Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, la formation des pasteurs à Lausanne s’améliore. La durée des études s’allonge. Plusieurs proposants restent quatre voire cinq ans en formation. Mais il y a aussi des exceptions : le pasteur Philipp ne reste que deux ans. Toutefois, les pasteurs vivarois ne se forment pas uniquement à Lausanne. Chiron de Châteauneuf, pasteur d’Annonay à partir de 1778 est passé par l’académie de Genève et bénéficie d’un cursus complet, de même que son successeur Koenig. En dépit de ces efforts entrepris par Court et son équipe à Lausanne, le niveau de formation des pasteurs reste en retrait par rapport à celui des curés dans les trois villes étudiées. En revanche l’égalité est obtenue pour les pasteurs formés à Genève. Sur les six curés exerçant pendant la période concernée quatre sont passés par l’université et ont reçu au minimum la maîtrise ès arts et au mieux le doctorat de théologie. Ceux qui n’ont pas reçu une formation universitaire, dispensée habituellement par l’université de Valence, sont passés par le séminaire, ainsi Lavernade de Martinent, curé de Villeneuve-de-Berg de 1766 à 1780, reçoit la tonsure au séminaire de Bourg-Saint-Andéol. L’impression se confirme si l’on analyse les quelques inventaires après décès livrant le contenu des bibliothèques des curés à la fin du XVIIIesiècle. C’est le cas de Desfrançois de Fontachard, curé de Félines dans la région d’Annonay dont la liste des livres révèle une culture encyclopédique 87 . S. Haffemayer fait le même constat avec la bibliothèque du curé de Pailharès, renfermant 583 titres avec des ouvrages de religion, de médecine, de droit, d’histoire, de philosophie, de poésie et de mathématiques. 88 Il en est de même pour le curé Mermet de Privas. Ces quelques exemples isolés ne prétendent pas décrire une situation générale, mais ils montrent que des différences existent et que des évolutions apparaissent.
ADA 2 E 19507, notaire Frachon, 9 mars 1793, folio 382.
S. Haffemayer, « Lectures cléricales en milieu rural : l’étonnante bibliothèque de François Mourier, curé de Pailharès au début du XVIIIe siècle », Cahiers d’Histoire, numéro 1998-1, pp. 25-50.