5. Les moyens de la conversion.

Quels sont les moyens de la conversion ? Il s’agit ici d’étudier la conversion en profondeur, et non celles arrachées par les violences des dragonnades entre 1683 et 1685. Les confréries semblent être actives dans le travail de conversion. Celles du Scapulaire et du Saint Sacrement à Annonay nous sont connues par les registres de confrères pour l’ensemble du XVIIIe siècle 499 . La comparaison des listes de « nouveaux convertis », établie en 1721, et celles de confrères fait apparaître quelques noms en commun 500 . Certains « nouveaux convertis » ont donc adhéré aux confréries, notamment à celle du Scapulaire. Pourquoi une telle attitude ?

L’adhésion aux confréries est tout de même un fait marginal : sur les 171 familles de « nouveaux convertis » recensées en 1721, seules 7 ont été comptées ici (soit 4 %). Ils étaient déjà, pour la plupart, des « nouveaux convertis faisant leur devoir de catholiques » 501 , dès 1721, leur conversion était donc déjà engagée. Un de ces notables nous est connu. Il s’agit de Louis Chomel, le père du chroniqueur annonéen Chomel le béat. Sa conversion semble assez révélatrice. Il est notaire et s’est converti, en « faisant ses devoirs de catholique » pour conserver sa charge de notaire. C’est en tout cas l’affirmation de son fils et de son biographe, le curé Léorat-Picancel. Mais la conversion semble assez poussée puisqu’il ne voit aucune difficulté à ce que son fils s’engage dans une carrière ecclésiastique, à condition qu’elle assure un revenu, comme la possession d’un canonicat. Une forme d’indifférence confessionnelle semble apparaître, le sentiment religieux est toujours présent mais les « moyens pour assurer  son salut » peuvent désormais être trouvés ailleurs que dans sa propre confession. Les personnes isolées, une veuve par exemple, sont plus vulnérables face aux efforts de conversion. C’est peut-être la raison de l’adhésion à la confrérie, de Marie Léorat. D’autres, enfin, sont signalés comme des protestants accrochés à leur foi en 1721, la lettre « n » portée par le procureur du roi le confirme. Le mouvement de conversion s’est donc poursuivi longtemps après la Révocation. Outre les pressions et les efforts divers, le contexte social est sans doute à prendre en compte. Ce sont tous des notables, or les confréries, avant 1750, sont largement composées par les notables 502 . La composition sociale des confréries a sans doute été un élément d’attraction. C’est peut-être déjà le signe que des solidarités sociales sont en compétition avec les attachements confessionnels. L’analyse de la composition sociale de la confrérie annonéenne des Pénitents le confirme, artisans et notables constituent les plus forts effectifs. Ce sont les mêmes groupes sociaux que l’on retrouvera dans les loges maçonniques quelques années plus tard.

La violence des dragonnades est réelle dans les trois villes étudiées. Les consuls d’Annonay, le 14 janvier 1690, 503 se plaignent des exactions des dragons, ainsi le corps d’un « nouveau converti » décédé est traîné dans les rues 504 . Le procureur du roi Fourel fait loger cinq dragons chez A. Laurent, alors qu’ils appartiennent tous les deux au même monde des notables. La coupure confessionnelle atteint son apogée, elle semble dépasser toutes les solidarités et les stratifications sociales. Ces violences déclenchent des conversions nombreuses, à l’exception toutefois d’Annonay où la conversion collective ne concerne qu’une minorité. Mais ces conversions sont, ici comme ailleurs, superficielles. Le comptage effectué par Fourel le montre pour Annonay. En 1721, trente-six ans après la révocation, le nombre de « nouveaux convertis » accomplissant « leur devoir de catholique » est réduit. Un constat que confirme l’intendant Basville :

« Comme ce n’est que par crainte de chastiment que les nouveaux convertis ont été sages, la religion n’a fait aucun progrès véritable dans leurs cœurs… » 505

Ou encore :

« Estant bien résolu de ne pas souffrir que le mauvais exemple que donne Annonay porte atteinte à tout le bien qui se fait ailleurs. Je feray connaître au Roy comme le seul lieu qui résiste à ses volontés… » 506

Si l’on se réfère aux instructions épiscopales, le clergé doit tenir un rôle actif dans la conversion. En 1711, l’évêque de Viviers, Lagarde de Chambonas, rappelle que le contrôle des « nouveaux convertis » fait parti de la mission du « bon curé » 507 . Il rappelle notamment que les curés doivent prévenir l'évêque en envoyant un état des âmes, comptabilisant les paroissiens qui n'ont pas communié pour Pâques. Leurs obligations s’étendent également à d’autres domaines : les curés doivent informer régulièrement l'évêque, par l'intermédiaire du modérateur de la conférence, une fois par mois en règle générale et une fois par semaine en cas de présence de « nouveaux convertis ». Ils doivent dresser un « procès-verbal sur le refus des « nouveaux convertis » de recevoir les sacrements de l'Eglise ». Enfin, « les curés sont tenus de faire renouveler l'abjuration des « nouveaux convertis » qui reviennent des pays étrangers en présence de deux témoins ». Le curé et les vicaires sont donc appelés à jouer un rôle de premier plan dans la politique de conversion, que ce soit en direction des « nouveaux convertis » ou des catholiques.

Dans quelle mesure ces directives sont-elles appliquées ? Le rôle du clergé dans la conversion est important mais inégal. Le témoignage de Chomel le béat le confirme. Ce fils du notaire Louis Chomel est né en 1697. Il est élevé par sa mère dans la religion protestante. Son éducation au collège catholique des Cordeliers n’a, semble-t-il, pas joué de rôle dans sa conversion. Mais,  le récit fait, en 1788, par le curé d’Annonay, Léorat-Picansel, à propos de Chomel le béat, étudiant en 1712 à Nîmes, d’après les témoignages et les lettres de Chomel à ses parents, montre le rôle du clergé dans la conversion :

« Vous m’envoyâtes à Nismes pour me former au barreau. La personne chez laquelle vous me plaçâtes faisait profession de la religion prétendue réformée. Dieu me fit la grâce d’y trouver un jeune homme de la religion catholique qui y était pour le même dessein que moi. Je fus touché de la piété de ce jeune homme, qui me lia avec d’autres jeune gens du même caractère que lui : ici j’admire la bonté de Dieu, qui n’a pas permis que je fréquentasse d’autres personnes qui m’auraient égaré. En effet, la jeunesse était très corrompue dans cette ville…Or cette conduite si sage, et cette piété si sincère que je voyais en eux, firent une grande impression sur moi ; je commençais à ne plus croire si mauvaise cette religion à laquelle je les voyais si régulièrement attachés…Je pris la résolution de chercher quelque homme habile et éclairé qui m’instruisit des vérités catholiques…j’entrai dans une église…Dieu me fit la grâce que je m’allai adresser à la personne peut être la plus propre à mon dessein, qu’il y eut dans cette ville : c’était un saint religieux, de ceux qu’on y avait envoyé pour travailler à la réunion et à l’instruction des nouveaux convertis… Il m’ordonna donc de le venir voir souvent, afin de m’enseigner les dogmes de sa foi catholique ».  508

Cette conversion paraît sincère, car Chomel le béat s’inscrit avec l’accord son père au collège d’Autun à Paris en 1714. Ce collège catholique, fondé par un cardinal annonéen, réserve des places aux annonéens. Il commence alors des études de philosophie puis reçoit la confirmation et la tonsure. Il poursuit avec des études de théologie. Mais il refuse la prêtrise et un canonicat à Annonay en disant :

« Qu’avec une vie pleine d’irrégularité et d’inconstance comme la sienne, un cœur aussi vicieux, il ne devait penser qu’à vivre dans l’obscurité, qu’à faire pénitence et pleurer ses péchés dans l’état de simple fidèle » 509

D’après cette lettre adressée par Chomel à son père lors de sa conversion en 1713, le rôle du clergé, notamment missionnaire, semble essentiel. Ce constat n’est pas contradictoire avec l’analyse des thèmes des sermons lors de la mission de 1736 à Annonay qui montre un clergé de moins en moins offensif face aux « nouveaux convertis », car les dates sont différentes ; les efforts du clergé semblent se ralentir assez tôt, sans doute vers 1720. Il y a donc un contraste important entre la période 1685-1720, marquée par des tentatives soutenues de conversion conduites par le clergé, et la période suivante pendant laquelle on constate un repli. En 1736, Chomel le béat, lors de la clôture de la mission de cinq semaines prêchée par les « messieurs de Saint Joseph de Vienne », la mission jésuite, ne signale aucune conversion de protestants. Or Chomel n'oublie jamais ce genre d'information dans son récit. L'objectif des missions n'est plus désormais de convertir les réformés mais de conforter la foi des anciens catholiques. Les thèmes abordés lors de la mission de 1736 le confirment : aucun thème ne porte sur la controverse ou la « conversion des hérétiques ».

Les formules des conversions donnent un reflet assez précis de l’action du clergé. Des différences notables apparaissent dans chaque confession. Dans le registre du consistoire de Lagorce, quelques exemples de conversion de catholiques au protestantisme ont été conservés. Bien que minoritaires, ces conversions donnent un moyen de comparaison avec celles pratiquées par le clergé catholique. Les formules, utilisées dans l’exemple suivant, sont assez longuement développées, la nouvelle convertie exprime clairement son souhait de conversion en le justifiant avec des arguments personnels, et un délai est donné entre la déclaration d’intention et la conversion officielle.

La citation suivante reproduit la déclaration d'une catholique lors de sa conversion au protestantisme, le vendredi 24 février 1673 :

« S'est présentée Marie Deleuze du lieu de Ruoms résidant à présent à Lagorce qui a dit et déclaré qu'il y a longtemps qu'elle a heu volonté de faire profession de la Religion réformée ayant mesme fréquenté souventes fois les assemblées publiques soit audit Lagorce qu'au lieu de Vallon. Abjuran toutes les herreurs contraires à ladite Religion et requiert être reçue en icelle pour pouvoir après participer publiquement au sacrement de la Ste Cène et faire toute les autres actions d'une vraie Chrétienne réformée. Quoy entendu par la compagnie, Elle lui a fait cognoistre par la bouche du Sieur Dalbiac ministre, la croyance de ladite..et se préparer pour faire ladite abjuration et déclaration à la prédication du matin aux susdits Sr Dalbiac et Anciens.. » 510

Le dimanche suivant, 26 février 1673, la conversion intervient :

« du mois de février dans le temple de Lagorce, à l'issue du presche du matin le peuple y estant assemblé par ledit Sr Dalbiac ministre, que la susdite Marie Deleuze a esté reçue en la Religion chrestienne refformée, lui ayant été représenté tout ce que peut-être la croyance d'icelle, et exhortée comme cy-devant de s'instruire en ladite Religion, laquelle Deleuze a renoncé et abjuré a toutes herreurs et croyance contraires a ladite religion refformée comme cy-dessus. Signé Dalbiac et les anciens. »

Les formules utilisées par les curés d’Alissas et d’Annonay présentent, selon les dates et les auteurs, des ressemblances mais aussi beaucoup de différences. Certains curés, avant 1660, semblent peu agressifs face aux réformés, et leurs formules rappellent étonnamment celles présentées précédemment dans l’exemple de Lagorce. Ainsi le curé d’Alissas, comme le pasteur Dalbiac, insiste sur la liberté dans la conversion, sans pression extérieure. Dans les deux cas, la reconnaissance de la conversion est publique et l’acte porte la signature du principal intéressé. Seule différence, mais elle est le résultat de la prudence face à la législation répressive, dans le cas de l’abjuration de Marie Deleuze, l’origine des erreurs auxquelles elle renonce n’est pas précisée. Autant de signes qui semblent souligner une attitude peu agressive dans la conversion.

« Je soussignée Judith Boussière native d'Alissas agé de dix huit ans environ, fille de feu Claude Boussière et madlle marguerite raoux habitans dudit lieu d'Alissas, certifie qu'après avoir esté instuicte sur tous les articles de la foy j'ay de ma libre volonté faicte profession de la foy catholique apostolique et romaine, et abjuration de toutes les hérésies notamment celle de Calvin en laquelle j'ay esté eslevé toute ma vie. Et en ay receu l'absolution en l'église de St Jean d'Alissas par messire Martin Angles prieur curé de ladite église. En la présence de sieur Simon Pigié bolanger habitant de Ville neufve de berc Monsieur claude barbier escuie habitant à villeneufve de berc faict à Alissas ce huictiesme novembre mil six cens cinquante quatre. Temoins subsignés barbier a signé pigie a dit ne scavoir. Barbier, Judic Boissiere, Angles curé. » 511

Avec l’approche de la révocation les formules changent et révèlent une montée des tensions et un rôle plus actif du clergé dans la conversion. Avec F. Lauzel, curé d’Alissas, la formule devient plus expéditive et comminatoire, elle n'est plus signée par le converti et ne donne aucune explication à la conversion :

« L'an mil six cent soixante quatre et le 19e jour du mois de may marie faure femme de david garnier habitant d'Alissas a fait abjuration de l'hérésie de Calvin. En présence de François Cheynet et Olivier Trouillas de Mirabel en Vivares et moy Lauzel curé. » 512

Comment expliquer une telle évolution ? François Lauzel, prêtre, ancien curé d'Alissas, se retire à Mirabel, où il rédige son testament. Il vient d’achever une carrière à Privas et dans les alentours. Son testament permet de découvrir un élément d’explication. Il lègue en effet 30 livres pour «  MM. du séminaire de Viviers les priant de dire des messes pour le salut de son âme » 513 . Ce qui pourrait laisser supposer qu'il a été formé au séminaire. Or le séminaire est conçu comme un outil pour la reconquête des « hérétiques ». Un enseignement de la controverse est d’ailleurs dispensé.

Cette manière de procéder est largement reprise à Annonay. Les formules d’abjuration en 1685, donc à l’époque des abjurations collectives, mélangent les caractéristiques des deux types étudiés. La démarche personnelle du converti n’est évidemment pas soulignée puisqu’elle se fait sous la contrainte. Le fait nouveau, souvent souligné dans les abjurations annonéennes, est l’importance de la question du salut.

« L'an mil six cens quatre vingt cinq et le unzième jour du mois d'octobre par devant nous Estienne Gérin, curé chanoine de Notre-Dame d'Annonay, s'est présentée Damoiselle Anne Chenal, femme de Sr Denis Montchal, bourgeois, de la ville d'Annonay. Ayant jusqu'ici faict profession de la Religion prétendue réformée, a déclaré vouloir abjurer ladite religion, Dieu luy ayant faict la grâce d'en reconnoistre la fausseté et l'abus et de vouloir embrasser la religion catholique apostolique et romaine comme la seule religion en laquelle on peut se sauver non point par aucune considération humaine mais par la seule inspiration du St esprit et l'unique désir de faire son salut. Laquelle protestation et volonté nous aurions reçu et donné acte en la présence des Srs Chabert, premier consul, Pierre Marthouret, et Anthoine Peyron, soussignés avec ladite, agée d'environ soixante ans. » 514

Pour la plupart, les abjurations annonéennes prennent une forme plus ramassée et sont rédigées par les convertis avec des formules identiques. Un modèle leur a donc été donné par le curé ou le prieur qui intervient directement dans cette opération :

« Nous André Abrial, docteur en médecine, Isaac Etoile, bourgeois de cette ville, Antoine Noir marchand-blanchier, Antoine Paret, Isaac Paret, marchands, Jean Ballay, Barthélémy Barou, déclarons que nous renonçons et abjurons toutes les hérésies et par exprès celle de Calvin et que nous embrassons la religion catholique apostolique romaine dans laquelle nous voulons vivre et mourir de quoy nous avons prêté serment sur les Saints Evangiles entre les mains de monsieur Gérin curé dudit Annonay et avons signé » 515 .

Toutefois, le rôle du clergé est inégal. Certains prêtres sont très actifs face aux  « nouveaux convertis », comme Lauzel, curé d’Alissas, ou le curé d’Annonay. D’autres le sont beaucoup moins. Jean Aygon, prieur de Pranles, paroisse proche de Privas comprenant une forte proportion de réformés est de ceux-là. Son testament avait déjà attiré notre attention car il n’utilise pas les formules d’invocation habituellement employées par les ecclésiastiques. 516 D’autre part, ce prêtre est connu dans les archives de justice. Il a engagé plusieurs procès et paraît assez préoccupé par les questions financières. Il s’oppose notamment à un notable privadois, Charles Tavernol, pour réclamer de l'argent 517 . En revanche il montre peu d’empressement à pourchasser les « nouveaux convertis », puisque en 1703 il remplit un acte de baptême de complaisance pour Etienne Durand et Claudine Gamonnet, parents du pasteur Pierre Durand, lors de la naissance de leur fille Jeanne, le nom de la mère est modifié de même que les noms des parrains et marraines, et l'acte paraît avoir été rajouté dans le registre paroissial de Pranles 518 . Et en 1704, il est peu actif pour faire condamner le même Etienne Durand, habitant de Pranles, soupçonné d’héberger des prédicants dans sa cave. Aygon donne l’image d’un prêtre assez soucieux de ses intérêts matériels, peu concerné par les luttes contre les protestants, un modèle de prêtre qui contraste évidemment avec celui que la Réforme catholique souhaite imposer.

Un autre exemple de ces attitudes modérées du clergé est donné par une procédure criminelle engagée au bailliage de Villeneuve-de-Berg contre Louis Croze, praticien de la ville, pour crime de relaps. Le curé Saboul témoigne, afin d’éviter l’accusation de relaps contre le défunt, « en faveur de l'accusé qui aurait refusé les sacrements en état de délire, après les avoir demandés quand il était dans son bon sens ». 519 Les attitudes sont donc très différentes après 1685. Mais les éléments de compréhension de tels écarts sont peu nombreux. Le comportement face aux « nouveaux convertis » permet d’esquisser différents portraits de prêtres. Tout d’abord, il y a ceux dont la formation s’est effectuée au séminaire. Avant 1720, ils sont encore une minorité. Ceux-là, si l’on se réfère à l’exemple étudié, ont reçu un enseignement de la controverse et paraissent les plus actifs dans la conversion. Certains curés sont préoccupés par la question des revenus, notamment lorsqu’ils sont simples congruistes. Cela peut expliquer les longs procès qui les éloignent des efforts de conversion. L’évêque de Viviers fustige d’ailleurs ceux qu’il traite de mercenaires :

« Nous ne saurions croire qu'il y ait dans notre diocèse de ces prêtres mercenaires qui ne disent la messe qu'autant qu'il y a une rétribution attachée » 520

D’autres refusent la politique de répression. L’abbé d’Auvergne écrivant au procureur du roi d’Annonay, Fourel, a des mots très durs pour dénoncer ces curés qui ne sont pas assez actifs dans la surveillance des « nouveaux convertis » :

« Je scaurais très mauvais gré aux curés de la campagne dans la paroisse desquels il se sera trouvé des réunis les jours de fête s’ils ne me rendent pas compte de la conduite qu’ils auront eue… » 521

D’autre part, une nouvelle organisation se met en place 522 , très hiérarchisée. Le peu de documents qui nous est parvenu permet difficilement de s’assurer de la réalité de ce schéma. Les conférences ecclésiastiques existent, mais chaque rouage exerce-t-il réellement son rôle de contrôle ? Dans la mesure où cette organisation fonctionne, le curé ne dispose que d’une marge de liberté réduite dans son comportement face aux « nouveaux convertis ». Une telle organisation peut renforcer le contrôle sur les prêtres et les « nouveaux convertis ».

Enfin, les efforts des Frères des Ecoles Chrétiennes à Privas constituent une autre illustration de ce rôle du clergé dans la reconquête catholique. Une plainte est déposée contre le maître d'école qui continue d'enseigner le catéchisme auprès de 22 ou 23 écoliers « en contravention des ordres du roi et de l'intendant » alors que ce sont les frères des écoles chrétiennes qui doivent s'en charger. Tavernol, représentant de l'évêque de Viviers, menace de faire enfermer le maître d’école choisi par les « nouveaux convertis », N. Durand :

« Je vous prie de me donner avis de ce qu'il aura dit pour que je le fasse arrêter et conduire à Beauregard…pour vous prouver qu'il y a du fanatisme de la part des NC de préférer les soins du Sr Durand à ceux des frères » 523

Le directeur des écoles de Privas, un frère, s'adresse à M. Melchior, vicaire général de l'évêché de Viviers :

« C'est à vous à qui nous avons recours pour écrire à Mgr l'intendant pour en demander sa sortie car cela ne tend qu'à faire tomber nos écoles » 524 .

Les efforts seront finalement couronnés de succès. Cette affaire met en valeur deux aspects : d’une part le rôle croissant du clergé dans la formation, en application des décisions tridentines ; il s’engage dans une compétition avec les réformés. D’autre part, elle montre une résistance de la part des « nouveaux convertis » privadois. Le comportement des privadois a donc changé : avant 1685, les tentatives de compromis avec les catholiques, y compris de la part des notables, étaient nombreuses. Au XVIIIe siècle, la volonté de réaffirmer son appartenance confessionnelle est forte : la consommation de viande, le choix d’un maître d’école « nouveau converti », autant de signes qui confirme cette résistance, pour certains en tout cas.

Le récit de Léorat-Picansel, curé d’Annonay, montre un autre élément décisif de la conversion : la présence d’un converti au sein de la famille, facteur de déstabilisation dans certains cas 525 . C’est ce qui semble se passer dans la famille Chomel dans les années 1720. Nous avons eu l’occasion de découvrir cette famille, Louis Chomel est notaire, converti, et son fils, Chomel le béat, est un dévot. Ce dernier arrive à convertir son jeune frère. Il a plus de difficulté avec la grand-mère, celle-ci s’obstine et meurt dans la « Religion Prétendue Réformée ». Signe des tensions déclenchées dans la famille par ces tentatives de conversion, la grand-mère accuse son petit-fils :

« C’était un serpent dangereux qu’elle (=la mère de Chomel le béat) avait enfanté et qu’elle réchauffait dans son sein, qu’il la perdrait elle et toute sa famille… » 526

Mais tous les membres de la famille ne réagissent pas ainsi. Sa mère après avoir condamné cette conversion, lui écrit à nouveau au collège d’Autun à Paris pour lui demander de ne pas trop jeûner et d’épargner sa fragile santé. Enfin, sa mère âgée de 56 ans, gravement malade, décide de se convertir. Les sœurs de Louis Chomel se convertissent également lors de ce que Léorat-Picansel qualifie de miracle : la guérison d’un fils de Madame Fournat, sa sœur. D’après Léorat-Picansel, le miracle est le résultat de l’attitude de Madame Fournat, celle-ci n’hésite pas,

« A donner de l’argent pour faire dire une messe, pendant la messe l’enfant est guéri » 527

Vers 1720, dans la famille de Chomel le béat, le père, déjà converti superficiellement, commence de changer d'attitude face à la religion catholique :

« Son père à qui il avait adressé tant d'instructions indirectes commençait enfin à comprendre que l'indifférence d'esprit sur la religion en était l'anéantissement dans le cœur et qu'être persuadé qu'on peut se sauver partout, c'est être persuadé que l'on peut croire ou ne pas croire et que l'on n'est obligé à rien 528  ».

Ce récit de conversion présente donc un réel avantage. Il permet d’analyser de l’intérieur de la famille, fait particulièrement rare dans les archives étudiées à l’occasion de cette recherche, le déroulement des conversions. Mais il est évidemment tributaire de son auteur catholique et anti-protestant. Il a tout de même le mérite de montrer comment l’équilibre confessionnel des familles a dû être modifié à la suite d’une conversion, même si tous les « nouveaux convertis » ne sont pas aussi zélés. Le rôle du merveilleux, au travers du « miracle », n’est sans doute pas à sous-estimer comme facteur de conversion. Même chez certains notables, c’est le cas pour la famille de Louis Chomel le béat, les manifestations considérées comme surnaturelles ont valeur de signe divin. Enfin, l’attitude du père est peut-être le signe d'une certaine indifférence religieuse à la suite de la conversion. Il reste très difficile d’apprécier l’ampleur de ces sentiments nouveaux dans la communauté réformée. Les chiffres relevés précédemment semblent montrer qu’en 1721 elle garde un caractère très minoritaire pour Annonay, mais elle paraît également se poursuivre assez longtemps (de 1685 à 1720). Il y a certainement des évolutions difficiles à saisir compte-tenu des sources. L’organisation de cette famille montre également une forte homogamie qui constitue un élément de résistance à la conversion. Les femmes sont les premières concernées par la conversion mais aucune information n’est donnée à propos des conjoints.

Un autre exemple de conversion dans le milieu familial est donné par le P. Léorat, prêtre, issu d’une famille de notables réformés annonéens. La source reste celle du chroniqueur annonéen Chomel le béat. Il fait le récit de la conversion de deux filles de Léorat apothicaire, protestant, converties par leur oncle le Père Léorat. Elles deviennent religieuses de Notre-Dame d'Annonay, un couvent où seront enfermées des filles de « nouveaux convertis », jusqu'à leur mort. Le P. Léorat convertit également un neveu, Etienne, et une autre nièce qu'il fait entrer dans la congrégation des hospitalières de St Joseph. Le rôle des membres de la famille dans la conversion se confirme, même s’il nous est très mal connu dans le détail ; il constitue un véritable travail de sape au sein de la foi familiale. 529 Les enfants semblent les premiers concernés dans ces deux exemples.

Enfin, le collège de Tournon administré par les jésuites est un lieu souvent cité dans la conversion des fils de notables, notamment annonéens. La rencontre des deux confessions s’opère car les jésuites bénéficient d’une excellente réputation. Le souci de l’ascension sociale l’emporte donc sur la volonté de séparation confessionnelle, les réformés préfèrent prendre le risque de la conversion pour donner à leur fils une bonne formation. Un fils de notable d’Annonay, Théodore Lombard, né le 21 juillet 1688 de parents protestants, poursuit ses études au collège de Tournon et se convertit, puis devient professeur de rhétorique à Toulouse. 530 L’action des jésuites est antérieure à la Révocation, elle se poursuit pendant tout le XVIIIe siècle, jusqu’à leur éviction à la tête du collège, en 1762.

L’analyse du mécanisme de la persécution à Annonay permet de dresser un bilan sur les différents acteurs et de montrer, plus facilement qu’une énumération, les relations multiples qui s’établissent. Le schéma 531 a été construit à partir de la correspondance échangée entre l’abbé d’Auvergne, vicaire général de l’archevêque de Vienne, et J. Fourel procureur du roi à Annonay 532 . Cette correspondance couvre la période 1686 à 1701, elle donne donc un aperçu de la situation après la Révocation au moment où la résistance se développe à Annonay. Le rôle des dévots dans la persécution et la conversion semble central puisque le procureur du roi, J. Fourel, est sans doute un des leurs. Comment expliquer sinon un tel zèle, au point d’aller à Genève chercher des réformés annonéens pour tenter de les ramener et de les convertir ? Agit-il par intérêt  et par souci d’ascension sociale, profitant du contexte de persécution ? L’analyse de la séance au bailliage d’Annonay, en 1688 533 , lorsque quelques réformés reviennent de Suisse à la suite de Fourel, montre incontestablement un homme ambitieux ; de même, lorsqu’en pleine répression, il demande à l’archevêque de Vienne, en échange de son zèle, un service pour un de ses cousins, curé près de Paris. Mais, la remarque du subdélégué Dumolard, permet de nuancer ce premier constat,  il ne s’agit pas d’un homme calculateur :

« Est fort honneste homme un peu impétueux et fort aymé du peuple. Il n'a pas une grande habileté ». 534

En tout cas, il apparaît comme l’élément central de la répression anti-protestante à Annonay, à la fois en raison de ses fonctions et en raison de ses convictions religieuses. L’appartenance au milieu dévot reste donc une hypothèse vraisemblable. Une relation avec les dévots est attestée en 1678, lorsqu’il rachète la maison des Caron. Or, Anne Caron était la femme de Pierre Dodin, syndic des catholiques, et c'est ce dernier qui a favorisé la venue des visitandines à Annonay en 1641. Le nom de cette famille apparaît dans la liste des fondations de messes 535 . Un fait qui est peut-être révélateur d’un réseau de relations. Cette supposition est cohérente avec l’analyse précédemment conduite, les dévots sont présents à Annonay dès le début du siècle. Leur action, même si aucune trace n’a été conservée, pourrait expliquer l’efficacité plus importante de la répression. Fourel n’agit pas seul, le personnel du bailliage ne suffit pas à prendre en charge une telle persécution. En revanche le nom de J. Fourel n’apparaît ni dans la liste des confrères ni dans celle des fondations de messes, contrairement à celui de Desfrançois, lieutenant général au bailliage ou celui de Barou, directeur de l’hôpital, qui fréquentent tous deux la confrérie du Scapulaire. En effet, les hommes qui conduisent la répression se retrouvent souvent au sein d’une confrérie. Leurs fonctions leur permettent d’être efficaces dans la persécution. Dans les relais locaux de la répression on trouve également les directeurs de l’hôpital général. Celui-ci fondé en 1686 est directement concerné par la répression car les biens du consistoire lui ont été attribués. Plusieurs procès éclatent entre des particuliers « nouveaux convertis » refusant de financer l’hôpital général.

Le mélange des hiérarchies civiles et ecclésiastiques dans l'organisation de la répression est un autre facteur de son efficacité. Le vicaire général n’hésite pas à s’adresser au procureur du roi comme à un subalterne. Ce dernier lui adresse des informations, comme il le fait à l’intendant, avec la même déférence, au point que l’abbé d’Auvergne le rappelle à l’ordre :

« je commence par vous dire de ne m’écrire plus qu’en billet et sans cérémonie, Monsieur, parce que quand on écrit pour affaires l’on a souvent besoin de tout son papier, je n’en serai pas moins persuadé de votre politesse » 536

La même coopération s’observe à l’échelle locale puisque les curés dénoncent parfois les «nouveaux convertis» récalcitrants au procureur du roi. Les relais locaux de la répression apparaissent nombreux dans le cas d’Annonay et largement appuyés sur les réseaux de notables. Ces réseaux semblent se mettre en place en partie dans les confréries. Toutefois les relais locaux de la répression ne font pas intervenir tous les notables et l’ensemble de la population annonéenne ; ils ne concernent qu’une minorité de la population.

La persécution des années 1683-1710 donne donc les moyens d’apercevoir l’état de la communauté réformée et les relations qu’elle entretient avec les catholiques. Les variantes sont nombreuses. Annonay, qui semblait une ville marquée par des rapports interconfessionnels sereins avant 1685, a connu une dégradation importante. En revanche les communautés privadoise et villeneuvoise, peut-être en raison d’une résistance faible ou plus discrète, ou encore grâce à l’attitude des catholiques, évoluent vers une situation plus calme. Ces transformations ne doivent pas toutefois dissimuler les nombreuses permanences dans les caractéristiques des deux communautés.

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Notes
499.

Pour Privas : ADA 1 MI 325, Registre et catalogue des confrères de la confrérie du Confalon en la ville de Privas, 1757-1877. Pour Annonay : archives la paroisse Sainte Claire, non coté Catalogue de ceux et celles qui sont dans la confrérie de l’escapulaire de l’église collégiale et paroissiale d’Annonay, 1712 et Livre pour la réception des pénitents commencé sous le rectorat de Mr Joseph Presles procureur au bailliage le 25 septembre 1746 .Pour Villeneuve-de-Berg :Archives diocésaines de Viviers, Fonds Villeneuve-de-Berg C 3 et C 12, Liste des confrères de la congrégation de la Très Sainte Vierge établie en cette ville le 25 décembre 1739. et article de J. Ribon, « Les Pénitents à Villeneuve », Revue de la société des Enfants et Amis de Villeneuve-de-Berg, Octobre, 2004, pp. 20-29.

500.

Voir tableau 40.

501.

Noté « an » sur le tableau 40.

502.

Voir les tableaux 41 et 42.

503.

ADA C 1961, 1690.

504.

ADA 5 E 40, registres pastoraux d’Annonay, 1690.

505.

Basville (M. de), Mémoires pour servir à l’histoire du Languedoc, Amsterdam, Boyer, 1734, p. 137.

506.

Lettre de l’intendant Basville à Fourel dans « Le protestantisme à Annonay », B.S.H.P.F., 1881, p. 119, un autre signe des limites de la violence et de la contrainte dans la politique de conversion.

507.

ADA 5 J 160/1, Lagarde de Chambonas, Abrégé des ordonnances synodales de Mgr l'évêque de Viviers (depuis 1693), renouvelées au synode de Bourg-St-Andéol (1711), Bourg-Saint-Andéol, 1711.

508.

D’après ADA BIB 3182, Mr l’abbé Léorat-Picansel, Vie de Monsieur Louis Chomel mort en odeur de sainteté à Annonay , Avignon, 1788, réédité en 1928, p. 17-18.

509.

H. Léorat-Picancel, ouvrage cité, p. 37.

510.

SHPF MS E 89, registre du consistoire de Lagorce, 24/02/1673, p.50-51.

511.

Extrait du registre paroissial d’Alissas, Le 8 novembre 1654, cité par J. Bouvier, L’envers de l’édit de Nantes, article inédit.

512.

Idem.

513.

ADA 2 E 4586, testament de F. Lauzel dans les actes du notaire Laurent, 03/11/1702.

514.

ADA 11 B 42, archives de la justice royale, abjuration collective de 1685.

515.

ADA 11 B 42, archives de la justice royale, abjuration collective de 1685.

516.

ADA 2 E 4422, archives du notaire Grégoire, 10/03/1743, fol. 333-334. « En premier lieu a recommandé son âme à dieu le père tout puissant le suppliant très humblement par les mérites de la mort et passion de N.S.J.C. de recevoir son âme en son royaume céleste lorsqu'elle viendra à être séparée de son corps »

517.

ADA 28 B 16 et 28 B 14 daté du 22/6/1718 : ordonnance de la cour de Villeneuve-de-Berg : en 1728 : « Sieur Charles Tavernol marchand tanneur de la ville de Privas est condamné à passer une nouvelle reconnaissance à Messire Jean Aygon prêtre et prieur de Pranles, d'une pièce de terre située au terroir de Chassagnes paroisse de Lubilhac, ci-devant acquise par feu Jacques Presles (beau-père de Tavernol) de Me Alexandre du Bénéfice, capitaine-chatelain de Chomérac, du lieu du Bois paroisse de Chomérac,le 11 novembre 1698, moyennant le prix de 400 livres, 28 livres d'étrenne et une quartière et demie froment de cens annuel. En outre à lui payer les droits de lods relatifs à la dite acquisition et les censives depuis 1694. Pour appuyer ses dires Aygon utilise un document de 1520 : reconnaissance de la directe consentie par Antoine Dusserre à feu vénérable André de Grolée, prieur de Pranles, pour ladite terre, sous le cens de 2 quartes rases blé ».

Aygon est demandeur dans ce procès, c'est lui qui engage l'action en justice pour faire reconnaître sa directe sur cette terre ; il gagne son procès contre Tavernol et obtient que désormais il lui paie le cens plus les arrérages depuis 1698. Une autre affaire préocuppe le prieur de Pranles : le 15 mars 1715, Me Jean Aygon avait engagé une action en justice pour obtenir une « rente annuelle d'une quarte de bled froment » pour une vigne située à Chassagnes, dans les environs de Privas. Cela révèle la ténacité de Jean Aygon. L'action en justice avait été déclenchée en 1711 par un exploit d'huissier. Au total, un curé très soucieux de ses intérêts matériels ou de ceux de son prieuré.

518.

E. Gamonnet, Etienne Durand et les siens, ouvrage cité, p. 56-57.

519.

Draussin H., « Les protestants de Chomérac », B.S.H.P.F., 1886, pp. 24-29.

520.

Villeneuve (Mgr), ouvrage cité, p. 194.

521.

Archives du presbytère protestant d’Annonay, manuscrit non coté, 1700.

522.

Voir tableau 1.

523.

ADA E dépôt 75 GG 5, archives de la communauté de Privas, 16/11/1752.

524.

ADA E dépôt 75 GG 5, archives de la communauté de Privas, 16/11/1752.

525.

Voir graphique 58 sur les influences de Chomel le béat de sa famille.

526.

D’après Léorat-Picansel, Vie de Monsieur Louis Chomel mort en odeur de sainteté à Annonay , Avignon, 1788, réédité en 1928, p. 46.

527.

D’après Léorat-Picansel, ouvrage cité, p.41-45.

528.

D’après Léorat-Picansel, ouvrage cité, p. 41-45.

529.

Chomel le béat, Histoire du protestantisme, Annonay, 1768, p. 443-444.

530.

Filhol A., Histoire religieuse et civile d’Annonay, Annonay, 1882, p. 148.

531.

Voir tableau 2.

532.

ADA 5 E 37, registre d’actes pastoraux d’Annonay repris dans « Le protestantisme à Annonay 1700-1701 », B.S.H.P.F., 1881, pp. 117-124.

533.

D’après ADA 5 E 37, Séance au bailliage d'Annonay du 10/4/1688 : Jean Fourel présente ses idées devant la cour, présidée par Jean Bollioud, lieutenant principal. Il demande que les protestants qu'il a ramenés de Suisse fassent abjuration devant la cour : « Il a ramené Sr Barthélémy Veyre bourgeois, fisl dudit Siméon Veyre damoiselle Anne de Montchal sa femme et Damoiselle Catherine Veyre fille dudit Siméon et femme de Me Gédéon Léorat avocat en nostre cour pour leur faire faire abjuration pour luy servir en ce que de raison et a signé ». Pourquoi Fourel va-t-il chercher ces gens-là et pas d'autres ? Parce que leur père Siméon Veyre est venu le voir pour lui demander de l'aide, et que Gédéon Léorat est un avocat du bailliage, qu'il connaît. A leur retour à Annonay, ils doivent faire abjuration devant le curé puis reconnaître devant la cour les « mérites » de Fourel.

534.

Régné J., Rapport confidentiel sur les notabilités du Haut-Vivarais, ouvrage cité, p. 197-207 .

535.

Voir la liste des fondations de messes en annexe 12.

536.

ADA 5 E 37, lettre du 20 septembre 1700.