1.4 Le discours n’est plus un objet

Si les deux traditions philosophiques à l’origine de l’analyse de discours que nous avons signalées ci-dessus plaçaient« l’objet-discours » au centre de leur réflexion, il n’est plus possible, en revanche, de parler d’un « objet-discours » dans l’analyse du lien social. Comme nous l’avons rappelé au début de cette partie, tout travail d’analyse discursive repose sur un objet fictif : la constitution d’un corpus est abordée comme le signifiant d’un référant sur lequel porte l’analyse (le discours politique d’un candidat, le discours médiatique sur un thème, le discours européen dans notre cas...). Le corpus peut, certes, être exhaustif, mais il ne peut jamais être considéré comme un discours, il en est la représentation sur laquelle nous réalisons notre analyse.

Le discours ne saurait donc pas entrer dans un rapport de synonymie avec le corpus : celui-ci est composé de langages et de langues différents, il comprend une période historique concrète, il est considéré comme un objet d’analyse et fait état de plusieurs sujets du discours.Les implications disciplinaires qui en découlent instituent la démarche de constitution d’un corpus comme une première étape dans la mise en œuvre d’une interdiscipline focalisée. C’est enfin dans l’analyse, que les différentes manières d’appréhender le langage nous permettront de délimiter l’existence, ou pas, d’un discours européen.