1-5-b- Critiques concernant la méthodologie

Quelques reproches ont été formulés par les personnes soumises à l’expérimentation au fil des passations :

Tout d’abord la qualité médiocre de l’image dans trois vidéos (filmées à contre-jour et où les expressions faciales des intervenants se discernaient difficilement) a perturbé légèrement la qualité du visionnage et a pu influer sur les réponses émises, notamment pour ceux qui ont visionné les vidéos sans le son. Comme nous l’avons mentionné plus haut, ces vidéos ont été enregistrées par une équipe de recherche INSERM ; l’objectif de croiser nos données avec d’autres études effectuées à partir de ces mêmes cassettes nous a incité, dans un souci de rigueur, à conserver la totalité des vidéos, malgré ce léger biais.

Ensuite, la question traitant de la qualité de vie est apparue souvent difficilement à renseigner, compte tenu du fait que le montage vidéo offre un gros plan des deux inter acteurs (la personne âgée et le thérapeute), sans fournir beaucoup d’éléments extérieurs concernant la qualité de l’environnement matériel de la personne âgée. Cette question s’en trouverait ainsi plus ou moins biaisée par une réponse nécessairement projective.

Enfin, la dernière critique émise touchait à l’inégale durée des projections vidéos ; en effet, celle-ci variait en fonction du temps consacré par la personne âgée à répondre à la question posée : certaines personnes âgées répondaient en moins d’une minute à la question, alors que d’autres dépassaient cinq minutes.

Cela relevait d’un choix méthodologique, pour la validité de nos données : nous avons préféré couper les séquences de cette façon afin de pouvoir discerner les expressions émotionnelles de la personne âgée filmée selon les trois thèmes (leur mère, un souvenir agréable et leur avenir), quel que soit le temps pris par les réponses.

Concernant les trois thèmes abordés systématiquement lors des entretiens filmés, nous avons pu effectuer certaines observations :

Tout d’abord, les trois thèmes imposés par le thérapeute n’ont pas toujours été respectés par les personnes âgées : certaines d’entre elles, notamment celles atteintes de DSTA, surinvestissaient une question et appliquaient partiellement la consigne. C’est un enseignement à considérer pour l »analyse des états émotionnels spécifiques aux trois thèmes abordés ?

C’est ainsi que notamment les personnes âgées atteintes de DSTA sévère n’ont semble t-il pas toujours compris certaines questions ou semblaient tout au moins ne pas souhaiter les aborder (phénomène d’évitement, de désintérêt ?).

Nous pouvons émettre l’hypothèse que certaines personnes ont pu comprendre la question et ont répondu précisément à côté, dans un but défensif inconscient.

C’est le thème évoquant leur mère qui est apparu le plus investi et le plus mobilisateur d’affects. Celui traitant d’un souvenir agréable a fréquemment fait référence à des anecdotes familiales récentes et heureuses, tels le mariage d’un petit enfant ou un regroupement familial autour d’un banquet. Le troisième thème, concernant la manière dont les personnes âgées envisageaient leur avenir, est apparu souvent incongru et source d’ironie de la part des personnes âgées sans troubles cognitifs. Manifestement, les personnes âgées atteintes de DSTA ont plutôt eu tendance à éviter cette question.