L’excitation

M. de R. : Ce sont des personnes très nerveuses, qui passent leur temps à remuer les mains dans tous les sens. C’est être agité, protester pour tout et rien.

Déranger son entourage, énerver les gens en étant soi-même énervé. Crier tout le temps.

On peut aussi être excité quand on reçoit des nouvelles d’une lointaine amie, qui nous invite à son mariage, ou bien lorsqu’on fait une bonne rencontre.

Mais c’est souvent quand on nous dit des choses désagréables, quand on est contrarié car les choses ne se passent pas comme l’on voudrait.

L’excitation est très souvent négative car elle se traduit par une agitation superflue ; par exemple, on peut faire des bêtises comme casser la vaisselle dans un coup de colère, car cela fait beaucoup de bruit et cela coûte cher.

L.S. : C’est de la nervosité qui se produit quand quelque chose nous inquiète. Mais cela peut aussi se produire pendant un moment de liesse, un événement heureux, comme par exemple quand quelqu’un nous promet de faire un voyage.

C’est quelque chose qui peut nous exciter positivement ou bien au contraire nous inquiéter.

Cela peut se produire quand on a trop bu, quand on est en colère, quand on nous embête, quand on attend un résultat. De toute façon, c’est quand on n’a plus le contrôle de ses nerfs.

On est excité quand on est en attente, la plupart du temps pour un événement heureux, comme par exemple à l’occasion d’une naissance ou d’un mariage. On a toujours un petit peu d’inquiétude lors d’un événement heureux car on aimerait que cela se passe bien.

Ce mot a un double sens : on peut être excité d’inquiétude ou bien excité de bonheur.

On est excité quand on se demande comment quelque chose va se produire.

On peut le manifester en tapant du pied, en ayant le cœur qui bat, en sentant des pulsions ; on ne reste pas en place, on va et vient. Le visage est rouge, ou au contraire tout pâle ; on est crispé. L’excitation, cela fait monter le sang. Les yeux sortent de la tête et les gestes sont plus ou moins contrôlés. On est stressé car on n’est pas soi-même. C’est quelque chose de renversant, un sentiment qui nous envahit.

Cela peut se produire lorsque l’on a la perspective d’un événement agréable, comme Noël, ou bien tout simplement un match de foot ou une lettre qu’on attendait qui est arrivée.

Petit Robert : Etat de celui qui est excité, accélération du processus psychique. Agitation, animation, énervement, fièvre, surexcitation trouble. Ardeur, désir, émoi. Exaltation enthousiasme.

Antonyme : Adoucissement, apaisement ; calme, dépression, flegme, tranquillité. Inhibition.

Quels enseignements pouvons-nous tirer de ces définitions proposées lors de ces séances d’atelier mémoire ?

Tout d’abord, nous sommes surpris par la pertinence de certaines réflexions, appuyées la plupart du temps par des exemples quotidiens éclairants. Les personnes interrogées puisent dans leur expérience de vie des illustrations à leur propos, en se référant très fréquemment aux étapes marquantes de leur existence : mariage des enfants, deuil de proches, naissances :

« On est gai quand on voit des personnes qu’on n’a pas vu depuis longtemps, quand une maman qui habite en campagne vient voir ses enfants en ville ou quand on partage un bon repas en famille. »

De même, leur quotidien en institution gériatrique est souvent évoqué, de manière plus détournée, dans leurs aspirations ou dans les contraintes de la vie en collectivité :

Le mécontentement, c’est également quand ça ne va pas comme on le veut avec la nourriture qui n’est pas satisfaisante et que l’on ne nous donne pas de vin à table. (…) Enfin, le mécontentement peut apparaître quand on a le nez qui coule et que l’on n'a pas de mouchoir.

Aussi, nous constatons une tendance particulière à s’étayer sur les changements physiques, notamment au niveau de l’expression du visage, pour compléter la définition d’une émotion :

« La douleur, c’est quand on a le visage triste, les joues se creusent ; tout change : on est maladif, anxieux, notre teint est blanc, notre respiration devient rapide, les larmes nous coulent des yeux. »

« Nos yeux sont fatigués, las et parfois affolés ; les paupières se gonflent, nos traits se crispent. »

Si nous effectuons un comparatif avec les définitions fournies par les professionnels de soins, cette remarque semble spécifique aux personnes âgées : dans leur rapport aux autres, elles sont donc vigilantes et attentives aux modifications non verbales constatées ; l’outil non verbal semble ainsi constituer pour elles un critère fiable d’évaluation, tant il est pointé comme un support majeur pour percevoir les changements émotionnels.

Nous notons certaines formes d’humour, faisant parfois penser à de l’autodérision, ainsi que l’emploi fréquent de formulations imagées :

« La désorientation, c’est quand on ne sait plus où l’on est, quand on a perdu le Nord : on n’a plus qu’à aller au Sud ! »

«  On peut avoir une douleur au cerveau : l’état de folie. »

Enfin, nous remarquons des allers-retours fréquents entre l’utilisation du « nous » ou du « on », lorsqu’elles se sentent particulièrement impliquées par les réponses ou les exemples fournis, et l’emploi de pronoms impersonnels lorsqu’une distanciation semble nécessaire avec les propos émis :

« La désorientation : On est angoissé, on ne sait plus se diriger ; c’est quelqu’un qui ne sait pas ce qu’il dit, ce qu’il fait. ».

Nous constatons ici l’aspect apparemment défensif d’une telle tournure de phrase.