a) Les courbes de conceptions : signe d’une implantation incomplète de la Réforme catholique

Nous avons pris comme instrument de mesure de l’implantation de la Réforme catholique les courbes de répartition de mariage. Or, les dates de mariages peuvent être assez facilement modifiées sous la pression du clergé. Ainsi, l’obligation pour les couples de demander une autorisation à l’official lors d’un mariage pendant les périodes de temps-clos constitue un élément dissuasif. On a vu ce qu’il en était dans les trois sites étudiés. Les courbes de conceptions sont plus révélatrices des mentalités, et permettent de vérifier si les fidèles ont bien intégré les interdits enseignés par les prêtres, d’autant plus que ces interdits sexuels sont très importants dans l’enseignement tridentin. Le graphique privadois 196 , montre les limites de l’influence du clergé catholique. Les périodes de « temps clos » sont peu respectées. Les deux courbes présentent plus de ressemblances que de différences, ce qui confirme l’impression d’une frontière confessionnelle floue. Le message des curés ne semble donc pas complètement reçu et accepté avant 1685. La situation de Villeneuve-de-Berg reprend certains des aspects de la courbe de Privas. Ici les fidèles catholiques ne respectent guère la période du Carême et celle l’Avent ne l’est pas du tout. La comparaison des deux courbes 197 , établies respectivement sur la première et deuxième moitié du XVIIe siècle, ne fait pas apparaître d’évolution sensible dans les comportements. En revanche, la courbe de conceptions des réformés montre des différences assez importantes avec celles des catholiques. Les maximums d’avril et de novembre n’existent pas chez les catholiques et la courbe réformée est plus contrastée. Ces différences sont à mettre en lien avec l’observation faite sur l’importance des prénoms vétérotestamentaires dans cette communauté. Les deux communautés à Villeneuve-de-Berg conservent leurs caractéristiques, peut-être parce que les réformés ne sont plus identifiés comme une menace en raison de leur faible nombre. Au total, dans ces deux villes, les deux communautés se distinguent dans leur comportement. Le clergé catholique villeneuvois, en dépit de son importance, n’arrive pas à imposer complètement les pratiques de la Réforme catholique.

Notes
196.

Voir graphiques 4, 14, 16 et 17.

197.

Voir graphiques 13 et 15.