Une fausse réponse à la complexité : la complication

On vient de l’entrevoir il est difficile de prendre la mesure dans le déroulement didactique d’apprentissages complexes. Cette difficulté va entraîner la mise en place de dispositifs pédagogiques compliqués. Ces échafaudages ne répondent en général qu’à une partie des difficultés rencontrées par les apprenants et ils sont difficilement transposables pour d’autres équipes d’enseignants ou d’autres contextes.

Et donc ils vont aller en se compliquant pouvant doubler alors l’obstacle didactique d’obstacles pédagogiques. L’exemple de l’étude des décimaux à l’école primaire illustre ce propos.

On peut se demander pour quelles raisons la construction d’échafaudages compliqués est une réponse aux apprentissages complexes ?

Parmi les raisons premières on remarque que la complication

a un effet de « masquage » des difficultés à venir,

qu’elle protège le sujet par des conduites de type « maniaque » contre l’angoisse provoquée par le déséquilibre nécessaire à l’assimilation de nouveaux concepts, la phase de déconstruction précédant nécessairement la reconstruction (des concepts),

qu’elle prend souvent sa source dans l’égalitarisme bien pensant supposé dû aux étudiants,

et enfin qu’elle provoque de la complicité (entre enseignants, entre étudiants et enseignants),

déplaçant l’attention de la complexité vers la complication et permettant ainsi de masquer les obstacles épistémologiques.

Par conséquent on observera autour de nous que les dispositifs pédagogiques semblent attirés par des procédures compliquées.

Un point de vue sur le stage inhérent aux DUT

A partir des réflexions précédentes observons les activités proposées aux étudiants dans le cadre du DUT. Ce dernier se caractérise par un stage effectué en entreprise par les étudiants durant le cours des études. Si les modalités exactes sont variables d’un IUT à l’autre le stage est un élément important et incontournable de la stratégie pédagogique.

Ce stage effectué par les étudiants, mais c’est aussi vrai pour les divers projets, met en jeu d’un côté des apprentissages complexes et de l’autre des comportements de l’ordre de la vie sociale. On rencontrera dans les modalités des projets tuteurés et éventuellement dans celles du stage la complication énoncée relevée précédemment.

D’autre part, et sans qu’il soit utile d’insister, on voit bien qu’il nous faudra prendre en compte une part de contrôle et une part d’évaluation.

Souvent le contrôle se fait sur la production : rapport de stage, mémoire de deuxième année, etc. alors que l’évaluation prend en compte les comportements de l’étudiant sur divers plans.

Ainsi dans le livret d’évaluation de l’IUT Lumière nous avons distingué trois plans concernant le travail de l’étudiant dans l’entreprise : mise en œuvre, apprentissage, relationnel avec un système de lettres déterminant un niveau de A à E, et deux notes (de 0 à 20) l’une pour le rapport de stage (ou le mémoire en deuxième année) et l’autre concernant la soutenance du dit rapport.

Une conclusion bien provisoire

Qu’on ne se méprenne point sur ces quelques lignes : je n’appartiens pas aux encenseurs d’un doxa didactique donnant leçons et récompenses, mais j’aime à faire partager mes interrogations concernant certaines pratiques pédagogiques. La complication des dispositifs d’enseignement rencontrés donne toujours matière à réflexion et souvent substance à simplification.

Ce travail a été ponctué par un dossier et un exposé donné par chaque équipe de sept étudiants chargée d'une ligne de bus. Afin de comptabiliser les efforts de nos étudiants nous avons donné une note dans les disciplines statistique, communication, transport de voyageurs et en cela nous avons satisfait aux rites d'une évaluation sommative. Mais plus que cela, c'est lors du dialogue qui s'est installé entre les étudiants et les enseignants lors de l'exposé (dix minutes d'exposé et vingt minutes de questions/réponses), que la formation des étudiants fut la plus fructueuse ; cette évaluation formative va permettre au groupe d'aller plus loin dans son travail d'analyse de l'enquête. Nous sommes dans un schéma déjà décrit lors d'une communication au colloque sur l'alternance (Oriol J-C, 1999), et que nous rappelons