C / La mobilisation et l’action collectives « non conventionnelles » comme accès à l’espace public ?

Les groupes de cause réunis au sein du collectif CPE ne bénéficient pas du même privilège d’attention et d’écoute de la part des représentants des pouvoirs publics que les groupes de défense de la cause des plus démunis du collectif Alerte. L’insuffisance de « reconnaissance » des groupes de cause radicaux aurait-elle conduit les responsables de défense de la cause des chômeurs, des sans abris et des mal logés à porter leurs revendications dans « la rue » ? Comment, face aux groupes de cause, membres du collectif Alerte et traditionnels interlocuteurs des pouvoirs publics,les organisations radicales entendent-elles construire leur identité sociale et politique et ainsi accéder au statut de médiateurs sociaux ?

Malgré cette inégalité de considération des pouvoirs publics, tous les groupes de cause restent quand même unis sur la cause qu’ils portent et défendent auprès des décideurs politiques. Mais contrairement aux organisations réformistes, c’est-à-dire celles qui composent le collectif Alerte, les organisations radicales semblent poursuivre un double objectif : éveiller l’opinion publique et se faire reconnaître ou admettre par les décideurs politiques comme groupes de cause (1). Mais par delà cet objectif d’existence « politique », elles tentent aussi de construire leur identité d’acteurs sociaux. Le type d’action choisi se situe alors à la limite de la légalité et la médiatisation de celle-ci constitue le mode opératoire qu’ils ont choisi depuis le début des années 1990. En effet, les groupes radicaux de défense de la cause des plus démunis affectionnent particulièrement les opérations d’occupation d’édifices publics et privés symboliques (2).