f) La résistance face aux tentatives de conversion.

La résistance face aux tentatives de conversion constitue un autre argument en faveur de l’hypothèse du maintien d’une forte cohésion au sein de la communauté réformée. Avant 1683-85, de manière générale, les conversions restent rares 149 . Les sources judiciaires à propos d’Annonay signalent des cas isolés entre 1644 et 1685. En général, elles correspondent au passage des missionnaires. Ainsi, pour Annonay, en 1653, le passage du jésuite, le P. Etienne Tévenin, favorise les conversions, trois personnes sont recensées dans les archives de justice, sans déclencher pour autant une lame de fond. Mais visiblement le calme revient dès que les missionnaires sont partis. Dans les années qui suivent la mission, en 1654 et 1655, aucune conversion n’est relevée. 150 La courbe des conversions sur Annonay rappelle celle de Lyon : avant 1685, il y a également très peu de conversions, signe d'après Y. Krumenacker que les relations catholiques-protestants sont bonnes, qu'il y a peu de pression sur les protestants pour se convertir. Nous nous interrogerons sur la possibilité de transposer ces conclusions à la situation d’Annonay. Les conversions, c’est également un enseignement de l’exemple lyonnais, concernent souvent des individus isolés du reste de la communauté, les notables dans le cas d’Annonay ne sont que peu concernés par les conversions. Ainsi entre 1646 et 1683, les artisans, les laboureurs ou les femmes seules sont les plus nombreux (soit 75 % du total). Quelques familles de notables, fragilisées par la conversion d’un de ses membres, sont signalées, ainsi en en 1650 la veuve du lieutenant du prévôt se convertit suivie de son fils. Mais il n’en est pas de même pour Villeneuve-de-Berg et Privas. Dans ces deux dernières villes, les notables ont parfois été des précurseurs et non des points de résistance.

Notes
149.

ADA 11 B 42 registres d’abjuration d’Annonay, voir graphique 6.

150.

ADA 11 B 42, registre d’abjuration d’Annonay, 1685, p. 1 et 2.