2.3.3. El Mundo : L’Europe comme lieu d’information

Les informations faisant référence de manière directe à l’Union Européenne reproduisent le même schéma dans El Mundo que dans le journal El PAIS, où l’on observait moins de représentations des « manifestations verbales ». Ainsi, ce sont les « tendances, dispositions et propensions » et les « gestes ponctuels qui prédominent ». À la différence de l’autre journal espagnol, la représentation de « comportements continus » n’apparaît qu’une seule fois.

  occurrences Pourcentages
Faits mentaux non intentionnels: 1 5,9
Gestes ponctuels: 6 35,3
Comportements continus: 1 5,9
Tendances, dispositions et propensions: 6 35,3
Manifestations verbales: 3 17,6
Total 17 100,0

En tant que lieu d’information, l’Europe est représentée par des identités politiques (L’Olivier par exemple), par des États-Nation (comme le Royaume-Uni ou la France) par des Institutions européennes comme (l’UE), par les membres de ces institutions (les bureaucrates) et par des sujets politiques (« La France » qui désigne les français pouvant voter, ou « M. Howard » qui désigne les britanniques qui votent pour son parti europhobe).

El Mundo    
Règles régulatrives Forme discursive Groupes désignés
Vie publique    
Règles du débat public La brièveté et la clarté Les bureaucrates européens
Disqualifications Autriche
Règles de l’action politique Sanctionner Raffarin France
  Sanctionner Blair Royaume Uni
  Motivations difficiles à saisir en République Tchèque République Tchèque
  Ne pas être gouverné par des espagnols M. Howard (Royaume Uni, Espagne)
Ne pas perdre de l'influence en Europe Chirac (France, Europe)
Règles électorales Sanction aux Pays Bas pour avoir publié les résultats UE, Pays Bas
Polémique sur la campagne de Prodi L’Olivier
Règles constitutives  
Principe de la non-domination    
  Le cas de Chypre Chypre, Europe
  Être capable de défendre son territoire UE

La distribution discursive des règles et des groupes représentés est donc la suivante :

Les identités politiques sont représentées comme agissant sur l’État-Nation (au moyen de la sanction).

Les États-Nation sont représentés comme agissant sur les autres États Nations (au moyen, par exemple, de leur influence en Europe).

Les institutions européennes sont représentées comme agissant sur les États-Nations (au moyen, par exemple, de la sanction aux Pays Bas).

Les institutions européennes sont aussi représentées comme agissant sur elles-mêmes (au moyen, par exemple, de la brièveté demandée aux bureaucrates européens).

Ces règles régulatives ne semblent donc pas faire état d’une relation politique entre l’Europe et les sujets politiques. D’autant plus que la relation entre l’institution européenne et les bureaucrates que la composent est représentée sous forme circulaire qui exclue, de fait, toute autre forme de participation politique. La présence d’une règle constitutive concernant la défense européenne, fait par ailleurs penser à une conception différente de celle que l’on observe dans le journal El PAIS.

Il s’agit encore une fois d’une règle qui est représentée comme agissant sur l’Institution « Union Européenne » elle-même. Nous aurions donc une troisième forme d’européisme, celui-ci étant incarné par une conception de l’Europe comme un lieu d’information. Il s’agit d’une conception qui n’est pas a priori incompatible avec les deux autres incarnées dans Le Monde et dans El PAIS.

Dans un Espace Public idéal, El Mundo incarnerait le discours de ceux qui seraient attentifs à rendre les actions de l’UE visibles, El PAIS celui de ceux qui s’efforceraient de faire fonctionner l’institution et Le Monde celui de ceux qui souhaiteraient leur donner un caractère normatif. Bien que cet espace public soit idéal, nous avons du moins montré que ces différentes identités politiques existent et qu’elles reposent, en dernière instance, sur les lecteurs de ces trois quotidiens. Le mode d’articulation entre elles ne relève plus de l’analyste, mais de l’homme politique.