1.3.2.5. Apports et limites de la sociologie des organisations et de la théorie de l’acteur

Les approches crozériennes sont intéressantes pour construire notre cadre théorique car elles ont minoré les questionnements qui étaient principalement centrés sur les fins de la planification urbaine, au profit de l’analyse des moyens et des mécanismes mis en oeuvre par des groupes divers. La théorie de l’acteur est en réalité une interprétation systémique de l’action collective, c’est-à-dire de l’action organisée. A une conception rationaliste, positiviste du fonctionnement des organisations sociales prônée par la planification urbaine, elle oppose le jeu toujours contingent, aux résultats forcément incertains, des acteurs individuels dans leur coopération forcée. Ainsi résumée de façon lapidaire, la théorie de l’acteur se fonde sur trois postulats : l’action comme convergence socialement construite des libres choix des individus ; le pouvoir comme expression de l’interaction des hommes, échappant à toute appropriation totale ; le changement comme transformation, innovante et inéluctable à un moment donné, d’un système d’action.

En revanche, les approches théoriques de la sociologie des organisations négligent la problématique des conflits sociaux et de la domination, qui était au cœur des analyses marxistes. Elles privilégient en effet la toute puissance de l’acteur, de l’organisation et de quelques secteurs privés aux dépens de l’institutionnalisation et des symboliques politiques. Ce glissement des chercheurs vers l’analyse des politiques urbaines a été par la suite fortement influencé par l’approche des politiques publiques. Or, si elle a pu servir de « boîte à outils » pour les politiques locales ou urbaines, elle a surtout ignoré le « local » au profit de l’analyse des groupes de pression ou d’intérêt à l’échelon national 131 .

Notes
131.

BIAREZ S., note de réflexion non titrée, in ASCHER F. (1995), op. cit., p. 53.