Choix méthodologiques concernant notre outil vidéo

Comme dans notre étude préliminaire de D.E.A., notre expérimentation a comme support des séquences vidéos, fournies par le réseau INSERM « Démence et Qualité de vie », dans le cadre duquel s’inscrit cette recherche.

Lors de la conception des vidéos, deux plans des même entretiens ont été réalisés : une personne filmait en gros plan le visage de la personne âgée, alors qu’un autre cameraman filmait la scène d’interaction entre la personne âgée et le thérapeute.

Cette distinction a été réalisée pour permettre à une autre équipe du réseau INSERM « Démence et qualité de vie », dirigée par L. Schiaratura (Université de Lille 3), de décoder les images sur des critères objectifs, grâce aux scènes filmées en gros plan : mimiques, détournements de regard, comportements de synchronie, gestes iconiques et marqueurs du discours, gestes de pointage et d’auto-contacts.

Concernant notre recherche, nous avons choisi d’utiliser uniquement les plans concernant les interactions entre les personnes âgées et les thérapeutes, nous intéressant à l’induction par le thérapeute d’un état émotionnel chez la personne âgée filmée.

Afin d’éviter l’habituation, nous n’avons jamais visionné d’entretiens impliquant deux fois la même personne âgée.

En effet, lors de notre étude de DEA, chaque entretien filmé avait été partagé en deux parties visionnées chacune sans le son, puis avec le son.

Nous avions observé que le second visionnage avait induit une nette diminution des consensus exprimés, ainsi qu’un nombre de réponses globalement moins importantes. C’est pourquoi nous avons choisi de neutraliser ce possible phénomène d’habituation en ne faisant visionner les vidéos qu’une seule fois.

A raison de six projections par séance, l’ensemble des projections s’est donc étalé sur six séances. Les séances d’expérimentation ont duré une heure trente et environ quinze jours se sont écoulés entre deux séances. Aucun échange verbal concernant cette expérimentation n’avait lieu entre les participants pendant la séance, ni entre deux séances (afin de ne pas influer sur les jugements subjectifs émis).

De même, afin de minimiser l’habituation, nous avons fait appel à deux catégories de groupes distincts pour visionner les vidéos avec et sans le son :

Nous proposons une liste de douze termes pouvant qualifier la disposition psychique des personnes âgées : l’angoisse, la douleur, la sérénité, le détachement, la crispation, l’étonnement, la gaieté, l’abattement, l’excitation, le mécontentement, la désorientation et le désespoir.

Nous ne demandons pas aux personnes expérimentées d’évaluer objectivement l’état émotionnel de la personne âgée, mais ce qu’elle leur inspire, ce qu’elles pensent de son état psychique; cela explique la présence de qualificatifs autres que ceux décrivant usuellement les émotions, comme par exemple l’impression de désorientation. Nous sommes tout à fait conscients que ces termes ne correspondent pas à des émotions, mais plutôt à des états caractéristiques de la démence. Il nous a semblé toutefois important de les inclure dans notre classification, ayant été largement identifiés comme spécifique à cette pathologie.

Nous n’effectuerons pas cette distinction sémantique entre états et émotions dans notre étude et nous utiliserons le terme générique d’« états émotionnels ».