1.3.4.2. Les limites des recherches lancées depuis le début des années 2000

Il est évidemment prématuré d’identifier ce qui est susceptible de se dégager de ces programmes de recherche comparative, mais il est probable qu’ils auront des effets sur la façon d’aborder la planification urbaine. En revanche, les questionnements de recherche nous paraissent encore trop cloisonnés pour que les analyses puissent formuler une véritable synthèse qui permettrait d’appréhender le véritable sens du renouvellement actuel de la planification urbaine.

Tout d’abord, les recherches actuelles n’abordent quasiment pas l’articulationentre la phase de conception et la phase de mise en œuvre de la planification urbaine.

Ensuite, la plupart des approches ne sont pas conçues de façon à tenir compte à la fois des dimensions substantielles (i.e. le contenu) et des dimensions institutionnelles (i.e. les modes de faire) de la planification. En réduisant très souvent les analyses aux seuls aspects analytique et programmatique de la planification, les recherches actuelles privilégient surtout les approches « évaluatives » centrées sur les modes de faire aux dépens de celles portant sur les problèmes idéologiques et symboliques. La plupart des analyses traitent en effet uniquement de la capacité des outils et des méthodes de la planification à pouvoir résoudre les problèmes d’aménagement du territoire, en négligeant l’étude de son contenu social et de son impact idéologique sur la scène politique locale 164 .

Enfin, si les recherches actuelles observent logiquement quels sont les enjeux sociaux traités de manière prioritaire par la planification « stratégique », il s’avère qu’elles ne les envisagent pas comme des objets d’analyse à part entière. En effet, aucun d’entre eux n’est référencé à des intérêts spécifiques de telle ou telle partie de la population, ou de tels ou tels acteurs. Les grands choix urbains et les décisions de localisation des principaux équipements collectifs ne sont pas davantage analysés au regard des intérêts des différents systèmes d’acteurs.

Notes
164.

Sur l’optimisation des outils de la planification, voir notamment : COMMISSARIAT GENERAL AU PLAN, Cinquante ans de planification à la française, Paris, Commissariat général au plan, 1997, 40 p. ; BEAUCIRE F.
(et alii), Stratégies urbaines et outils de planification de la ville et des transports. Bilan et réflexions, Lyon,
Agence d’urbanisme pour le développement de l’agglomération lyonnaise, 1999, 19 p. ; SAUVEZ M., « Evolution de la planification spatiale en Ile-de-France », Villes en parallèle, déc. 2000, n°30-31, pp. 217-227 ; BRANCHE A., Evolution de la planification régionale en Ile-de-France, Paris, IAURIF, 2002, 128 p. ; concernant la bibliographie étrangère, voir notamment HEALEY P., Collaborative planning : making places in fragmented societies, London, Macmillan, 1997 ; HEALEY P., KHAKEE A., MOTTE A., NEEDHAM B. (eds), Making strategic spatial plans : Innovation in Europe, London, UCL Press, 1997 ; Environnment and
planning (a), Planning and design (b)
, special issue of performance of special plans in the Netherlands, vol 24 ; ALLMENDINGER P., TEWDER-JONES M., New labour, new planning ? The trajectory of planning in Blair’s Britain, Urban Studies, 2000, vol. 37, n°8, pp. 1379-1402.