Dès le milieu des années 1970, des approches différentes de la planification urbaine remettent en cause les interprétations théoriques de la période précédente. La plupart s’inscrivent dans un courant de critique radicale à la fois de certaines formes de la recherche savante et des logiques de pouvoir. S’agissant de la planification urbaine, c’est en premier lieu l’analyse des pouvoirs d’Etat qui est contestée.
D’autres approches, comme celles de P. Veltz sur les POS et la politique urbaine à Dunkerque 123 sont intéressantes car elles montrent que la LOF de 1967 n’introduit pas des ambitions et des dispositifs si nouveaux que l’on a voulu faire croire 124 . Elles relativisent ainsi les interrogations sur la planification urbaine ou les déplacent sur d’autres champs.
P. Veltz donne ainsi la priorité à l’étude des modes de faire et des divers groupes d’acteurs qui participent à la mise en œuvre des schémas de planification. Il propose notamment de réintroduire l’étude des logiques d’acteurs en les replaçant à la fois dans leur contexte « structurel » et dans les théories de la sociologie des organisations qui ont été marginalisées du champ d’analyse marxiste. Ce type d’approche anticipe en réalité le vaste courant d’études d’isolats locaux de taille réduite et le renouveau de l’intérêt pour les récits de vie (comme champ de cette « micro-physique du pouvoir » 125 ) et l’analyse des différents groupes d’individus ; phénomènes qui vont s’amplifier au tournant des années 1970-1980.
VELTZ P., Les POS : 1. Le droit et les logiques nationales, Paris, Copedith, 1975, 214 p. ; VELTZ P.,
La politique urbaine à Dunkerque, 1970 à 1977, Paris, Beture, 1977, 239 p. ; VELTZ P., Histoire d’une réforme ambiguë. Les plans d’occupation des Sols, Paris, CRU, 1979, 214 p.
P. Veltz remet en cause « l’extraordinaire plasticité des procédures planificatrices » d’H. Coing et R. Bercoff-Ferry, et récuse comme « inopportune » l’appellation même de « Monopolville » de M. Castells et F. Godard. Le contraste entre la souplesse des formes particulières de l’activité institutionnelle et l’inertie des trames lourdes incite l’auteur à se demander si, malgré la solennité et la volonté globalisante dont se parent les procédures de planification, les analyses n’en restent pas à un niveau superficiel et quelque peu illusoire du fonctionnement étatique. L’analyse des conditions d’élaboration des POS apporte par ailleurs de nouveaux éclairages. Si, d’un côté, elle dénonce à nouveau les formalismes institutionnels et les diverses interprétations sociales qui se dissimulent derrière la rigidité des procédures planificatrices, elle met aussi en exergue les éléments de continuité qui structurent le champ institutionnel et renforce les interrogations déjà posées sur l’ampleur réelle des mutations globales postulées par les deux monographies de 1973. Voir notamment, COING H., BERCOFF-FERRY R.,
La planification urbaine à Dunkerque. Les éléments du dossier, Trappes, Beture, 1973, 120 p.
AMIOT M., op. cit., p. 239.