Des signes d’effacement des divisions confessionnelles

En 1780, l’abbé Giraud-Soulavie 603 ne présente plus les protestants de la même manière. Il évoque, dans l’introduction de son ouvrage, les atrocités des guerres religieuses du XVIe siècle, et ne rejette pas systématiquement la responsabilité de toutes les violences sur les protestants. Il reconnaît que les catholiques se sont comportés avec la même sauvagerie. Une telle démarche est nouvelle, d’ordinaire les auteurs de chaque confession s’efforçaient plutôt de présenter les défauts de l’autre camp et les qualités du sien. L’attitude de Giraud-Soulavie trouve des symétriques dans les écrits de Court, par exemple dans sa condamnation des massacres commis pendant la guerre des Camisards, ou dans les lettres du pasteur Peirot qui désigne l’Eglise catholique par le terme « d’Eglise dominante ». La modération des termes annonce des relations nouvelles. Il y a peut-être ici un élément précurseur de ce qui va se passer dans les villes étudiées.

Notes
603.

A. Giraud-Soulavie, Histoire naturelle de la France méridionnale, tome I, Nîmes, C. Belle, 1780, p. 103.