Un constat, des a priori, une stratégie

Nous avions en effet une interrogation : "Quelles statistiques nos étudiants étaient-ils capables d'utiliser dans leurs pratiques professionnelles ?"

Et, sans que cela fût une réponse absolue à la question précédente, nous avions deux indicateurs nous donnant des éléments pour nous faire une idée de la réponse, à savoir d'une part les statistiques présentes dans le rapport de stage de première année (sept semaines en entreprise) et d'autre part celles se trouvant dans le mémoire de deuxième année (trente-six semaines en entreprise). Nous avions d'autres indicateurs que ces rapports écrits et les soutenances qui s'y rapportaient. En effet, deux études de cas ponctuaient le cours de première année, et trois évaluations lors du stage en entreprise étaient mise en place lors de la deuxième année.

A la lecture de ces indicateurs nous étions un certain nombre à penser que les résultats n'étaient pas à la hauteur des efforts consentis. A priori, il nous semblait que les apprentissages de nos étudiants fonctionnaient selon le schéma bien connu de "contextualisation – décontextualisation - recontextualisation" et nous espérions que nos étudiants seraient capables de "faire des ponts" entre d'une part les diverses composantes du cours de statistique, et d'autre part l'enquête nous ramenant ainsi à l'articulation décrite par M. Develay et Ph. Mérieu : "C'est pourquoi il est si important de pratiquer ce que les chercheurs américains appellent le "bridging" et le fait de "faire des ponts" et qui consiste à demander aux sujets apprenants après maîtrise d'une situation ou d'une procédure de chercher eux-mêmes les situations où ils peuvent la retrouver et la faire jouer". 28 . Sans jeu de mot il nous semblait que, sans l'enquête, la recontextualisation repoussée dans le rapport de stage était "un pont trop loin". Plus généralement c'est bien entendu sur "l'effet de contexte" que notre action se portait, ou encore comme le soulignent J. Mathieu et R. Thomas sur "La notion de cadre [qui] intervient ici pour décrire l'organisation des connaissances autour d'un même thème Un cadre sert à expliquer les inférences qui sont faites par un sujet à partir d'un contexte, c'est à dire comment certaines informations non fournies par le texte sont quand même utilisées par le sujet" 29

Notes
28.

Develay M., Mérieu Ph., Emile reviens vite…ils sont devenus fous, ESF éditeur, 1992, p 161.

29.

Mathieu J., Thomas R., La compréhension, in Manuel de Psychologie, Vigot, 1985, p.154