1.1. La planification et le projet : des notions floues et souvent opposées

Avant d’appréhender dans le détail la structuration du domaine scientifique de la planification urbaine, il importe que nous analysions ce que recouvrent les notions de planification et de projet. Ce travail est en effet incontournable non seulement pour construire nos questionnements de recherche mais également pour déterminer nos choix théoriques et méthodologiques. Ainsi, après avoir exposé à quel point il est difficile pour le chercheur de faire état d’une version stable et univoque de la planification et du projet, nous nous attacherons néanmoins à clarifier ce qui est sous-tendu par ces deux notions. A défaut de pouvoir rendre compte de concepts très formalisés, la démarche consiste alors à identifier les catégories de penser et d’agir qui leur sont généralement associées.

Cette investigation bibliographique permet de dégager un point important parmi les représentations aujourd’hui attachées à l’action urbaine. Elle montre que, malgré l’ambiguïté de ces deux notions, la plupart des recherches urbaines et des discours des élus ou des praticiens ont en commun de traiter le projet comme un modèle d’action en complète rupture avec le système « traditionnel » de planification reposant sur la procédure de schéma directeur. A la planification « sectorielle », « rigide » et « bureaucratique », ils opposent de manière systématique la logique « transversale », « interactive » et « fédératrice » du projet 28 .

Notes
28.

Voir notamment CADIOU S., La cité de l’expertise. Savoirs et compétences d’experts dans le gouvernement des villes, Thèse de Doctorat en Sciences Politiques, décembre 2002, p. 119.