4.2.1. Les objectifs du SDAU : le résultat d’une logique de substitution

L’adéquation entre le SDAU de la ville nouvelle, le Livre blanc et le schéma de l’OREAM a été respectée si on en juge d’après les objectifs retenus ( voir tableau page suivante ). Le SDAU constitue en effet la suite logique de ces schémas, en appliquant scrupuleusement leurs principes en matière d’organisation spatiale et de stratégie d’aménagement. D’une certaine manière, il est une synthèse de tous les travaux et analyses réalisés pour l’élaboration du SDAM et du Livre blanc.

Il respecte par ailleurs les documents officiels précisant la « doctrine » de la Direction de l’Aménagement Foncier et de l’Urbanisme (DAFU) sur l’établissement et la présentation des SDAU 420 . Il comprend tout d’abord un rapport de présentation explicitant notamment les objectifs fondamentaux en fonction de trois critères principaux : les perspectives de développement économique et démographique, l’équilibre entre le développement urbain et l’environnement rural (et dans le cas présent, l’intégration de l’urbanisation existante), et l’utilisation optimale des grands équipements existants ou prévus. Trois schémas décrivent ensuite la stratégie d’aménagement retenue : le premier, le schéma de l’état actuel, présente la situation existante ; le second, le schéma d’ensemble à long terme, projette l’image de « l’aire d’aménagement à l’horizon terminal choisi » 421  ; le troisième explicite la première phase de réalisation à l’horizon 1980-1985. Nous verrons notamment que l’imprécision de l’échelle cartographique (le 1/50 000) autorise quelques marges de manœuvre qui seront sciemment exploitées par les aménageurs. Enfin, des schémas annexes permettent de localiser les différents équipements primaires structurants : transport, eau, assainissement. L’ensemble de ces documents graphiques font apparaître : la destination générale des sols ; les zones d’extension des agglomérations ainsi que les secteurs de restructuration et de rénovation ; les principaux espaces libres ou boisés à maintenir ou à créer ; les principaux sites urbains ou naturels à protéger ; la localisation des principales activités et des équipements publics ou d’intérêt général les plus importants ; l’organisation générale de la circulation et des transports avec le tracé des principales infrastructures de voirie et, le cas échéant, de moyens de transport en site propre ; les éléments essentiels des réseaux d’eau et d’assainissement ainsi que du système d’élimination des déchets.

Tableau synoptique des objectifs du SDAM Lyon – Saint-Etienne - Grenoble, du Livre Blanc et du SDAU de la ville nouvelle
SDAM Livre Blanc SDAU
L’objectif général est de permettre l’épanouissement de l’homme. Pour cela il s’agit de :
favoriser le développement d’un appareil de production, créant les richesses nécessaires ;
accroître la liberté de choix et par conséquent les mobilités résidentielles et professionnelles étroitement dépendantes ;
lutter contre la ségrégation sociale ;
organiser la vie sociale autour des centres urbains, accessibles à tous ;
faciliter et réduire les déplacements quotidiens ;
satisfaire les besoins de loisirs dont la croissance va être extrêmement rapide dans le futur et qui nécessiteront de très vastes surfaces facilement accessibles de l’habitat ;
diminuer les agressions dues à la ville (bruit, nuisances diverses…).
L’objectif national est de créer une métropole Lyon – Saint-Etienne – Grenoble. Dans cette perspective, la ville nouvelle doit permettre de :
compléter les possibilités de desserrement de l’agglomération lyonnaise en offrant des structures d’accueil du développement résidentiel et industriel variées ;
organiser le couloir Rhône-Saône élargi pour en faire un grand axe européen ;
réanimer des régions rurales en perte de vitesse comme le Bas-Dauphiné, où un rééquilibre de l’emploi est nécessaire ;
Les principes d’aménagement de la ville nouvelle s’articulent autour de :
la création d’un véritable centre, i.e. une zone où se rassemblent à la fois des fonctions commerciales de niveau supérieur à celui du quartier, des activités de bureau, des activités culturelles et de loisirs, certaines activités d’enseignement supérieur et de loisirs ;
la diversité des quartiers d’habitation (formes urbaines et architecturales ; individuels/collectifs ; propriétaires/locataires ; social/privé) ;
l’équilibre des activités (activités industrielles et tertiaires) ;
Le Livre blanc assigne à la ville nouvelle de :
compléter l’armature urbaine de la région Rhône-Alpes en renforçant les axes Lyon-Grenoble, Lyon-Chambéry-Annecy-Italie, et en facilitant ainsi une meilleure intégration de la région ;
organiser l’utilisation du couloir Rhodanien en évitant sa saturation par la poussée à l’Est de l’agglomération lyonnaise ;
animer et organiser le Bas-Dauphiné, région en développement mais satellisée et privée de centre urbain de taille suffisante ;
utiliser au maximum la rente de situation créée par les infrastructures lourdes : autoroute A 43, voie ferrée Lyon-Grenoble / Lyon Chambéry, aéroport de Satolas ;
être une opération pilote d’urbanisme : site de qualité, varié, vaste, se prêtant au développement des loisirs ;
Au niveau du développement de l’aire urbaine lyonnaise, la ville nouvelle doit :
faciliter le développement à Lyon d’un centre métropolitain en évitant la création d’une zone urbaine diffuse faisant écran entre ce centre et la région desservie ;
éviter l’engorgement des liaisons entre l’aéroport de Satolas et Lyon en faisant résider les actifs de l’aérodrome à l’Est de celui-ci ;
accueillir des activités industrielles ;
préserver la possibilité d’une urbanisation périphérique basée sur le métro en offrant une « solution relais » en attendant que le réseau sorte de la zone construite ;
élargir la gamme de variété des logements offerts en permettant en particulier un développement de l’habitat individuel ;
Le SDAU décline trois objectifs majeurs :
« L’Isle d’Abeau, pôle de fixation de la croissance lyonnaise ». La ville nouvelle devra pour cela :
accueillir des activités secondaires (provenant du desserrement lyonnais ou de nouvelles implantations), et tertiaires ne nécessitant pas de réservations spécifiques au SDAU ;
offrir des espaces abondants, bien équipés, très accessibles par tous les moyens de communications ;
rechercher l’équilibre habitat/emplois ;
être une « ville verte », comportant un fort pourcentage de maisons individuelles ;
être une « ville à la campagne » ;
jouer un rôle spécifique au niveau des loisirs avec la création d’un grand lac et d’une base de loisirs.
« L’Isle d’Abeau, pôle structurant régional ». Il faudra pour cela :
implanter des activités variées, principalement du secteur tertiaire (stockage et commerce de gros en rapport ou non avec Satolas, Recherche en liaison avec les industries et universités), et équiper les zones d’activités des moyens de télécommunications et de traitement de l’information modernes
privilégier l’accessibilité par des accès routiers et ferrés rapides et soigner les liaisons avec Satolas ;
réaliser la « ville verte ».
En terme d’objectif démographique, accueillir jusqu’à 250.000 habitants.
« La ville nouvelle, pôle d’innovation »
Il faut pour cela :
dégager un profil de « ville verte » et rechercher à la fois un « nouveau contrat » entre la ville et la campagne et un nouvel équilibre écologique.
Les principes d’aménagement de la ville nouvelle s’articulent autour de :
densités faibles (logements en maisons individuelles ou en petits collectifs) ;
une structuration de la ville en petites unités ;
de points de « concentration urbaine » plus forte ;
une organisation générale et un système de télécommunications et télédistribution permettant de pallier l’éclatement du tissu urbain

Notes
420.

Il s’agit de la circulaire du 4 décembre 1969 et du 11 mai 1971, et des instructions sur la présentation du dossier de janvier 1971.

421.

Circulaire du 4 décembre 1969.