1-2- Analyse des résultats globaux

En item dominant, la sérénité se constate dans un quart des cas : elle semble fréquemment constituer la réponse « neutre » et peu engageante, lorsque l’état émotionnel des personnes âgées filmées n’est pas flagrant. Nous remarquons également le pendant « négatif » que semble constituer l’impression de désorientation, présente quant à elle dans 15,71% des cas : une personne âgée sereine ne sera que très rarement qualifiée de désorientée en deuxième intention, et vice versa.

La mention « autre » conserve une place non négligeable, figurant en troisième position, et montre l’incomplétude de nos choix d’items pour les participants, mentionnant régulièrement la tristesse comme choix libre.

Concernant la mention « autre » pour l’item dominant, 263 items différents ont été relevés et répertoriés en annexe (cf. Annexe 12).

Nous dégageons les dix termes les plus fréquemment cités :

• La tristesse dégagée par la personne âgée filmée (mentionné 139 fois)
• Son apparente neutralité (68 fois)
• Sa résignation (52 fois)
• Sa lucidité (51 fois)
• Sa nostalgie (48 fois)
• Sa confusion (28 fois)
• Son réalisme (21 fois)
• Son fatalisme (18 fois)
• Ses marques d’intérêt (16 fois)
• Sa nervosité (13 fois)

Particulièrement mentionnée, la notion de tristesse semble correspondre à un item manquant à notre classification proposée aux personnes interrogées. Cette constatation se reflète également dans les mentions « autre » répertoriées pour l’item secondaire, relativement identiques à celles de l’item dominant (cf. Annexe 13).

En item secondaire, la place des non-réponses est particulièrement représentée ; elle témoigne d’une difficulté manifeste à compléter une première impression concernant l’état émotionnel des personnes âgées filmées. L’impression de gaieté, particulièrement mentionnée en seconde position, a fréquemment été couplée à l’impression première de sérénité ; de même, l’impression de détachement accompagne régulièrement celle de désorientation, lorsque celle-ci est mentionnée en premier choix.

La répartition des réponses consolidées s'établit comme suit :

La sérénité constitue l'état émotionnel le plus fréquemment cité ; il est pointé pour près d’un tiers des cas (32%) en item dominant ou secondaire.

La désorientation de la personne âgée est quant à elle mentionnée dans 22,6 % des cas (toujours en premier ou en second choix).

Suit la gaieté (16,4 %) et le détachement (15,9 %).

A l'inverse, les items les moins mentionnés sont les douleurs physiques (4,6 %) et l'étonnement (4,8%).

Lorsque l'on demande aux participants de motiver leur choix concernant l’item dominant, près des deux tiers ne peuvent pas (ou ne souhaitent pas) expliciter les critères sur lequel leur jugement se fonde (65,9% des cas). Le pourcentage de non-réponse, encore davantage marqué concernant l’item secondaire, témoigne de la difficulté pour les personnes interrogées de motiver le critère de leur choix.

Lorsque les personnes testées motivent leur choix pour l’item dominant, il y a relativement autant de personnes qui ne fournissent que des critères verbaux (14,8%) que de personnes ne s'attachant qu’à des indices non verbaux (15,5%).

Dans seulement 3,8% des cas, plusieurs critères incluant indices verbaux et non verbaux sont spécifiés.

Nous comprenons dans les critères verbaux l'ensemble des indices faisant référence au discours verbal de la personne âgée filmée ; nous englobons également dans cette catégorie ce qui se rapporte à la prosodie, c'est-à-dire à la ligne mélodique du discours. La référence à une absence de communication verbale durant l'entretien constitue également un critère verbal.

Nous soulignons également qu'il existe aussi des critères verbaux mentionnés par des personnes ayant pourtant visionné les vidéos sans le son : dans ce cas précis, il s'agit de critères verbaux supposés, à partir de ce que donne à voir les inter acteurs à l'écran : « elle semble parler beaucoup » ou « conversation apparemment animée » sont ainsi des exemples de critères verbaux sur lesquels certains observateurs ont fondé leur jugement.

Dans la catégorie des critères non verbaux, nous incluons l'ensemble des indices faisant référence à la communication non verbale ; nous distinguons ce qui se rapporte à la gestualité et à la tonicité des personnes filmées (posture, mouvements, position, vivacité,...) et ce qui se réfère à l'expression faciale des personnes filmées (mimiques faciales, expression du regard, tension du visage,...).

Concernant toujours l’item dominant, la gestualité et la tonicité apparaissent comme les indices non verbaux les plus évidents sur un temps court d'observation ; ils ont été mentionnés dans 13,1% des cas, alors que les expressions du visage s’avèrent moins révélatrices de l'expression dominante de la personne âgée (seulement dans 8,7% des cas).

Concernant l’item secondaire, l’écart s’atténue légèrement entre la gestualité et les expressions du visage. Mais le second item demeure fortement marqué par la quasi absence de critères explicitant le choix des personnes (plus de 80% de non-réponses), qui rendent peu significatives les réponses renseignées.

Toutes vidéos confondues, le besoin relationnel des personnes âgées filmées est évalué comme étant plutôt « faible » dans quasiment un tiers des cas et « relativement important » dans près de la moitié des cas. Nous constatons ici le taux relativement bas de personnes jugeant en apparence une absence total de besoin relationnel, ce qui apparaît plutôt un chiffre réconfortant pour la prise en soin de ces personnes.

Dans près de deux tiers des cas, les personnes interrogées ont constaté un besoin relationnel important, voire très important.

De manière générale, la qualité relationnelle entre le thérapeute et la personne âgée filmée semble plutôt « correcte ».

Près de 5% des personnes interrogées notent cependant une relation très insatisfaisante, ce qui correspond globalement au même chiffre que l’absence de besoin relationnel. Nous remarquons lors du dépouillement des questionnaires le lien particulièrement fréquent entre ces deux choix de réponse. Certaines personnes interrogées trouvaient même ces deux questions redondantes car automatiquement complémentaires, bien qu’il soit tout à fait possible d’entretenir une relation médiocre avec une personne pourtant en forte demande relationnelle et vice versa…

Enfin, la qualité de vie de la personne âgée est jugée « correcte » dans 60% des cas et « très satisfaisante » dans 9,7% des situations. Plus d’un quart des observations laisse entrevoir une qualité de vie médiocre (22,9%), ou très insatisfaisante pour la personne âgée (3,9%).

Concernant le critère d’appréciation de la qualité de vie, les personnes testées se sont principalement basées sur l'état émotionnel de la personne âgée filmée (dans 38,9% des cas), ainsi que sur son apparence extérieure (soins esthétiques, coiffure, bijoux, tenue vestimentaire,...) mentionnée dans 36% des cas.

Il est cependant important de noter que l'environnement matériel de la personne âgée n'était pas toujours visible et que la qualité parfois moyenne de l'image constituait un biais non négligeable pour cette question.

Les autres critères (2,4% des réponses totales) qui ont permis aux personnes testées d'évaluer subjectivement la qualité de vie des personnes âgées filmées sont rapportés en annexe (cf. Annexe 9).

Trois indices reviennent à de multiples reprises : il s'agit de l'état de santé apparent de la personne âgée, de son comportement non verbal, ainsi que d’indications tirées du discours (ce dernier critère concerne bien évidemment ceux qui ont visionné les vidéos avec le son).