3.2.2. Une approche du SDAU et du projet de territoire en terme d’interactions entre acteurs institutionnels (et sociaux)

Nous interprétons ici les phases de conception et de mise en œuvre du SDAU de la ville nouvelle et du projet de territoire Nord-Isère comme un enchaînement de décisions et d’activités résultant d’interactions structurées et répétées entre deux types d’acteurs 336  : les acteurs institutionnels (ou politico-administratifs) qui sont investis du pouvoir public, et les acteurs sociaux appartenant soit au système socio-économique, soit au système socio-culturel. Nous verrons que ces derniers participent de manière plus ou moins continue à l’élaboration et à la mise en œuvre du schéma directeur et du projet de territoire. La structuration même de cet espace d’interaction n’est d’ailleurs pas neutre ou sans effet sur le comportement des différents acteurs impliqués ainsi que sur leurs modalités d’action. Des problèmes de coordination horizontale (relations entre acteurs d’un même échelon de gouvernement) et verticale (relation entre des acteurs centraux, régionaux et locaux) peuvent notamment apparaître.

Notes
336.

Sous ce terme, nous comprenons aussi bien un individu (un député, un maire, un technicien, etc.), plusieurs individus (formant par exemple un service d’une administration), qu’une personne morale (une entreprise,
une association, etc.), ou un groupe social (des agriculteurs, des élus, etc.). Relevons toutefois qu’un groupe de plusieurs individus constitue un acteur unique pour autant qu’il affiche une homogénéité interne quant aux valeurs et aux intérêts qu’il défend et quant aux objectifs concrets qu’il poursuit. Par ailleurs, nous considérons tout individu, personne morale ou groupe social comme un acteur dès lors que, par sa simple existence,
il appartient au champ considéré comme pertinent pour l’analyse. Cette définition large de la notion d’acteur a notamment l’avantage de tenir compte du fait que les acteurs publics et sociaux n’interviennent pas tous de manière active et visible dans les phases de conception et de mise en œuvre du SDAU et du projet de territoire : si leurs comportements sont parfois tangibles, parfois ils ne sont identifiables qu’indirectement. Ceci dépend, entre autres, du processus de prise de conscience de leurs propres intérêts, de leurs capacités à mobiliser des ressources et à constituer une coalition pour défendre leurs droits ainsi que, finalement, de leur décision stratégique de passer à l’action ou de demeurer volontairement en dehors de l’arène décisionnelle (P. Knoepfel et alii, 2001). Rappelons enfin que nous reconnaissons l’intentionnalité de l’action individuelle. Autrement dit,
le comportement d’un acteur ne doit pas être réduit à une fonction, à un rôle ou à d’autres types d’assignation. Un acteur jouit toujours d’une marge d’appréciation et de manœuvre, plus ou moins grande selon les situations. De fait, les acteurs institutionnels et sociaux exploitent sciemment des « zones d’incertitude » (M. Crozier, 1965) inhérentes aux organisations politico-administratives, aux règles formelles et aux normes sociales, afin de promouvoir leurs propres valeurs, idées et intérêts. Ils disposent donc d’un espace de liberté, mais aussi de ressources, qui leur permettent d’élaborer des stratégies et des tactiques, soit d’adopter des « comportements référables à des fins » (J.-M. Berthelot, 1990).