3. « La ville nouvelle, pôle d’innovation »

Cette innovation se traduit plus particulièrement dans deux domaines : la ville nouvelle doit être une opération pilote en matière d’aménagement et d’urbanisme ; elle doit ensuite utiliser massivement et systématiquement différentes techniques comme l’informatique et la télédistribution. La ville nouvelle a tout d’abord pour objectif d’organiser la croissance de la zone selon une « structure discontinue polynucléaire » qui doit permettre de conserver les avantages de la concentration (marché de l’emploi, niveau des services) ainsi que la proximité du milieu naturel et des facilités de liaison en sélectionnant les déplacements. C’est ainsi que SDAU propose de rechercher un « nouveau contrat entre la ville et la campagne » 428 . Pour cela, la structure urbaine retenue comporte trois niveaux caractérisés par leurs centres (voir carte n°7 et schéma n°5 page suivante) :

Carte n°7 : La ville nouvelle : une structure urbaine hiérarchisée
Carte n°7 : La ville nouvelle : une structure urbaine hiérarchisée

Source : SDAU de L’Isle d’Abeau, 1978

Schéma n°5 : Le principe des niveaux de centralité
Schéma n°5 : Le principe des niveaux de centralité

Source : SDAU de L’Isle d’Abeau, 1978

On atteint dans ce deuxième niveau 70 à 85 000 habitants. Tous sont desservis par un centre secondaire où l’on trouve le lycée et les équipements qui n’apparaissent pas au premier niveau, mais ne justifient pas le recours au centre principal (3ème niveau). Le centre de Saint-Bonnet sur Villefontaine cumule les fonctions de centre secondaire pour tous les habitants du plateau Sud et de centre de proximité pour les logements avoisinants. Le centre secondaire du plateau Sud n’est pas précisé. L’agglomération de Bourgoin-Jallieu qui rassemble à terme 50 000 habitants (avec les extensions des quartiers de Champfleuri et de Montbernier) constitue une autre unité urbaine de deuxième niveau desservie par le centre ancien restructuré dans le cadre de la ZAC de Saint-Michel.

Dans ce schéma, le réseau de transport privilégie le transport en commun. Sur les plateaux Nord et Sud, les quartiers sont pris en « brochette » par une ligne magistrale qui les relie directement au centre (principal et secondaires), à la future gare SNCF et aux zones industrielles ; les inconvénients de l’éclatement sont donc compensés par l’efficacité de cette liaison. Enfin, la structure urbaine retenue implique de mettre en place un système de communication permettant « à l’ensemble d’être perçu et de fonctionner comme un tout (la Ville) » 429 . Parmi les techniques, l’utilisation des télécommunications et de la télédistribution doit également compenser l’éclatement du tissu urbain.

Le parti d’aménagement « éclaté » est alors présenté non comme une sélection entre les quatre partis du Livre blanc qui concernent chacun un projet de ville de l’ordre de 150 000 habitants, mais comme une enveloppe générale constituant en quelque sorte la synthèse des différents propositions, dont la capacité maximum serait de 250 000 habitants.

Cette conception répond surtout aux instructions ministérielles sur l’élaboration des SDAU, devant présenter une image maximale dans laquelle plusieurs villes différentes sont possibles en fonction de la conjoncture. Le SDAU insiste par ailleurs sur les dispositions volontaristes à adopter en matière de programmation des équipements de transports, de contrôle des affectations foncières, d’espaces verts. Sur ce point, une annexe du SDAU présente un « SDAU vert » (voir carte n°8, page suivante). En dépit de son intitulé, ce document n’a pas de portée juridique ; toutefois, son élaboration même démontre l’importance accordée aux « espaces non urbanisés (dits ouverts) » 430 . Ces zones naturelles relèvent de trois constitutions différentes : les parcs publics et zones paysagées, les bois, et les secteurs agricoles.

Il faut aussi signaler que le SDAU de la ville nouvelle n’est qu’un des éléments du dispositif de contrôle de la planification de la région urbaine de Lyon 431 et que sa logique ne se comprend que par rapport aux options prises dans les SDAU périphériques, et en particulier ceux de Lyon et du Haut-Rhône. Ce dispositif a pu poser quelques problèmes d’harmonisation et suppose une parfaite cohérence des démarches concernant chacun d’entre eux. Il s’explique pour partie par le souci de ne pas avoir une seule circonscription de planification trop importante sur la région urbaine de Lyon.

Le SDAU de la ville nouvelle comprend trente trois communes. On peut relever que les limites englobent le périmètre de la ZAD « ville nouvelle » et le groupement d’urbanisme de Bourgoin-Jallieu. Il prend également en compte les communes situées entre le secteur de la ville nouvelle, le SDAU de Lyon et l’aéroport de Satolas. De la même façon, la limite a été déplacée au Nord-Ouest, de façon à venir border le groupement d’urbanisme de Meyzieu – Pont-de-Chéruy et couvrir ainsi toute la vallée et les hauteurs qui la dominent. Ce découpage, qui reflète les options du SDAU, implique que l’organisation de la ville nouvelle soit conçue à l’intérieur d’un cadre relativement dissymétrique (notamment entre l’Est organisé autour du pôle urbain de Bourgoin-Jallieu et ses 20 000 habitants en 1970 et l’Ouest plus rural, autour de La Verpillière - 2 500 habitants - et Saint-Quentin-Fallavier - 2 000 habitants -).

Carte n°8 : « Le SDAU vert » : un plan pour les espaces non-urbanisés, garant de la « ville verte » et de la « ville à la campagne »
Carte n°8 : « Le SDAU vert » : un plan pour les espaces non-urbanisés, garant de la « ville verte » et de la « ville à la campagne »

Source : SDAU de L’Isle d’Abeau, 1978

Notes
428.

Ibidem, p. 23.

429.

L’Isle d’Abeau, Ville Nouvelle. Schéma Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme, op. cit., p. 24.

430.

L’Isle d’Abeau, Ville Nouvelle. Schéma Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme, op. cit., Annexe 7, p. 62.

431.

Ibidem, p. 78 (conclusion de la troisième partie).