3.2.2.1 La mise en page comme processus de référence

Chaque journal possède sa propre mise en page dans laquelle sont insérées les informations concernant l’Europe. En partant du principe que tout classement et toute disposition n’ont de sens que par rapport à d’autres classements et d’autres dispositions ainsi que par rapport aux contenus qu’ils englobent, la mise en page sera analysée en rapport avec les informations contenues. Cette analyse de la mise en page tient compte également de la distinction entre la Une et l’intérieur du journal.

Dès lors que le contrat de communication commence par la confrontation du lecteur à la Une du journal, celle-ci en est la première marque d’identité. Elle est composée de plusieurs éléments : le nom du journal, la typographie, l’usage d’illustrations et la distribution des informations. Ces éléments s’articulent entre eux et produisent l’identité visuelle du journal. En outre, cette identité visuelle se trouve couplée à une densité discursive qui, elle, est observable grâce à la présence des rubriques dans la Une, au contenu sémantique des titres et au contenu sémantique des informations, ce qui établit une gradation depuis la surface de l’image jusqu’à la profondeur discursive 298 .

L’étude des noms-de-journal nous a permis de leur attribuer une place énonciative au sein de l’espace public. La mise en page est ce qui nous permet de délimiter l’énoncé désignant chacune de ces instances d’énonciation. La mise en page comporte ainsi deux dimensions : l’espace et le discours. La première se fonde sur l’unité de base du journal, la colonne. La deuxième se fonde dans le dispositif sur les rapports entre le contenu sémantique des articles journalistiques et l’espace dans lequel ils s’insèrent : la présence ou l’absence d’articles d’opinion à la Une du journal, la présence ou l’absence ainsi que la taille des illustrations et enfin la présence ou l’absence de rubriquage. C’est à partir de ces rapports entre espace et contenu que nous allons tâcher d’élucider les caractéristiques du processus de référence reliant l’identité discursive de chacun des journaux et le référent Europe.

Notes
298.

Cette gradation ne désigne pas une hiérarchie quelconque. Elle fait état de ce processus d’emboîtement sémantique dont se dote le dispositif journalistique à partir des sections, rubriques, tires, paragraphes leeds, graphisme, images...