Le corpus des travaux scientifiques sur lesquels nous nous appuyons renvoie principalement aux activités de conception et de mise en œuvre des schémas directeurs et des projet de territoire. Il s’agit en réalité de comprendre la logique dont la planification urbaine est investie dans le cadre d’une dynamique sociale.
Dans cette perspective, notre revue de littérature n’aborde pas les travaux de recherches relatifs à la genèse de la planification urbaine ni ceux focalisant sur sa définition. Une question que nous aurons à traiter est donc : dans quelle mesure et comment les chercheurs ont-ils analysé les schémas directeurs et les projets de territoire, qu’il s’agisse de leur élaboration (qui comprend aussi les travaux de prospective qui les accompagnent généralement), et de leur mise en œuvre ?
Nous soulignons également que nous privilégierons les recherches « sur » la planification et non « pour » la planification 103 . Seules les recherches qui ont analysé les schémas directeurs et les projets de territoire ou d’agglomération, leur production et leur gestion, seront évoquées dans notre revue de littérature. Nous n’aborderons donc pas les analyses qui ont été réalisées pour aider à leur conception et à leur mise en œuvre 104 .
Toutefois, si nous avions strictement restreint notre revue de littérature aux recherches sur les schémas directeurs et les projets de territoire ou d’agglomération, le corpus des travaux scientifiques sur lesquels nous appuyer eut été assez limité. Les SDAU et autres projets de territoire sont évoqués et parfois analysés comme des composantes des « politiques urbaines », notamment dans le cadre de recherches sur les gouvernements urbains et les stratégies de développement urbain ou métropolitain. Nous avons donc élargi la collecte des recherches en intégrant dans notre corpus des travaux qui ne traitent qu’indirectement ou secondairement des schémas directeurs et des projets de territoire.
Toutefois, la coupure entre « recherche pour » et « recherche sur » tend à se réduire. En effet, il semble que progressivement et surtout depuis les réformes récentes de l’Université, chercheurs et universitaires développent une activité d’expertise, qui est bien une forme de mobilisation des compétences scientifiques pour l’urbanisme, à défaut d’être toujours de l’ordre d’une recherche. Nous pouvons également noter que le début des années 1970 a constitué une période assez exceptionnelle d’articulation entre la recherche sur la planification urbaine et les pratiques politico-professionnelles, et qui a vu notamment la majorité des chercheurs conviés par l’Etat à un colloque destiné à rendre utilisables leurs travaux par l’administration (« Politique urbaine et planification des villes », Dieppe, avril 1974). Voir à cet égard, ASCHER F. (1995), op. cit., pp. 6-9.
D’ailleurs, seules les années 1970 et le début des années 2000, qui correspondent à la mise en œuvre des instruments de la planification urbaine, ont constitué un corpus de recherche appliquée, voire de recherche-développement pour les acteurs des villes et l’urbanisme. Ces recherches recoupent notamment les champs des « expérimentations », et plus récemment de « l’évaluation des politiques publiques ».