Des négociations qui font ressortir des divergences entre l’Etat et les collectivités locales mais aussi entre les collectivités locales elles-mêmes

Pour le GCVN, cette négociation « contrainte » a pour but de minimiser les conflits et de limiter les blocages existants. Il recherche par ce moyen à (re-)créer un consensus local à l’égard de son action. Mais les risques de conflits sont aussi des risques de conflits entre communes.

Lors de la création du SCANIDA en 1972, la représentation des communes repose essentiellement sur le critère de la population plutôt que sur l’intérêt direct des communes à la réalisation de l’agglomération nouvelle. Ce procédé aboutit à ce que certaines communes non intégrées en totalité dans le périmètre d’urbanisation de la ville nouvelle disposent d’un pouvoir prédominant par rapport aux autres 542 . Cette situation est favorable au lancement des premières opérations dans la mesure où la ville principale (Bourgoin-Jallieu) appuie le projet. Mais ce mode de fonctionnement du SCANIDA et de représentation interne provoque une première scission entre les communes déjà constituées comme Bourgoin-Jallieu et La Verpillière, et les communes urbaines naissantes (Villefontaine), destinées par leur croissance à imposer leur hégémonie sur le comité syndical.

Lors des premières années de fonctionnement du SCANIDA, deux autres clivages apparaissent. Entre 1973 et 1976, on distingue un clivage entre :

Les élections municipales de mars 1977 confirment ce clivage et renforcent le mécontentement et la méfiance à l’égard de la logique supracommunale : un mouvement d’opposition à la ville nouvelle réapparaît à l’initiative des communes de Four, Roche, Saint-Alban-de-Roche et Vaulx-Milieu (celles-là mêmes qui ont déjà déposé un recours contre la DUP du deuxième quartier d’habitation de la ville nouvelle). Mais au clivage communes rurales-communes urbaines, s’est ajouté un clivage politique.

Le comité du SCANIDA comprend en effet une majorité d’élus de gauche et au sein de celle-ci une majorité d’élus du parti socialiste ou de sympathisants socialistes. En règle générale, ces derniers veulent poursuivre l’urbanisation de la ville nouvelle sous certaines réserves 543 , alors que les élus communistes, dirigés par les maires de Roche et de Saint-Quentin-Fallavier, veulent limiter son développement aux opérations déjà lancées, c’est-à-dire à Villefontaine. Quant aux élus sans étiquette politique, ce qui correspond en général aux élus des communes rurales, ils restent très réservés, pour ne pas dire opposés au développement de la ville nouvelle.

Notes
542.

Par exemple, Bourgoin-Jallieu, commune partiellement intégrée dans le périmètre d’urbanisation de la ville nouvelle, possédait dix sièges au comité syndical du SCANIDA contre deux pour L’Isle d’Abeau et trois pour Villefontaine, deux communes entièrement intégrées.

543.

Les élus socialistes se séparent notamment sur le lancement du centre-ville à L’Isle d’Abeau, à cause de la concurrence avec Bourgoin-Jallieu.