Position

Nous proposons ici un point de vue sensiblement différent qui tend à remettre en cause ce postulat. De la planification « traditionnelle » à la planification dite de « projet », l’évolution couramment décrite et communément admise vise selon nous essentiellement à nourrir une rhétorique de l’avènement : alors que s’affirme une notion, il est en effet de bon ton de l’opposer aux précédentes. Il est surtout important de l’inscrire dans une perspective évolutive, de la faire participer du mouvement du progrès.

La plupart des ouvrages de vulgarisation et des discours actuels déploient pour cela une « histoire » des interventions urbanistiques scandée par différentes étapes qui légitiment l’avènement du projet de territoire et entérinent une démarcation entre deux âges de l’urbanisme 6 . Ils dressent généralement un état des lieux qui insiste sur un profond renouvellement des pratiques (on quitterait les approches incantatoires pour une meilleure efficacité gestionnaire), signale une évolution des modes de penser et d’agir (on irait progressivement du « ponctuel » au « global ») et conclut sur l’introduction d’un nouveau modèle d’action. La voie royale ainsi tracée permet de déprécier le plan et le schéma (traditionnel) pour mieux inscrire le projet de territoire (nouveau) dans une perspective évolutive 7 .

Notes
6.

Voir à cet égard les publications d’Entreprise Territoires Développement (ETD). Le lecteur pourra notamment télécharger les études à partir du site internet www.projetdeterritoire.com : Territoires et projets : pratiques de développement territorial, ETD, octobre 2005 ; L’approche économique des projets de territoires, ETD, coll. « Les cahiers du projet territorial », n°3, juin 2005 ; La conduite du projet de territoire, ETD, coll. « Les cahiers du projet territorial », n°1, septembre 2004. Voir également les comptes rendus des Ateliers du SCOT et du Projet de territoire organisés par le Ministère de l’Equipement en 2005 ( www.equipement.gouv.fr ).

7.

C’est d’ailleurs sur ce mode là que ce sont déjà forgées les terminologies opposant urbanisme réglementaire (traditionnel) et urbanisme opérationnel (nouveau), normes coercitives et prévisions incitatives. Voir à cet égard, GAUDIN J.-P., L’avenir en plan. Technique et politique dans la prévision urbaine, 1900-1930, Champ Vallon, 1985, p. 15.