b. Les attitudes face à la mort et au «  surnaturel ».

L’étude qui suit est largement redevable aux travaux de P. Ariès et de M. Vovelle 339 sur les attitudes face à la mort. L’historiographie récente a montré comment utiliser les testaments pour en dégager une connaissance des mentalités. M. Vovelle a également proposé une méthode de travail, la nécessité d’une approche sérielle. Le testament isolé n’a guère de valeur et doit être inséré dans un ensemble. C’est dans cette optique que ce travail a été entrepris, même si le nombre de testaments annonéens et privadois étudiés n’est pas aussi important que nous l’aurions souhaité. L’autre précaution rappelée par M. Vovelle concernant le choix de l’échantillon a également été respectée ; tous les testaments étudiés ont été sélectionnés dans plusieurs études de notaires afin d’éviter l’influence d’un formulaire particulier. Les acquis historiques à propos du thème de la mort ont été repris ici dans une problématique comparative.

Les sources sont disparates. Mais les testaments nuncupatifs, par leurs ressemblances, révèlent l’existence de formulaires utilisés par les notaires, et perdent ainsi une partie de leur originalité. Les testaments mystiques ou olographes, rédigés complètement par le testateur, sont davantage révélateurs des croyances, mais ils sont plus rares, et n’existent pratiquement que chez les notables. Enfin une distinction est souvent à faire entre les testaments de précaution, lors d’un départ à la guerre ou en voyage, rédigés longtemps avant le décès dans lesquels les formules paraissent plus conventionnelles, sans legs aux pauvres, et les testaments qui précisent que le testateur est «  indisposé de son corps… » ; dans ce dernier cas, la proximité de la mort incite le mourant à laisser apparaître ses convictions. Les testaments analysés ici relèvent la plupart du temps de cette dernière catégorie. Les livres de raison complètent cette première approche, mais ils sont peu nombreux. Enfin les instructions données par le clergé présentent un reflet des pratiques des fidèles et éventuellement des écarts par rapport aux consignes.

Notes
339.

Vovelle M., Piété baroque et déchristianisation en Provence au XVIII e siècle, Paris, 1973, et De la cave au grenier, Paris, 1980.