L’information ou la « ressource cognitive »

La connaissance est l’un des fondements de la capacité d’intervention des acteurs, tant institutionnels que sociaux. Les phases de conception et de mise en œuvre du SDAU et du projet de territoire procèdent en effet d’un processus d’exploration et d’acquisition d’informations qui permet d’accumuler des connaissances et, ce faisant, de réduire l’incertitude, sachant que le périmètre des « informations » est très large : il concerne aussi bien les objectifs à atteindre, les ressources à mobiliser, l’environnement politique et réglementaire du projet, que l’arène des acteurs impliqués et les types d’interactions entre eux (J.-G. Padioleau, 1982) 356 .

La question de la ressource cognitive invite tout d’abord à orienter l’exploration vers la compréhension de la relation entre connaissances et action, le processus d’acquisition d’information et le processus de décision entretenant une relation dialectique. Cette question renvoie ensuite au rôle de l’expertise dans la décision publique. Généralement rare et inégalement répartie entre les acteurs, le savoir fournit une base essentielle à la décision, mais il est souvent cher à produire et à maintenir et, par-là, doit être considéré, lors de l’élaboration du SDAU et du projet de territoire, comme un bien rare. La production, la reproduction et la diffusion de cette ressource demandent en effet des efforts de mise en place et de gestion de systèmes d’informations sophistiqués qui exigent une qualification spécifique de la part des utilisateurs.

Cet état de fait est en opposition avec le postulat (partiellement ancré dans le droit des utilisateurs à l’information) que tous les acteurs institutionnels et sociaux devraient y avoir accès de manière égale. Comme le montrent des recherches sur les processus de mise en œuvre, un niveau de connaissance équivalent chez tous les acteurs est une condition sine qua non pour le bon fonctionnement d’une action publique (P. Knoepfel et alii 1998 ; C. Larrue, 2000). Enfin, nous verrons que le contrôle de la ressource cognitive constitue un enjeu essentiel pour l’ensemble des acteurs impliqués dans la conception et la mise en œuvre du SDAU et du projet de territoire. Il leur permet en effet soit de maintenir soit de revendiquer une place dans le système de décision.

Notes
356.

Voir également COURTOT H., La gestion des risques dans les projets, Paris, Economica, 1998, p. 57.