4.1.3.1. Les objectifs du Livre blanc pour la ville nouvelle

  • organiser l’utilisation du couloir Rhodanien en évitant sa saturation par la poussée à l’Est de l’agglomération lyonnaise ;
  • compléter l’armature urbaine de la région en renforçant les axes Lyon-Grenoble, Lyon-Chambéry-Annecy-Italie, et en facilitant ainsi une meilleure intégration de la région ;
  • animer et organiser le Bas-Dauphiné, région en développement mais satellisée et privée de centre urbain de taille suffisante ;
  • au niveau du développement de l’aire urbaine lyonnaise :
    • éviter l’engorgement des liaisons entre l’aéroport de Satolas et Lyon en faisant résider les actifs de l’aérodrome à l’Est de celui-ci ;
    • accueillir des activités industrielles ;
    • faciliter le développement à Lyon d’un centre métropolitain en évitant la création d’une zone urbaine diffuse faisant écran entre ce centre et la région desservie ;
    • préserver la possibilité d’une urbanisation périphérique basée sur le métro en offrant une « solution relais » en attendant que le réseau sorte de la zone construite ;
    • élargir la gamme de variété des logements offerts en permettant en particulier un développement de l’habitat individuel ;
  • utiliser un maximum la rente de situation créée par les infrastructures lourdes : autoroute A 43, voie ferrée Lyon-Grenoble / Lyon Chambéry, aéroport de Satolas ;
  • être une opération pilote d’urbanisme : site de qualité, varié, vaste, se prêtant au développement des loisirs, encore très peu occupé.

Nous remarquons ici que la MEAVN tend à extrapoler les objectifs présentés en filigrane dans le SDAM. Définis de façon très vague, ils tiennent plus de l’incantation et peuvent à ce titre faire l’objet de plusieurs interprétations parfois même divergentes. Cela permet à la MEAVN non seulement de préserver un « champ des possibles » très large pour mener les premières actions opérationnelles mais aussi de favoriser le consensus et de neutraliser les conflits.

En conséquence, la Mission d’étude propose « sans ouvrir un débat aux développements illimités, les buts suivants » 409  :

  • favoriser le développement d’un appareil de production, créant les richesses nécessaires ;
  • accroître la liberté de choix et par conséquent les mobilités résidentielles et professionnelles étroitement dépendantes ;
  • lutter contre la ségrégation sociale ;
  • organiser la vie sociale autour des centres urbains, accessibles à tous ;
  • faciliter et réduire les déplacements quotidiens ;
  • satisfaire les besoins de loisirs dont la croissance va être extrêmement rapide dans le futur et qui nécessiteront de très vastes surfaces facilement accessibles de l’habitat ;
  • diminuer les agressions dues à la ville (bruit, nuisances diverses…).

Par ailleurs, conformément à la circulaire du 4 décembre 1969 410 , le Livre blanc satisfait à l’exercice qui consiste à présenter « ne serait-ce qu’en esquisse, les diverses hypothèses et options d’aménagement qui seront soumises au choix des responsables ». Du fait des reliefs, de la nature des sols et des densités envisagées, quatre scénarii de développement ont été esquissés. Il est intéressant de noter que chaque hypothèse du Livre blanc n’excède pas 150 000 habitants alors qu’il « endosse » en introduction l’accueil de 500 000 habitants répartis entre L’Isle d’Abeau et Meximieux-Ambérieu. On constate en réalité que les propositions d’actions retenues 411 découlent moins d’une volonté de « maîtriser et d’organiser la croissance de l’agglomération lyonnaise » ou de construire « une opération pilote d’urbanisme », que de rentabiliser financièrement l’opération ville nouvelle 412 .

La conclusion du Livre blanc est d’ailleurs révélatrice : « Ville souhaitable au niveau de l’aménagement du territoire. Ville possible dans une économie de marché. L’Isle d’Abeau aspirera à être une Ville Nouvelle. Dans tout ce document, la qualité de l’urbanisme, le mode de vie qui en découlera, pourtant finalités premières d’une telle opération, n’ont pas été pris en compte. L’essentiel sera donc obtenu par surcroît » 413 . Dans ces conditions, le choix de tel ou tel projet n’engageait pas l’avenir de manière décisive.

Notes
409.

Propositions. L’Isle d’Abeau, Ville Nouvelle, p. 2.

410.

relative à l’application des articles 11 et 12 du code de l’urbanisme et de l’habitation, et du décret n°69-651 du 28 mai 1969 relatifs aux SDAU et aux schémas de secteur.

411.

Propositions. L’Isle d’Abeau, Ville Nouvelle, Chapitre 6, pp.41-44.

412.

Ibidem, p. 41. Pour la MEAVN, je cite, « Il n’a pas paru possible d’attendre la présentation des documents d’urbanisme pour les raisons suivantes :

les modalités de construction et d’exploitation de l’autoroute A 43 vont être arrêtées. Il faut qu’elles tiennent compte de la ville nouvelle ;

la cession partielle de l’aéroport de Bron a été envisagée. Or, c’est une opération contradictoire avec le lancement de L’Isle d’Abeau ;

la poussée industrielle est vive, les zones en cours sont presque pleines ; il faut de toute façon lancer une nouvelle opération de zone industrielle dans l’Est afin de pouvoir mettre un peu d’ordre dans
la poussée anarchique actuelle et répondre à une démarche non satisfaite ;

un promoteur est prêt à réaliser la première opération ;

les promoteurs d’opérations immobilières sont favorables au projet mais hésitent encore à s’engager faite de certitude ;

malgré la ZAD, le marché foncier se dégrade et quelle que soit la rigueur avec laquelle la loi sera appliquée, nous assisterons à une hausse inéluctable ».

413.

Propositions. L’Isle d’Abeau, Ville Nouvelle, p. 42.