2- Etudes expérimentales secondaires

Introduction

Lors de notre étude principale, nous avons observé de nombreux consensus permettant de valider la continuité de l’expressivité non verbale des personnes âgées démentes, que cela soit au niveau de la cohérence des signes non verbaux émis avec les émotions ressenties ou de la pertinence de ceux-ci au fil de la maladie.

Dès lors, il nous a semblé important de réfléchir au poids des mots utilisés pour décrypter l’état émotionnel des personnes âgées démentes : étant à présent entendu que nous tombons régulièrement d’accord sur les états émotionnels apparents chez ces malades, même à un stade évolué de la maladie, deux questions essentielles restent en suspend :

  • la signification (et donc la compréhension) des termes utilisés sera t-elle identique pour les personnes âgées démentes, à qui nous serviront de « béquille verbale » afin de verbaliser les émotions que celles-ci nous suggèrent ?
  • l’équipe pluridisciplinaire elle-même s’entendra t-elle sur une acception commune pour évoquer l’état émotionnel que leur inspire un patient dément ?

En marge de notre étude principale, il nous a donc paru pertinent d’effectuer un axe de recherche complémentaire en proposant une étude lexicale en trois parties :

  • En reprenant les douze termes proposés dans notre fichier d’expérimentation (désespoir, excitation, angoisse,…), nous avons demandé à des personnes âgées atteintes de démence modérée, résidant en structure gériatrique, de définir et commenter à leur façon ces termes. Nous analyserons alors les propos émis, afin de dégager les consensus sémiologiques spécifiques à cette population âgée.
  • Une analyse lexicale identique a été proposée cette fois à un échantillon de 100 élèves aides-soignants (Ecole du Sud-Est à Lyon) afin de mettre à jour là aussi une éventuelle spécificité de leurs définitions de par leur formation professionnelle. Nous souhaitons connaître le sens accolé à ces états émotionnels, largement employé dans le secteur gériatrique, afin de percevoir si celui-ci est approximativement identique pour cette population, ou bien s’il existe au contraire des disparités importantes.

Nous n’avons effectué cette analyse lexicale qu’avec une des trois populations étudiées précédemment, mais cette étude annexe mériterait à notre sens une recherche ultérieure plus approfondie, incluant alors les psychologues et les infirmiers, dans le cadre d’une étude comparative.

  • A la suite de ces analyses lexicales, nous présenterons alors un partenariat effectuée avec un service de maintien à domicile lyonnais dans le cadre d’une mise en application pratique de nos enseignements : la recherche de l’élaboration d’un langage commun constitue le fil conducteur de cette « recherche-action », adressée aussi bien aux personnes âgées vivant à domicile pris en charge par les service de soins, à leurs proches et aux soignants eux-mêmes.