Approche taxinomique de l’alternance

Bien entendu l’alternance est considérée a priori comme un levier qui favorise les apprentissages mais c’est également un poids ; on trouve une mise en perspective de cette pratique pédagogique chez de nombreux auteurs (Malglaive, Weber, 1982) ou (Combes, 1996). Avant d’aller plus avant il convient sans doute de faire un point sur cette notion d’alternance. Ainsi J-C Régnier (Régnier, 2000a) souligne déjà dans le titre de son article « Des évidences de la formation en alternance qui posent questions » l’angle sous lequel il aborde ce sujet.

L’auteur de l’article approche la notion d’alternance en formation en abordant la question du « Qu’est ce qu’apprendre ? » qu’il représente par le schéma suivant :

Figure 3 Qu’est ce qu’apprendre ? (Régnier, 2000a, p. 44)
Figure 3 Qu’est ce qu’apprendre ? (Régnier, 2000a, p. 44)

Cette approche permet à l’auteur de distinguer 4 types d’alternance dans le domaine de la formation :

Figure 4 : Quatre types d’alternance selon Régnier, 2000a, p. 48
l’alternance
juxtapositive
l’alternance
déductive
l’alternance
inductive
l’alternance
intégrative
le sujet en formation construit ses compétences à partir des connaissances formalisées acquises à l’école parallèlement aux connaissances pratiques acquises sur le terrain professionnel l’acquisition des connaissances pratiques est le résultat de la mise en œuvre des connaissances formalisées acquises à l’école l’acquisition des connaissances formalisées est le résultat de la généralisation des connaissances pratiques acquises sur le terrain professionnel le sujet en formation construit ses compétences dans un lent processus dynamique impliquant inter-activement des connaissances formalisées acquises à l’école et des connaissances pratiques acquises sur le terrain professionnel

D’autres taxinomies sont possibles, par exemple en se référant à une approche plus institutionnelle, Antoine, Grootaers, et Tilman (Antoine F., Grootaers D., Tilman F., 1988) distinguent quatre formes d’alternance :

l’alternance fusion : SF (situations de formation) et SP (situations de production) ont lieu sur le même site. L’école impose sa logique (de formation) et l’entreprise impose sa logique (de production) aux apprenants, le lien est uniquement géographique.

l’alternance juxtaposition : il n’y a pas de communication entre les problèmes rencontrés par l’apprenant en SF et/ou en SP.

l’alternance complémentarité : les SF et SP ont les mêmes objectifs.

l’alternance articulation : liaisons systématiques entre SF et SP, il existe un lien structurel

Ce classement est repris par Françoise Raynal et Alain Reunier dans l’article « pédagogie de l’alternance » (Raynal F., Reunier A., 1997, p. 226).

On le voit, en dehors des effets innovants propres à toute différenciation pédagogique, l’alternance ne peut, à elle seule porter le poids symbolique des apprentissages.

La mécanique « alternance »  est plus complexe qu’il n’y paraît à la lecture d’un simple emploi du temps. Si cette complexité n’est pas prise en compte en tant que telle, elle donnera lieu à différents symptômes parmi lesquels on peut citer :

la mise en place de procédures compliquées, cette complication donnant naissance à de la complicité entre ceux qui savent « se mouvoir » dans le système.

la poursuite des innovations perpétuelles, ce qui peut permettre de ne pas se poser de questions.