g) bilan

Au total, la crise présentée par les contemporains, notamment par les pasteurs, semble avoir peu de fondement dans la pratique des fidèles. Ceux qui restent protestants sont attachés à leur foi, ou tout au moins à un mode de vie qui est associé à leur pratique religieuse et à leur communauté. Le processus marqué de confessionnalisation, décrit par H. Schilling, est sans doute un des ciments de cette communauté. Les notables sont très souvent les instigateurs de cette situation, mais il y a des exceptions, c’est ce que suggère l’analyse des prénoms vétérotestamentaires dans la communauté privadoise. Cette foi est toutefois marquée par des aspects très matériels qui ressortent au fil des comptes-rendus des synodes ; ainsi l’organisation financière, les bancs et la place dans le temple ou la morale sexuelle. Dans ces préoccupations le poids des notables est très important : leur fonction d’ancien dans le consistoire leur permet d’insister sur certains aspects. Cet état de fait laisse une impression de profonde coupure avec la religion populaire, dont les manifestations sont condamnées régulièrement, par exemple les fêtes votives parce qu’elles obligent à rencontrer les catholiques pour le culte d’un saint. C’est cette différence qui émergera lors du mouvement des « Inspirés » après la Révocation, en 1689, avec un contenu mystique et millénariste qui n’apparaît pas du tout dans les actes des synodes. La forte cohésion constatée dans ce paragraphe n’exclut pas, toutefois, des signes d’érosion, dont il convient maintenant de rendre compte.