Entretiens avec parlementaires

Entretien avec Véronique Neiertz, députée, rapporteur du rapport sur le surendettement

 

  • 1/ Pouvez vous d’abord vous présentez à nous ? 

Je suis d'abord Féministe, et en tant que telle, j'ai participé à tous les combats du Mouvements des Femmes des années 1970, contraception, IVG, à travail égal salaire égal, droit au travail, égalité des droits, luttes contre les violences faites aux femmes.

Je suis devenue membre du PS en 1972, d'abord pour faire passer dans ce parti les revendications des femmes, ensuite pour les mettre en pratique à tous les niveaux de la responsabilité politique que j'ai atteints.

Voir l'ensemble de mes mandats d'élue et de mes fonctions ministérielles dans le Who's who.

  • 2/ Etes-vous été membre ou sympathisant d’une association de solidarité ? Si oui laquelle ?

J'ai vécu l'histoire de l'amendement Coluche, et suis depuis le début membre actif des Restos du Coeur, notamment en Seine Saint Denis, département dont j'ai été député de 1981 à 2002.

  • 3/ Considérez-vous comme un acteur politique qui s’est engagé dans le combat pour le respect de la dignité de l’Etre Humain ?

Oui. Féministe, Tiers Mondiste, Anti-apartheid, droits de l'enfant, lutte contre les violences faites aux femmes (y compris l'excision) comme aux hommes, méres de la place de Mai (Argentine), acceuil des Chiliens en France après la mort de Salvador Allende, lutte contre le racisme et l'anti-sémitisme, surendettement, harcèlement sexuel et moral, lutte contre les commandos anti-IVG, c'est un long combat qui ne se termine jamais...

Sur l'interaction associations-pouvoirs publics et/ou décideurs politiques.

  • 4/ Comment aviez-vous élaboré les dispositions concernant le surendettement au sein de La commission spéciale chargée d’examiner le projet de loi d’orientation relatif à la lutte contre les exclusions ? Aviez-vous auditionné les personnes surendettées et /ou les associations de solidarité ? Comment concrètement se passaient les réunions ?

En ce qui concerne le surendettement, la loi fondatrice de 1989 et les réformes qui ont suivi, notamment dans la loi sur l'exclusion, j'ai été constammen t en concertation avec les associations de consommateurs. La CGT, la CFDT, et FO y sont directement représentées, ainsi que la FEN 'Education Nationale), par leur propre association (Indecosa CGT, Asseco CFDT, FO Conso, Adeic FEN) comme membre du Conseil National de la Consommation où se rencontrent plus de 20 associations de consommateurs et les représentants des professionnels. Ce Conseil est présidé par le Ministre de la Consommation, donc par moi lorsque j'ai rempli cette fonction de 1986 à 1993.

  • 5/ Pensez vous que la loi relative à la lutte contre les exclusions constitue une avancée sociale ?

Oui.

  • 6/ Aviez-vous à négocier avec les associations de défense de la cause des plus démunis

3. Non. J'ai tenu au contraire à avoir des contacts réguliers avec elles. Je me considérais. comme élue locale, comme député, puis comme ministre, comme leur relais naturel et leur interlocuteur privilégié. Les problèmes d'exclusion en Seine Saint Denis sont tels que nous nous considérions comme partenaires éprouvant l'absolue nécessité de s'épauler pour venir à bout des situations difficiles qu'aucun d'entre nous, isolément, n'aurait pu résoudre.

  • 7/ Aviez-vous subi des pressions de ces associations ?

Oui.

  • 8/ A votre avis, les actions coups de poings des groupes radicaux ne révèlent-ils pas le manque de démocratie ?

Les actions coup de poing ont lieu quand rien de ce qui a été tenté auparavant n'a abouti à un résultat. C'est bien souvent l'action du désespoir, encouragée par notre société médiatique. La liberté de la presse est un des piliers de la démocratie : elle secoue l'inertie et l'indifférence des autres pouvoirs, en se faisant le relais du mouvement social.

  • 9/ Pourquoi les syndicats n’étaient pas associés à la négociation dans le cadre de cette loi contre les exclusions ?

Si les syndicats étaient capables de défendre aussi bien les chômeurs que les salariés, il n'y aurait pas d'associations de chômeurs. Leur légitimation par l'écoute du Premier Ministre Lionel Jospin ne présente, pour moi aucun inconvénient, mais au contraire un approfondissement de la démocratie par la différentiation des interlocuteurs spécialisés "experts", hélas. 

  • Pensiez-vous à l’adoption de la loi que le phénomène d’exclusion allait reculer ?

Evidemment non.

  • Pensez vous que la loi relative à la lutte contre les exclusions sociales constitue une avancée sociale ?

Absolument.