c) La frontière confessionnelle et les comportements démographiques.

Enfin la frontière confessionnelle se manifeste dans les courbes de conceptions très différentes entre les deux communautés. Ces deux courbes ²³⁸ permettent de donner quelques éléments d’explication également. On observe, pour les réformés, une courbe très régulière moins marquée par les rythmes de la vie agricole, les conceptions se font plus régulièrement sur l’ensemble de l’année, et non en dehors des saisons agricoles comme chez les catholiques. Ce constat correspond à la situation sociale assez favorisée des protestants d'Annonay, que montre le tableau d’analyse sociale ²³⁹ . On relève un pourcentage de notables plus importants chez les réformés. De plus, la courbe, à la différence de celle des catholiques, est complètement déconnectée des « temps clos », exigence catholique. L’absence du « creux de mars » et de celui de l’Avent confirme l’idée que la communauté réformée a une forte identité et qu’elle est peu influencée, au moins avant 1670, par les pratiques catholiques. Le contraste est donc important entre la population catholique, dont la courbe de conceptions est fortement marquée par le respect des « temps clos », signe de l’implantation de la Réforme catholique, et par des rythmes agricoles, et les réformés dont le comportement est très différent. L’originalité de la situation annonéenne se confirme donc de même que l’existence d’une frontière étanche entre les deux communautés.