Les travaux scientifiques portant sur la « fabrication » des villes nouvelles mettent essentiellement l’accent sur la complémentarité entre l’approche morphologique (complexe urbain en grappe, germe de ville, etc.) et l’approche politico-administrative de l’urbanisme (missions d’aménagement, établissements publics d’aménagement). Ils décrivent non seulement « l’utopie aménagiste » qui a présidé à la création des villes nouvelles mais aussi le processus volontariste de l’Etat et les difficultés à mettre en œuvre localement son acte d’aménagement. Dans cette perspective, la plupart des travaux de recherche insistent sur la particularité administrative des villes nouvelles qui participe d’un contexte global d’expérimentation et de redéfinition des buts et des moyens de l’Administration.
En mettant l’accent sur la complémentarité de ces deux approches, les recherches dont nous traitons ici nous permettent de saisir quel est le rôle des acteurs clés – ceux de l’administration centrale au premier chef – dans l’édification des villes nouvelles ainsi que leurs référents d’action urbanistique. En revanche, parmi les recherches qui s’intéressent à la question de la « fabrication » des villes nouvelles, nous n’abordons pas celles qui se sont évertuées à comparer les intentions d’aménagement et les réalisations effectives, et ce pour des raisons méthodologiques 223 .
L’exercice qui consiste à comparer les intentions d’aménagement et les réalisations effectives est facile mais illégitime, parce qu’il ne consiste qu’à donner une photographie d’un site à un moment précis de son histoire. C’est le cas notamment des travaux de CIBERT S., op. cit. ; FRERET P., op. cit. ; ALLAMAN M., MAROT F., SELLIER D., « L’Isle d’Abeau, 20 ans après », Diagonal, mai-juillet 1991, n°89-90, pp. 51-62.