L’objectif de ce chapitre est d’appréhender la structuration du domaine scientifique de la planification urbaine. Nous entendons par domaine scientifique, le lieu de production des savoirs et des connaissances scientifiques sur la planification.
Le propos est organisé en trois temps. Nous étudierons tout d’abord les notions de planification et de projet pour voir ce qu’elles recouvrent et le sens qui leur est associé. Ce travail sémantique préalable permet de délimiter le champ de notre recherche et de clarifier nos axes d’investigation qui porteront essentiellement sur les phases de conception et de mise en œuvre des SDAU 17 et des projets de territoire ou d’agglomération. Nous procéderons ensuite à l’examen des configurations disciplinaires alimentant le domaine scientifique de la planification depuis les années 1970. Ainsi, après avoir révélé les moments d’autonomie et de dissémination de ce domaine au sein de la recherche urbaine, nous nous attacherons à clarifier, dans un troisième temps, les apports respectifs des travaux scientifiques réalisés jusqu’à aujourd’hui mais aussi leurs limites dans l’analyse des processus de planification urbaine. La perspective diachroniquesera ici notre fil conducteur pour rendre raison de la variabilité des cadres et genres de connaissance. Nous serons donc attentifs aux glissements de sens susceptibles d’illustrer les tendances d’évolution de la planification urbaine.
Pour conduire cette investigation, nous reclasserons l’ensemble des recherches selon quatre périodes qui ont, nous semble-t-il, des spécificités au regard de trois domaines : les politiques urbaines nationales, le contexte institutionnel de la recherche et le contexte scientifico-idéologique. Pour chaque période, il est bien évident que les investigations et les modes de questionnements retenus pour analyser la planification urbaine portent sur un nombre considérable de champs. Nous proposons d’en aborder certains sans toutefois prétendre à l’exhaustivité, en se fondant sur trois grands axes. Ils recouvrentles champs et les objets de la planification 18 , les acteurs 19 ainsi queles méthodes et les outils 20 .
devenus Schémas Directeurs (SD) depuis la loi du 7 janvier 1983.
Ce premier axe aborde notamment les notions de territoire, l’organisation de l’espace urbain, les dynamiques économiques, les formes urbaines et les infrastructures.
Ce deuxième axe traite essentiellement des pratiques des acteurs et de leurs comportements face à l’effectivité de la planification.
Ce troisième et dernier axe porte principalement sur l’organisation des décisions, le choix des échelles spatiales et temporelles, les modes de production et les structures de planification.