à-dire des conseillers « exclusions », dont la mission est de faciliter et de renforcer le dialogue avec les leaders des groupes de cause (B). Dans chaque ministère existait un conseiller « exclusion » responsable du projet de loi au sein du cabinet ministériel.